Synthèse des informations recueillies par l’Adefdromil sur le décès par noyade du Sous-lieutenant Jallal Hami.

Ces informations émanent de sources dignes de foi et désirant conserver l’anonymat. L’Adefdromil considère ces informations comme fiables, mais elles peuvent être démenties par l’enquête en cours.

1 Il s’agissait bien d’une séance de bizutage, dénommée « bahutage » à Saint Cyr, organisée et dirigée par la promotion des anciens. Aucun cadre des Ecoles n’était présent. Depuis plusieurs décennies, ces séances rebaptisées « transmission de tradition » sont considérées comme activité de service et inscrites à ce titre à la progression pédagogique. Mais la hiérarchie des Ecoles ne contrôle pas ou peu leur organisation. Elle ferme les yeux et laisse faire. La querelle sémantique de savoir s’il s’agit de bizutage, de bahutage ou de tradition, semble bien dérisoire au regard de la mort d’un jeune homme.

2 C’est tout le bataillon des jeunes, le troisième bataillon (près de 160 élèves-officiers), qui a subi cette séance. Après un apprentissage de traditions en salles de cours (chants, lectures, etc.), les jeunes appelés « bazars », équipés de treillis, rangers et casque lourd se sont rendus au bord d’un étang situé dans le camp, dans lequel les élèves étaient censés avoir pied. En fait, dans la partie à franchir, la profondeur est supérieure à 2 mètres.

3 L’activité dite de tradition consistait en un véritable franchissement à la nage sur 50 mètres, donc d’un exercice militaire, qui aurait dû être exécuté dans le cadre des règlements en vigueur. En théorie, ceux qui ne souhaitaient pas exécuter l’exercice pouvaient refuser de le faire. Mais, la pression du groupe rend difficile un tel refus, qui peut entraîner par la suite une mise à l’écart de celui qui se défile. Au départ une partie du bataillon a franchi l’étang par petits groupes de trois ou quatre aidés par un filin. Mais, le franchissement n’allant pas assez vite un responsable du « bahutage » a donné l’ordre que tout le reste du Bataillon se mette à l’eau en même temps sans que l’effectif mis à l’eau de cette manière ne soit précisé. Les premiers s’apercevant qu’ils n’avaient pas pied et se rendant compte des difficultés à traverser, ont fait demi-tour pour rejoindre la berge de départ. Ils se sont alors télescopés avec ceux qui arrivaient derrière eux. Une panique en est résultée. Simultanément, les lumières des projecteurs se sont éteintes sans qu’il soit déterminé si la coupure était volontaire ou accidentelle. Le filin auquel des  élèves se sont accrochés a rompu. Plusieurs élèves ont regagné le bord avec difficulté et auraient pu également se noyer.

4 Lors de la panique, des bouées au nombre de 3 ou 4 ont été jetées à l’eau.

L’absence de l’élève décédé a été constatée immédiatement après que tout le monde soit sorti de l’eau et que les jeunes se soient regroupés par section. Selon une autre version, ce n’est qu’au retour en chambre que sa disparition aurait été avérée. Il a alors été fait appel aux pompiers. Le corps aurait été découvert une heure environ après la fin de l’activité.

5 Il a été confirmé qu’aucune embarcation armée par des personnels qualifiés en secours nautique, n’était présente sur le plan d’eau. Mais, il y avait durant l’exercice 3 ou 4 élèves du 2° Bataillon en tenue néoprène, qui étaient dans l’eau jusqu’à la taille dans une partie de l’étang moins profonde.

6  La Justice considère qu’il s’agit bien d’une activité de service autorisée, ce qui permet à certains de dire qu’il ne s’agissait pas de « bahutage ». En tout état de cause, dans le cadre de l’enquête ouverte pour homicide involontaire, les responsabilités de toute la chaîne hiérarchique vont devoir être recherchées, à commencer par celle du Général, commandant les Ecoles de Coëtquidan, jusqu’à celles des responsables du bahutage, qui ne sont pas des chefs nommés, mais des élèves élus par leurs camarades. L’un des moindres paradoxes de cette triste et lamentable affaire va être ainsi de valider la désignation de responsables militaires par une élection !

JB 02/11/2012

Lire également

Décès d’un Saint-Cyrien: Communiqué de presse de l’ADEFDROMIL

Communiqué de l’Adefdromil: Décès d’un Saint-Cyrien, les langues se délient.

Le sous-lieutenant Jallal Hami « voulait rendre à la France un peu de 

Décès d’un élève à Coëtquidan: de l’intérêt de (re)lire le livre de Claude Weber

Mort d’un élève de Saint-Cyr : «un bizutage qui a mal tourné»

Saint-Cyr: 150 élèves la nuit du drame.

 

 

 

À lire également