Vers un statut civil de la gendarmerie française : les réactions

Réaction de Monsieur Olivier DASSAULT, député de l’Oise, Membre de la Commission des Finances

Monsieur le Président,

Votre courrier en date du 5 mai ainsi que vos réflexions sur l’avenir de la gendarmerie me sont bien parvenus et j’y ai prêté grande attention.

L’analyse méticuleuse de Monsieur de Brienne présente clairement les problèmes liés à la dualité de nos forces de l’ordre et plus précisément les désavantages du statut actuel des gendarmes.

Il est dès lors bien évident qu’une réforme s’impose. Le gendarme n’est plus « taillable et corvéable » à merci comme par un passé pas si lointain. Dans notre société où les RTT et le temps libre sont devenus omniprésents tant dans les discours que dans les esprits, les gendarmes ne veulent pas être oubliés du système…On ne peut que le comprendre même si – et c’est un autre débat – la valeur travail ne peut éternellement être stigmatisée.

Je vous remercie donc de l’envoi de ce courrier passionnant qui ne manquera pas de constituer une de mes bases de réflexion au cas où le parlementaire que je suis soit appelé à s’exprimer à l’Assemblée sur cette question.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de mes sentiments les meilleurs.

Bien cordialement.

Olivier DASSAULT

Permanence.dassault@wanadoo.fr

Réaction de Monsieur Charles COVA député se Seine-et-Marne, membre de la Commission de la Défense Nationale

Monsieur,

Vous avez récemment souhaité m’adresser une libre réflexion d’un officier membre de votre association et intitulée « vers un statut civil de la gendarmerie ».

Vous m’avez également fait part de votre souhait de recueillir mon sentiment sur l’article précité.

Attentif à celui-ci, je tenais cependant à vous indiquer que je ne veux apporter aucun commentaire.

Je vous prie de croire, Monsieur, en l’assurance de mes sentiments les meilleurs.

Charles COVA

Réaction de Monsieur Edouard COURTIAL, député de l’Oise, Maire d’Agnetz

Monsieur le Président,

J’ai bien reçu votre envoi concernant la réflexion de l’un de vos membres, Monsieur Dominique de Brienne – officier -, « vers un statut civil de la gendarmerie française ».

Ses idées alimenteront ma réflexion sur la nécessité du maintien de la gendarmerie au sein des forces armées.

Je ne manquerai pas de me référer à ce texte lorsque j’aborderai ce sujet avec mes collègues.

Veuillez croire, Monsieur le Président, en l’expression de mes sentiments dévoués.

Bien à vous.

Edouard COURTIAL

Réaction du lieutenant-colonel Georges MAZELLA di CIARAMMA retraité de la gendarmerie

Je suis retraité de la Gendarmerie depuis 4 ans. Entré gendarme en 1965, j’ai terminé lieutenant-colonel en 2000.
Oui, j’étais militaire et espère que mon Institution le restera.
J’adore, toujours, quant d’aucuns écrivent citant "les gendarmes", l’Armée" ; "les femmes de gendarmes" etc ; comme s’ils avaient écouté tout le monde.
Plus humblement, je n’écris ce que je pense.

Oui, j’ai été militaire, heureux et fier de l’être. Pas par nostalgie. Par vocation.

La citation présentée volontairement par l’officier Pierre de Brienne m’amuse tant elle est tirée de son contexte.

Je ne pense pas qu’à aucun moment, l’Empereur (pardonnez-moi, je mets toujours des majuscules aux titres des chefs d’Etats), ait pensé transformer la "force militaire donc obéissante à l’autorité civile" de la Gendarmerie en "force civile". Au contraire, l’Histoire le démontre, il s’y est toujours opposé en refusant à Fouché, le transfert des quelques milliers de gendarmes.
Passons, le problème n’est pas là.

Voici quelques années, j’écrivais que le danger guettait, que ceux qui voulaient rayer la Gendarmerie de la carte ne désarmaient pas (comme Mirabeau pour raisons personnelles ; comme le préfet Dupas qui voulait aussi la faire passer sous son contrôle sous Napoléon III ? Comme en… ) vieille antienne…!

Et pourtant, je ne crois pas que ce soit un problème de statut mais un problème de mode de vie… Je demande pardon aux lecteurs mais je vais parler à la première personne : je crois connaître un peu ce corps pour y avoir baigné comme écrit ci-dessus.
Souvent j’ai entendu râler, mais toujours tout le monde était là quand il fallait protéger, aider, secourir. Cela c’est l’important. Cela seul est important. (Oui, là il est dommage qu’après la reconnaissance soit souvent ladre. Là, il y a aurait quelque chose de concret à faire. L’instauration des primes de mérite est un joli pas dans cette voie. Pourvu qu’il ne se perde pas en route).

Je me souviens avoir répondu à un général en 1990 qui me disait "Mais la population, elle n’en a rien à faire de SES gendarmes, ce qu’elle veut, ce sont DES gendarmes". Ma réponse : "Mon général, si un prince du régime comme vous croit cela, alors nous sommes foutus."
Car toute l’étude sociologique le prouve, le gendarme est intimement lié à "sa" population et, elle le lui rend bien.
Si la vie du gendarme en France est souvent présentée biaisée selon les besoins de la propagande de tel ou tel syndicat ou autre, aucune propagande n’a encore accès aux OPEX, sinon en les "oubliant"
Qui se souvient hier de notre action en Bosnie(je n’y étais pas et peux donc en parler librement), où, avant notre arrivée les populations étaient en chien de faïence où ceux que nous avons remplacés ne circulaient qu’avec le gilet pare balles ; alors que nous avons appliqué la doctrine du colonel Vicaire : on ne peut ramener l’ordre en gilet pare balle. Demain je serai en tenue normale France. Je ne peux vous en donner l’ordre. Ceux qui le souhaitent m’imiteront… et le lendemain tous les gendarmes partaient en mission dans la même tenue qu’en France. Imaginez ce qu’ont du ressentir les premiers patrouilleurs dans les marchés… ou ailleurs. Imaginez le bonheur quand des représentants des deux populations se rejoignaient dans le local Gendarmerie. Ce n’est pas une image d’Epinal, c’est la réalité au milieu des exactions, des charniers. Revoyez vos émissions de l’époque. Il est dommage que le responsable "Comm" de la Gendarmerie ne diffuse pas cette merveilleuse cassette. Elle couperait l’herbe à beaucoup de nos détracteurs.
Pour un autre exemple, nos qualités de MO, notre "French action" à Haïti reconnues même par nos camarades américains… J’en passe et ne voudrais pas abuser du temps des lecteurs et lectrices.

A quoi doit -on ce genre de service ; cette force à visage et action humaines ?
Pourquoi les Gendarmes sont-ils seuls à agir comme cela et à recevoir des louanges toujours discrètement occultées ?
Croit-on que c’est à cause du matériel, de l’uniforme – sur qui, il faut le reconnaître, tout a été fait depuis plus de quinze ans pour qu’il se "noie" dans la masse : attributs des uns donnés aux autres, titres passés de l’un à l’autre, dans le fond, pourquoi pas ; non seul compte un point fort : l’esprit qui anime celles et ceux qui font l’institution ; celles et ceux qui entendent servir le Pays selon leur idéal de vie, non coincés entre une "télé réalité" ou toute autre réalité autre que la vraie. Je renvoie pour celles et ceux qui ne connaissent pas la littérature "gendarmique" au merveilleux texte du Gendarme écrit par Ambert… général de Cavalerie…
Je ne dis pas qu’il n’y a pas de problème à résoudre mais à l’heure où le coefficient de pauvreté ne cesse de s’étendre, où les risques de pandémie augmentent, je pense que l’on pourrait présenter le problème autrement.
Un mot pour terminer : à l’heure où le terrorisme s’étale de plus en plus, il me paraît pour le moins étonnant que l’on parle de supprimer une force (ou de changer et son état d’esprit et donc, sa manière de servir) qui, jusqu’à ce jour, a joué plus qu’honorablement son rôle de bouclier et serviteur des citoyennes et citoyens comme des institutions et des valeurs qui font le rayonnement de notre Pays.
Non, vraiment, je ne me sens ni supérieur, ni inférieur à celles et ceux qui ont choisi une autre voie…(je les respecte), juste autre avec les valeurs dans lesquelles se fond ma "certaine idée de la France".

Avec mes amicales pensées à celles et ceux qui voudront bien me lire et m’aider à garder à la France une de ses plus belles exceptions de service, de droiture et d’humanisme.

Georges MAZELLA di CIARAMMA , Militaire en retraite de la Gendarmerie

La réaction d’un sous-officier de gendarmerie à l’article de de Brienne « vers un statut civil de la gendarmerie »

Les discussions vont bon train au sein des militaires, qu’ils soient ou non gendarmes, sur l’avenir "civil" de la Gendarmerie. Mais la plupart ont lieu sur le point de vue matériel.

Parmi les militaires, il y a ceux qui sont pour et ceux qui sont contre. Parmi les gendarmes également…
Ma réponse peut paraître sèche vis-à-vis de certains camarades gendarmes qui attendent de remplacer le Képi par la Casquette par envie ou par lassitude…
Tous, sous-officiers, gradés et officiers, avons choisi la Gendarmerie en sachant les sacrifices que nous aurions à faire tant sur le plan familial que le plan professionnel.
Nous faisons des "heures", on nous Impose un logement, nous sommes très souvent d’astreinte (les heures d’astreinte ne sont pas prises en compte dans les chiffres horaires publiés)… Et alors! Nous le savions!
Ceux qui attendent la casquette, pour une vie professionnelle tout aussi enrichissante mais moins contraignante tant sur le plan horaire que sur le plan familial, et bien franchissez le pas, quittez la Gendarmerie pour entrer en Police Nationale ou faire un autre métier moins contraignant…

Comme tous mes collègues, il y a des jours, des périodes où je souffle plus que d’autres… La famille en souffre et nous le fait sentir… Pourtant j’aime mon métier de Gendarme, je l’ai choisi en connaissance de cause! Ma famille m’épaule même si des fois, elle souffre de ma disponibilité au travail et mes indisponibilités envers elle…
Je suis profondément attaché au statut militaire de la Gendarmerie.

Parmi la Gendarmerie nous sommes nombreux à tenir à cette appartenance au Corps Militaire et pas forcément pour des raisons matérielles (solde, logement) mais par CONVICTION.

Les militaires des armées de Terre, de l’Air et la Marine, même s’ils pestent souvent contre les gendarmes, comme la population, en détachement outre-mer, en OPEX, je ne pense pas qu’ils souhaiteraient voir dans les
bureaux de la prévôté nos homologues de la Police Nationale…

Si ce statut devait changer, l’Etat devrait alors proposer une alternative "à la vie civile" aux gendarmes qui le souhaitent.

Souhaitons que ce changement n’intervienne jamais.

N.M.

Réaction de Monsieur Bruno BOURG-BROC député de la Marne, Maire de Châlons-en-Champagne

Monsieur le Président,

Vous m’avez récemment fait parvenir une note reflétant la réflexion d’un membre de l’Association de défense des droits des militaires, que vous présidez intitulée « vers un statut civil de la gendarmerie ».

Je tenais à vous en remercier. J’en ai fait une lecture attentive et celle-ci m’a vivement intéressé. Pour autant, je ne suis pas convaincu qu’une évolution de la gendarmerie passe forcément par la démilitarisation de son statut.

Restant à votre disposition, je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de mes sentiments distingués et les meilleurs.

Bruno BOURG-BROC

Réaction du chef de cabinet du Ministre d’Etat, Ministre de l’Economie, des Finances et de l’Industrie

Monsieur le Président,

Vous avez eu l’amabilité d’adresser à M. Nicolas Sarkozy, Ministre d’Etat, Ministre de l’Economie des Finances et de l’Industrie, une note établie par M. Dominique de Brienne : « Vers un statut civil de la Gendarmerie française ».

Ainsi qie vous le savez, le statut de la gendarmerie n’est plus dans les attributions du Ministre d’Etat. Toutefois, la pertinence des réflexions émises par M.de Brienne a retenu toute son attention ; il m’a chargé de vous en remercier vivement.

Je vous prie de croire, Monsieur le Président, à l’assurance de ma considération distinguée.

Laurent SOLLY

Réaction du Docteur Philippe VITEL, Député du Var, Vice-Président du Conseil général, membre de la Commission de la Défense Nationale et des Forces Armées.

Monsieur le Président,

C’est avec grand plaisir que j’ai reçu intitulé : « vers un statut civil de la gendarmerie française ».

Soyez assuré que ce document a retenu toute mon attention et je vous remercie vivement pour cette délicate attention.

Je vous prie de croire, Monsieur, à l’assurance de mes sentiments les meilleurs.

Philippe VITEL

Réaction de Monsieur François HOLLANDE, Député-maire de Tulle

Monsieur le Président,

J’ai bien reçu votre correspondance du 5 mai 2004 me faisant part de vos préoccupations relatives à la situation de la gendarmerie nationale et me transmettant le texte de l’officier Dominique de BRIENNE : « Vers un statut civil de la gendarmerie française ».

Je vous en remercie.

Je tenais à vous assurer que j’en ai pris connaissance avec attention et que j’ai pris bonne note de cette analyse et des orientations souhaitées concernant ce statut.

Je vous prie de croire, Monsieur le Président, à l’assurance de mes sentiments les meilleurs.

Bien à vous.
François HOLLANDE

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