Après une carrière militaire vagabonde et diversifiée pour un personnel féminin, un passage à l’EMAT pendant dix huit mois -section intendance où j’ai participé au projet d’amélioration de la tente individuelle bi-place (sic !)- je suis affectée au cabinet du ministre de la défense où je suis restée au total un peu plus de sept ans d’affilée, dans deux postes de secrétariat de haut niveau de septembre 1982 à janvier 1990 sous la gauche, sous la droite, puis lors du retour de la gauche, avant de me replier en province. (1)
Pour comprendre le présent et anticiper le futur, il vaut mieux connaître le passé. J’ai donc pensé que mes souvenirs des coulisses de l’administration centrale pouvaient servir à d’autres, au-delà des anecdotes. Comme au théâtre où machinistes, coiffeurs, maquilleurs, et autres accessoiristes ont un rôle primordial à jouer aux côtés des acteurs sur scène, les petites mains de la SDBC font « tourner le ministère » quel que soit le ministre, et sont parfois les témoins des petites lâchetés, des grandes turpitudes, des injustices commises par les uns et des autres.
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Organisation du cabinet du ministre de la défense.
A l’époque, le cabinet du MINDEF se composait de deux parties :
– du politique, logé à l’hôtel de Brienne, rue Saint Dominique, où je fus affectée à la cellule trépidante des affaires internationales, à l’activité intense et permanente en raison :
- du professionnalisme « pointu » de son responsable venant du quai d’Orsay,
- du décalage horaire avec de nombreux appels téléphoniques tous azimuts ; six lignes avec celle de l’adjoint et du secrétariat,
- de l’abondance d’informations et des messages croisés quai d’Orsay / défense,
- des réunions à l’extérieur, voire des urgences en cellule de crises, Tchad, Liban …
- de la préparation des fiches pour le ministre ou de lettres soumises à sa signature…
– et de l’administratif, dans l’ombre, la S.D.B.C, en quelque sorte le satellite du
précédent, situé boulevard Saint Germain, comme chef du secrétariat du S.D.B.C après un bref passage à la CP (correspondance parlementaire), bureau surprenant de par l’abondance ( le mot est faible) des interventions écrites de nos élus au plan national ou local, entre 650 et 250/jour, en moyenne sous C.Hernu, dont les 9/10èmes touchaient les affectations préférentielles des appelés ou les libérations anticipées. Le bulletin de vote n’a jamais perdu ses droits et ses ambitions surtout du temps de la conscription. Ça pouvait toujours servir.
C’est ma plus longue affectation, cinq ans d’affilée, en plus de trente deux ans de carrière et quelque quinze affectations diverses en métropole et ailleurs.
L’ensemble de ces deux entités ministérielles que l’on peut qualifier de cabinet restreint et de cabinet élargi, comprenait à l’époque environ 700 personnels civils ou militaires de tous grades, dont un peu plus de la moitié pour la seule S.D.B.C, répartis en six bureaux, chacun ayant à sa tête un fonctionnaire civil assisté d’un officier supérieur, exception faite du bureau « Résistance », entièrement militaire. (2)
Pour mémoire : De mon temps, le cabinet restreint de C. Hernu, comptait 333 personnels, ministre en tête, plantons et chauffeurs compris. (3)
Alors que les autres ministères n’ont qu’un bureau d’ordre ou un bureau du cabinet (répartition du courrier, archivage des dossiers, décorations …) rattaché au chef de cabinet, la S.D.B.C, organisme interarmées, est unique en son genre.
En effet, elle traite des affaires en son sein ou soumis à la signature d’un membre du cabinet du ministre, proche collaborateur et délégataire de sa signature.
On dit alors que les parapheurs ont pris l’ascenseur parfois en s’arrêtant a chaque « étage » suivant l’objet plus ou moins sensible du dossier et les visas à recueillir en cours de route, jusqu’au signataire.
Le rattachement hiérarchique de la SDBC.
La S.D.B.C dépend, en principe du directeur adjoint du cabinet civil et militaire, c’est-à-dire du n° 2 du cabinet. Ce poste est habituellement dévolu à un contrôleur des armées devenu étoilé depuis plusieurs années.
En effet, si comme partout ailleurs le cabinet a perdu ses soldats requis, il a gagné en échange quelques étoilés supplémentaires, mais pas pour le même prix!
Pour mémoire, je rappellerai que deux prédécesseurs de M. Hervé Morin l’actuel ministre de la défense, ont purement et simplement supprimé ce poste de directeur adjoint du cabinet, la S.D.B.C était alors rattachée au chef du cabinet civil.
Il s’agit de M André Giraud (1986-1988) et Pierre Joxe (1991-1993). J’ignore si l’homme de droite et celui de gauche avaient jugé de l’inutilité de ce poste, ou si, un peu méfiants l’un et l’autre, ils avaient préféré se passer d’un membre du CGA qui a finalement récupéré ses marques à l’hôtel de Brienne. Il est difficile d’arrêter la poussée de bas en haut de la bureaucratie…
Ses attributions.
Grosso modo, les attributions annoncées au JORF du 1er juillet 2009, correspondent à peu près à celles que j’ai connues autrefois, si ce n’est que des regroupements ont nécessité quelques changements d’appellation.
Je puis citer entre autres :
– des cabinets ont pris la place du cabinet par suite de l’absorption du secrétariat d’Etat
aux anciens combattants par la défense.
– le célèbre bureau « K » en quelque sorte la mémoire du cabinet du ministre entre
autres, pour les personnels militaires en délicatesse avec leur hiérarchie ou avec la société civile, bien connu des anciens, a disparu en tant que tel pour se pacser avec celui de la CP en perte de vitesse depuis la suppression de la conscription pour devenir CP/AG : correspondance parlementaire et affaires générales.
– Le bureau « Résistance » est devenu le bureau de synthèse des questions relatives aux
anciens combattants.
Mes informations personnelles s’arrêtent à ce niveau sur l’organigramme de mon ancien service.
Un observatoire privilégié.
La S.D.B.C est une excellente plate-forme :
– au 1er degré : on a une vue panoramique impressionnante de cette vaste boutique
qu’est le boulevard Saint-Germain, de ces nombreux correspondants intra et extra-muros ministériels ou autres. De vastes domaines peuvent y être abordés « en surface », notamment dans les questions parlementaires et les réponses ministérielles publiées au JORF, qui sont du ressort de la SDBC, lesquelles, si elles ne dérangent nullement l’administration centrale et ne règlent aucun litige, permettent d’y trouver des informations, des références, des coûts, des effectifs, des arguments tenant plus ou moins bien la route , à la rigueur on peut s’en contenter, comme le font la plupart des parlementaires, ignorant les envers des décors.
Mais on y trouve aussi quelques perles du genre : les lieutenants-colonels de marine et les
amiraux perdent souvent leur casquette pour le képi… Ce qui ne doit pas plaire aux marins assez sourcilleux de nature.
– Mais au second degré : je me suis très vite rendu compte que l’on touche du doigt :
1° – L’importance de l’impact de la politique, des changements de couleur du Parlement et du gouvernement, quand le balancier va de D à G et vice versa.
D’où l’obligation de revoir les formules de politesse pour les intervenants civils, et pour plus de rapidité de basculer la formule de politesse, comme je l’ai vu pratiquer en catastrophe : les sentiments les meilleurs en lieu et place des sentiments distingués…et l’inverse.
2° -L’importance de la personnalité propre du ministre qui peut réorganiser son cabinet et son ministère comme l’a fait notamment M. André Giraud, (voir renvoi 1). Il y a celui qui veut dès son arrivée tout savoir et signer toutes les pièces à son nom (travail impossible) et puis il y a le suivant qui laisse courir et signe facilement ou fait signer ce que son prédécesseur avait refusé …le plus bel exemple reste la tenue « Terre de France » de l’armée de Terre décidée par J.P Chevènement en 1988/1989, qui avait été refusée par son prédécesseur pour raison de coûts trop élevés, alors que l’équipement faisait défaut.
La routine, installée depuis des décennies doit s’adapter vaille que vaille, pas toujours facilement quand le ministre exige telle présentation des papiers qui lui sont soumis et que telle couleur (papier, chemises, parapheurs) lui soit réservée. Exigence tout a fait légitime pour lui faciliter le travail, la semaine de 35 heures « connaît pas », ses proches collaborateurs non plus et les secrétariats « pointus » également.
3° -L’importance de la délégation de signatures pour le JORF ou le BO et des pièces officielles, des subdélégations et des contreseings ministériels auxquels s’était fortement intéressé l’un des quatre ministres cités, du jamais vu et dont les initiatives ralentissaient la manœuvre gouvernementale dans certains domaines touchant à celui des armées.
Quant au BO chacun était maître et compagnon : raison pour laquelle par suite d’une omission de délégation de signature dans les années 80 et pendant plusieurs années, notamment dans l’armée de terre, les personnels étaient nommés et gérés par Monsieur Personne !… Personne ne s’en est rendu compte, jusqu’au passage d’André Giraud, et là commence une autre histoire, celle de la signature en général, à raconter ultérieurement.
4° -L’importance, dans le déroulement du travail, de la rivalité entre deux ministres dont les litiges se règlent à Matignon en arbitrage entre conseillers techniques, le plus souvent.
Au-dessus de la mêlée cela va de soi, on trouve le généralissime du Quai de Bercy qui tient tous ses collègues en laisse lui-même ou l’un de ses grands subordonnés.
Tout récemment personne n’a oublié la guéguerre qui remonte à 2003 pour le devenir de la gendarmerie, entre Michèle Alliot-Marie, alors ministre de la défense, et Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’intérieur, hostilités commentées très violemment par la première. Encore du jamais vu entre deux ministres. (4)
Affaire consommée depuis le 1er janvier dernier au bénéfice de la place Beauvau qui a en charge maintenant la nomination des officiers généraux de la gendarmerie avec ou sans passage en conseil des ministres. Bizarre ! Ainsi que l’avancement de ses officiers.
Bonne chance à nos amis les gendarmes.
Même située à un échelon non opérationnel ces rivalités atteignaient la S.D.B.C par ricochets.
5°- L’importance du lieu, en partie clé de voûte du système administratif, pour faire des cachotteries au ministre et à ses membres de cabinet suivant la formule toujours appliquée bien que jamais écrite :
« Lui passe et nous nous restons »
ou
« Il est urgent d’attendre, aux prochaines élections, le ministre va partir »
ou
« Le ministre et son équipe n’ont pas besoin de le savoir »
Mais aussi avec l’abus de classification de pièces ce qui évitait la distribution de « certains » courriers au cabinet civil, notamment.
Avec l’expérience acquise dans ce service, je puis même avancer qu’à moins d’une très forte personnalité que l’on craint, ce n’est pas le ministre qui commande mais ses grands subordonnés aux hauts échelons des composantes de nos forces qui savent parfaitement conditionner sa décision dans le sens qui leur convient et qui en assurent le suivi.
Pour mémoire : la première mouture du SGM voté en mars 2005 présentée aux députés par MAM ne comportait pas les appellations spécifiques des grades de la marine : ignorance des rédacteurs ou précipitation dans le travail du nouveau texte (107 articles), sans doute un peu des deux, mais surtout de l’absence de personnels de la marine.
Du travail interarmées ça ? Non.
Autre exemple récent : la réponse ministérielle à la question du député de la Gironde François Deluga (SRCDG) a/s harmonisation des PMI pour les non officiers, fait état des sous-officiers de la marine au lieu des officiers mariniers. (JO du 01/09/2009). Inadmissible.
Ces appellations spécifiques ne coûtent pas cher, au budget de la défense, alors respectons-les, à moins de piétiner l’image de marque du ministre avec désinvolture, en écrivant un peu n’importe quoi.
6°- L’importance du faire savoir et de savoir jouer les « béni oui oui », pour les très nombreux carriéristes au M² d’occupation des sols dans certains bureaux en prise directe avec leur DPM…l’avancement est dans la ligne de mire et comme on peut difficilement compter sur l’appui du ministre !… Curieux mais c’est ainsi paradoxalement !
7°-L’importance du « piston », ainsi que de la notoriété des intervenants, surtout quand il s’agit du S.D.B.C lui-même, Albert Thibert dit Titi, pour sa propre famille ses deux fils, son neveu, son cousin voire son hospitalisation en chambre de « luxe » au Val…
Du jamais vu, et au détriment de ses propres personnels ne pouvant pas faire deux choses à la fois dans ce domaine, d’autant que le cabinet restreint a ses propres priorités pour les avancements au choix.
Résultat :
– un avancement imposé pour le grade de lieutenant-colonel (C.S) et un art.5 à la suite attribué à la limite de l’application de la loi ;
– trois art.5, tout court ;
– deux échelons exceptionnels sollicités fermement et d’autres bricoles ou décorations…
Tout ça distribué en reconnaissance des services rendus par ses propres subordonnés à son seul bénéfice familial.
Pour justifier judicieusement ces attentions auprès du cabinet restreint et les faire prendre en compte par les DPM respectives sans anicroches, tous les officiers « dévoués » concernés devenaient « brillants » : les vocables « pistonnés » et « appuyés » changeaient de définition.
8°- L’importance qu’occupent les médias pour mettre sur la place publique des scandales et excès en tous genres qui auraient été occultés sans leur intermédiaire. Dans le souci de transparence auquel sont également soumises les armées dans le domaine gestionnaire, on peut citer de très rares associations de retraités dont les présidents ou proches collaborateurs ne sont pas trop sensibles à l’attrait d’une décoration proposée et au-dessus du lot, la première à défendre la cause des militaires en activité, tous grades et statuts confondus en regard des droits reconnus par la Constitution à chaque citoyen français : l’ADEFDROMIL et son site.
Cette association créée en 2001 n’existait donc pas quand j’étais encore en activité, mais connaissant bien le « milieu », j’imagine aisément que ceux qui composent le successeur du bureau « k » et autres organismes concernés par la réglementation et le droit doivent souvent appréhender les retombées radioactives provoquées par les intrépides juristes compétents que sont Michel BAVOIL et Jacques BESSY, respectivement président et vice-président bénévoles de cette association qui ne craint aucune concurrence et à laquelle j’appartiens en qualité de membre du conseil d’administration.
9°-L’importance des amitiés maçonniques et autres réseaux influents…
10°- La pression exercée par les DPM et notamment celle de l’armée de terre contre le S.D.B.C lui-même : affectation de personnels officiers et non officiers sans accord préalable ce qui ne se fait jamais au cabinet d’un ministre car la moindre des politesses veut qu’on lui laisse le choix de ses collaborateurs en lui fournissant auparavant les dossiers administratifs des intéressés proposés.
Aucune réaction de Titi, curieux. Mais il est vrai que c’était un peureux très discret !…
11°- Le chantage tout court de certains personnels, à juste raison, l’administration centrale finissant par céder de peur que l’affaire n’aille trop loin et à son détriment après passage par les médias trop heureux d’avoir du grain a moudre sans démarchages.
Je rappellerai dans ce domaine, quelques affaires, celles du régiment d’infanterie de Brive, du régiment de Vannes où les soldats ont dénoncé des excès via la presse, pas de sanctions, plus prés de nous, la célèbre affaire des Irlandais de Vincennes qui a défrayé la chronique pendant des mois ; et en 1989, emboîtant la grogne estivale de gendarmes pour dénoncer des carences dans la marine, grâce aux médias et jusqu’à annoncer qu’il faisait la grève de la faim, le C.F Roger Martin – dit l’excité de la marine au « B.K » – qui a finalement terminé sa carrière sans sanctions extraites du R.D.G mais sanctionné agréablement par un art-5 (retraite du grade supérieur sans nomination), confidence reçue après ma mise à la retraite avec la rencontre fortuite d’un ancien du « B.K »
A ma connaissance, après ce couronnement de carrière, cet officier supérieur n’a jamais plus fait parler de lui.
12°- Le manque de responsabilités financières, plutôt mal que bien exigées à l’encontre de responsables, voire de hauts responsables, d’une manière sonnante et trébuchante quand sont avérées des malversations et des corruptions : Djibouti, HIA Laveran à Marseille, la corruption lors de la construction du P.A « Charles de Gaulle », le coût du démantèlement du « Clemenceau » et ses ronds dans l’eau…
On pourrait même en faire un verbe : je clémenceaute, nous clémenceautons, vous clémenceautez, etc….
D’une manière générale, il y a assez peu de publicité faite autour de ces faits militaires délictueux…car il ne faut jamais ou le moins possible attenter au bon renom (sic !) de l’armée, confidence recueillie au « B.K »… conclusion facile à tirer sur l’état d’esprit qui régnait.
13°- La course aux décorations ou le très vif intérêt porté par « certain » à ces dernières en attendant de les porter à la boutonnière.
Aucun non officier ou officier subalterne ne m’a jamais sollicitée pour être sûr que son nom figurait bien toujours dans la liste, mais quelques officiers supérieurs ou généraux et même un contrôleur général des armées, oui ! par voie détournée.
Ma réponse était invariable : « Je n’ai pas accès à cette confidentialité et ne puis utilement vous renseigner ».
14°- La comparaison et la surveillance très faciles dans la gestion des personnels interarmées, regroupée sous la coupe d’un seul officier à la différence du cabinet restreint du ministre, où chaque participation (terre, marine, gendarmerie, santé, …) gère ses propres personnels.
Deux exemples :
– à compétences égales, ancienneté de carrière et notation comparables, un terrien accédait plus vite au grade supérieur qu’un marin, notamment chez les non officiers, dont l’avancement est entièrement au choix ;
– pour un même objet : la DPMM faisait un papier, la DPMAA deux, et la DPMAT trois voire quatre – Coût ?
Pourquoi faire simple … ? Quant à la mutualisation édictée par le livre blanc, est-elle réalisée ou non à ce jour ? J’en doute fortement vu les courriels reçus.
15°- L’étonnement des personnels officiers et non officiers arrivant de leur unité avec en tête les risques et contraintes quotidiens pris sur le terrain ainsi que les servitudes inhérentes à l’activité des troupes, pour découvrir ce genre d’emplois militaires fonctionnarisés où les seuls risques physiques sont limités : à une chute dans les escaliers, aux barreaux de chaises qui cassent, aux portes de placards qui se dégondent facilement parce que leur achat est passé par l’obligation administrative du moins -disant, à une élongation d’un muscle intercostal pour s’être penché maladroitement d’une chaise pour ramasser un crayon tombé (cas concret connu) ; et où les courbettes et la virtuosité du stylo ainsi qu’une notation bien « lisse » sans à coups sont davantage prises en compte que le sens du commandement, l’exemplarité, le respect des droits des subordonnés, des consignes données ou le maniement aisé du Famas, hélas !
16°- Enfin, d’une manière générale, le stationnement durant des années de certains officiers (traitant les dossiers) en provenance des services, mais aussi des armes, ne pouvait qu’accentuer la fracture intellectuelle entre personnels à risques réels et ceux servant à l’administration centrale, en l’occurrence la S.D.B.C.
Ces derniers surtout des armes de l’armée de terre, attendant sagement de passer lieutenant-colonel à l’ancienneté, c’est à dire en automatique, pour se précipiter dés le 5ème galon accroché dans le cadre spécial (C.S) ou le corps technique et administratif (CTA), tout en restant à la même place, très attentifs à ne pas déplaire à la DPMAT… Les yeux rivés sur le prochain avancement au grand choix.
D’une manière générale, tout se calcule, les affectations de choix en cours de carrière pour faciliter l’avancement, les décorations comme la dernière mutation pour s’installer définitivement avec la famille, victime durant des décennies de déménagements obligés ou de longues séparations.
Conclusion lapidaire : la Grande Histoire est faite avec beaucoup de petites.
A Limoges 5 Janvier 2010
Annie ROMERIO
– C. Hernu (1981) démissionnaire à l’automne 1985 pour cause de naufrage politique avec la malencontreuse et très coûteuse affaire dite du « Rainbow Warrior » – décédé.
– P. Quilès lui succède en catastrophe arrivant de la place Beauvau. Il fera six mois, à cheval sur 1985-1986, période relativement courte pour bien pénétrer toutes les arcanes du Bd St Germain même pour un polytechnicien de la vieille école. Ce qui fait sourire quand il est présenté sur des plateaux de la télévision comme ancien ministre de la Défense. Ce genre de prestation est-il rémunéré ?
– A. Giraud (1986-1988) – décédé – 1ère cohabitation – 2ème gouvernement de Jacques Chirac-polytechnicien-plus attiré par les chiffres et les questions de matériels que les problèmes de personnels.
– J.P. Chevènement (1988) sous lequel je quitte l’activité en 1990, un an avant lui qui démissionne pour cause de l’engagement de nos forces dans la guerre du Golfe -sénateur du Territoire de Belfort depuis septembre 2008.
(2) La S.D.B.C et son secrétariat : de mon temps six bureaux dans l’ordre hiérarchique, plus ou moins 350 personnels civils et militaires tous grades et appellations confondus :
– Bureau du Cabinet,
– Bureau correspondance et disciplines générales (avec 1 s) – dit B. « K »,
– Bureau des décorations,
– Bureau de la Résistance, initialement rattaché à la DPMAT puis attribué à la SDBC courant 1988, d’où aggravation des difficultés et « guéguerre » entre ces deux organismes,
– Bureau de la correspondance parlementaire,
– Bureau du courrier de l’administration centrale et du cabinet,
(3) – René Dosière député de l’Aisne (apparenté socialiste radical citoyen et divers
gauche) pourfendeur du gaspillage des deniers publics élyséens, matignonnais et ministériels, a reçu du ministre de la défense une réponse lui indiquant que son Cabinet comptait 126 personnes (JO du 05/05/2009)
Après lecture de cet article, on pourrait s’en étonner, à moins que la RGPP ait déjà frappé très fort à l’hôtel de Brienne parmi les officiels et les officieux, et que la SDBC ait purement et simplement été oubliée dans les comptes. Allez savoir comment sont faites les additions, et les soustractions ?
(4) – « Le canard enchaîné » du 7 janvier 2009, article sous la plume de Brigitte
Rossigneux, intitulé « Quand Michèle Alliot-Marie massacrait la fusion police-gendarmerie…La ministre de l’intérieur est aujourd’hui contrainte d’appliquer une réforme qu’elle vouait naguère aux cent mille diables… »
Article avec reproduction partielle d’une lettre de MAM datée du 21 juillet 2003 au vitriol concentré adressé à son collègue de l’intérieur, alors Nicolas Sarkozy.
Or, en six ans les intéressés ont changé plusieurs fois d’affectation… surtout N.S, et précision importante : à mon humble avis personne n’est obligé d’accepter des fonctions ministérielles et encore moins après une telle violence de ton, pour servir qui plus est, sous la coupe de son ancien ennemi.
Ah ! Le pouvoir, l’orgueil et les ors de la Républiques, quelles drogues !
A moins que ce ne soit tout simplement une question de « fric »- Allez savoir ?
Cette publication a un commentaire
La SDBC est parfaitement reconnaissable sous la plume du Major Romerio.
Il ne s’agit nullement, comme le souligne fort bien notre camarade, d’une hydre tentaculaire, mais bien d’une partie de la petite armée de plumitifs besogneux utilisée à entretenir, d’une part l’illusion autour de l’édifice « Défense », d’autre part les privilèges de certains, civils comme militaires.
Les premières victimes du brouillard de papier enfumé produit entre autres par la SDBC sont très clairement le Parlement et Bercy. Parfois, le ministre de la défense lui-même…
En tout état de cause, Il est certain que la masse salariale de la SDBC serait plus utilement employée à mettre sur pied et à solder les unités de combat qui manquent tant aux armées de notre pays.
Que l’auteur veuille me permettre une question, puis deux « tranches de vie ».
1. Il est surprenant que dans son article, le Major n’évoque pas les relations, disons complexes, entre la SDBC et le bureau des officiers généraux (BOG), cette entité actuellement composée d’une quinzaine de personnes et qui, de par son objet même, agit et intervient tous azimuths.
2. Puis, je cite » (…) 5°- L’étonnement des personnels officiers et non officiers arrivant de leur unité avec en tête les risques et contraintes quotidiens pris sur le terrain ainsi que les servitudes inhérentes à l’activité des troupes, pour découvrir ce genre d’emplois militaires fonctionnarisés où les seuls risques physiques sont limités (…) et où les courbettes et la virtuosité du stylo ainsi qu’une notation bien « lisse » sans à coups sont davantage prises en compte que le sens du commandement (…) ». Pour ma part, je témoigne que de lors de mon tout premier contact avec la SDBC, ma perplexité a duré une petite semaine, le temps d’appliquer à mon champ de vision le nécessaire « qui ou quoi, où, par où, quand, comment » appris en école et sur le terrain, avant d’y ajouter le « pourquoi moi ? » de rigueur en pareille aventure, ce dernier questionnement hélas inchangé dans la durée.
3. Pour ce que j’en ai vu au fil des ans, le célèbre « bureau K » dit « bureau des cas » en charge notamment « des disciplines avec des s » a toujours été dirigé par un colonel de gendarmerie.
Certes, nos gendarmes sont réputés pour leur science de la procédure pénale.
Mais également parce qu’ils sont très doués pour s’appliquer, appliquer et faire appliquer « l’effet Bahlsen », par intervention de « Monsieur Plus » dans tous les cas où subsiste un doute.
Souvent d’ailleurs afin que les juridictions pénales, administratives et des comptes publics laissent choir les affaires, horrifiées à la vue de tant de sang déjà répandu au sein du MINDEF, effet induit mais plus spectaculaire qu’autre chose de la flagellation.
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