Sommes-nous dans un état de droit ?

« …L’ignorance, l’oubli ou le mépris des droits de l’homme sont les causes des malheurs publics et de la corruption des gouvernements… » (Préambule de la DDHC du 26 août 1789)

Le gouvernement et la hiérarchie veillent-ils vraiment aux intérêts des subordonnés ? Les soldats, serviteurs de l’Etat, sont-ils aussi bien traités que les citoyens qu’ils protègent ? C’est assurément la question que pourrait se poser un observateur averti. En effet, la création de la commission des recours, l’attribution de la Médaille Militaire, la note discriminatoire du Préfet Marland sur notre association, et l’inexistante concertation qui présida à la préparation des nouveaux statuts et de la future loi sur les retraites, sont exemplaires.

L’augmentation exponentielle des requêtes devant la commission des recours et les juridictions administratives traduit un malaise provoqué par une même aggravation du sentiment d’injustice. Elle eut dû être suivie de la mise en place de mesures visant à dissuader les coupables de poursuivre leurs méfaits, simple conclusion responsable. D’aucuns auraient imaginé une commission de juges indépendants, associée à des avocats et des conseils juridiques gratuits, répartis jusqu’à l’échelon régional, afin d’assurer une justice équitable.

Le résultat est lumineux, avec la mise en place d’une « usine à gaz », une commission des recours, contrainte par la haute hiérarchie et composée pour partie essentielle d’officiers généraux, Son objet implicite reste de filtrer, d’éliminer ou de retarder les actions contentieuses devant les juridictions administratives et donc de faire taire les victimes sans pour autant dissuader les coupables, qui en ressortent encouragés. Les dysfonctionnements se poursuivent, il fallait s’y attendre ! Quant aux décisions des juridictions administratives, prises au nom du peuple français, elles ne sont bien souvent suivies d’aucun effet ! A quoi peuvent bien servir les juges dans ces conditions ? Certains de nos chefs sont-ils réellement au dessus des lois ? Vous avez dit justice ?

Nous détachons de brillants juristes auprès de nos anciennes colonies afin qu’ils en refondent et améliorent le fonctionnement judiciaire. Pourquoi ne pas commencer par la rue Saint-Dominique et dispenser quelques sérieuses notions de droit à nos futurs cadres ?

La République a fêté avec faste en 2002 le 150° anniversaire de la Médaille Militaire créée en 1852 par le Prince Président de la 2° République. Cette décoration avait-elle d’autre objectif que celui d’éliminer les modestes de la Légion d’Honneur, en violant l’esprit de BONAPARTE (lire l’article sur le site en [cliquant ici]).

L’ADEFDROMIL demande que justice soit enfin rendue pour le respect de ceux qui ont été privés de la Légion d’Honneur depuis 150 ans. Il suffit ! Demandons la remise à plat des récompenses ! Sous l’ancien régime, la croix de Saint-Louis créée par LOUIS XIV, ne comportait pas de discriminations à l’égard des « bas-officiers » et des soldats !…

Combien de centaines de milliers de serviteurs se dépensant sans compter et sans objectif matériel, furent, sont et seront bernés par ceux là même qui ont pour attribution  de veiller à leurs intérêts ? Vous avez dit forfaiture, égoïsme et suffisance ? Sait-on que le quota de légion d’honneur n’a pas diminué, alors que les effectifs chutaient de 60% ? Sait-on que, dans le même temps, le nombre d’officiers généraux s’atténuait de… 16% ? Vous répétez justice ?

La note ridicule et discriminatoire du Préfet Marland contre l’ADEFDROMIL – en dehors de sa totale irrégularité – ne fait qu’agresser la seule association de militaires dont le président n’est pas un officier général, ou subventionnée peu ou prou par le ministère. Nous l’avons dit et répété, l’ADEFDROMIL est née du nombre croissant des iniquités, et de l’incapacité structurelle du commandement à rétablir chacun dans ses droits, comme dans ses devoirs.

N’en déplaise au cabinet du ministre il en faut plus pour en faire un syndicat, et tous les militaires de France peuvent déjà (mais pourrons encore plus demain) y adhérer, la soutenir, ou la garder en sympathie. Seuls les membres élus du Conseil d’Administration ont l’obligation de déclarer les fonctions de responsabilités qu’ils assurent. Pour les autres adhérents, ou sympathisants, les menaces du commandement, publiées dans tous les supports médiatiques institutionnels ne valent pas tripette. Vous pouvez nous rejoindre et nous (entre)aider en toute quiétude. Vous persévérez ?

Les semaines que nous venons de passer à attendre les décisions qui engagent notre avenir prouvent que tout est préparé dans l’ombre pour les retraites comme pour les nouveaux statuts. Mais ne l’avions nous pas prédit ? La concertation est un leurre, et il serait peut-être temps de redéfinir une représentation aux différentes commissions et conseils, plus conforme aux lois, aux droits individuels et collectifs, et moins conforme aux us et coutumes infantilisantes d’un autre âge. Il est tellement plus facile de s’attaquer à des personnes sans défense, et de fustiger publiquement leurs « avantages » quand on ne risque rien.

Nous aurions pu aussi parler de la lente agonie de notre outil de défense au cours de ces  cinq dernières années… avec le grand silence complice d’une hiérarchie totalement indifférente. Combien de ces meneurs d’hommes charismatiques ont démissionnés ou évoqué le prix humain payé chèrement lors de la mise en oeuvre de matériels obsolètes, dans des conditions de travail parfois dignes de pays en voie de développement, et alors qu’aucune menace ne validait cette prise de risques. Le résultat est éloquent, au vu du degré opérationnel atteint : celui de l’efficacité, et de la sécurité d’un combattant sous entraîné et sous équipés.

Nous ne revendiquons ni le droit de grève, ni celui de fainéanter, mais simplement la jouissance des droits fondamentaux et des libertés reconnus à tout citoyen, fut-il en uniforme.

L’exigence de justice conduit à l’impératif d’une rigueur infiniment plus saine que celle qui prévaut par l’arbitraire ou l’iniquité et leur corollaire de soumission et de mutisme.  Nous ne voulons ni brûler, ni casser, ni manifester, mais solliciter de nos chefs, rejoignant enfin la tradition millénaire des officiers, qu’ils veillent à l’intérêt collectif, conformément à l’alinéa 2 de l’article 10 de la Loi 72 662.

Nous dérangeons, vous savez maintenant pourquoi !

La Rédaction

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