Restructurations militaires : les élus déplorent des compensations insuffisantes (Par Paul Molga)

Alors qu’un nouveau Livre blanc de la Défense est en préparation, le ministre, Jean-Yves Le Drian, a signé cet été la directive fixant la liste des régiments et établissements militaires concernés par la restructuration des armées. 7.880 postes sont concernés d’ici au 31 juillet

Envoyée dans la torpeur de l’été, le 31 juillet dernier, la directive sur les mesures de dissolution, de réorganisation et de transfert des régiments et établissements militaires provoque des remous. Signée par le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, elle détaille, site par site, les quelque 7.880 postes militaires et civils concernés d’ici au 31 juillet 2013 par l’application de la restructuration des armées (voir la carte).

Paris et l’Ile-de-France sont particulièrement concernés par le mouvement avec plus de 3.200 postes supprimés ou transférés mais les coupes sombres concernent aussi Cambrai et Marseille (voir encadré). La ville de Compiègne attend ainsi toujours le transfert du siège social de l’Office national des forêts promis en 2008 en compensation de celui de l’Ecole d’état-major de l’armée de terre et de la DCSN à Saumur et à Orléans. Mais la grogne vient du Nord et de l’Est, territoires de tradition militaire confrontés au départ de régiments et à la multiplication des plans sociaux.

Avec la dissolution du 8e régiment d’artillerie (745 hommes), Commercy, sous-préfecture de la Meuse, paie le plus lourd tribut. « Nous avions obtenu la promesse du gouvernement précédent que cette dissolution ne serait pas effective tant qu’il n’y aurait pas de compensation en termes d’effectifs. Ce moratoire est aujourd’hui lettre morte », regrette le maire, Bernard Muller, qui a réactivé le comité de défense mis en place il y a quatre ans et appelle à une manifestation le 15 septembre. Il évoque les conséquences négatives du départ du régiment sur l’économie locale -la masse salariale, partiellement dépensée sur place, s’élève à 20 millions d’euros par an.

« Nous perdrons plus de 10 % de la population totale de la communauté de communes, ce qui aura des effets sur le niveau des dotations de l’Etat. La baisse des effectifs scolaires pourrait conduire à des fermetures de classes », explique l’élu. Maigre consolation: la confirmation du projet d’implantation par Safran d’une usine de production de 20.000 mètres carrés. Cet investissement de l’ordre de 50 millions générera dans un premier temps de 150 à 200 emplois, pour atteindre 400 salariés d’ici à 2020. « Il ne s’agit pas à proprement parler d’une compensation… et de toute façon le compte n’y est pas », assène Bernard Muller. Au total, la Lorraine devrait perdre 1.200 emplois.

La réponse du ministère de la Défense est claire : « Nous appliquons dans la continuité républicaine la loi de programmation militaire qui prévoyait 54.923 suppressions de postes d’ici à 2014. Les travaux de la commission du Livre blanc sur la Défense qui ont commencé cet été doivent ouvrir la voie à la future loi de programmation militaire (LPM) pour la période 2014-2019. » En attendant, les élus regarderont avec inquiétude l’annexe 2 de la directive comportant la liste des « unités et établissements susceptibles d’être concernés par des mesures de rationalisation ». Jean Picart, maire d’Etain, dans la Meuse, a déjà interpellé le ministre. « Nous souhaitons connaître l’avenir du 3e régiment d’hélicoptères de combat, dont les effectifs ne cessent de diminuer – de plus de 1.100 personnes il y a quatre ans, ils sont passés à 900 aujourd’hui » , indique-t-il. Un régiment est doté d’appareils (Puma et Gazelle) dont la fin de carrière est fixée à 2020 « A défaut de disposer d’hélicoptères récents (Tigre ou NH90), cette unité est appelée à disparaître », note Jean Picart, qui rappelle le poids économique (25 millions d’euros de masse salariale) de cette présence militaire.

Des élus qui se sentent trahis

La disparition définitive de la base aérienne 103 à Cambrai passe très mal. Le député-maire de la ville, François-Xavier Villain, qui a déchiré de façon spectaculaire le contrat de redynamisation du site, signé en 2011 avec l’Etat, tient une conférence de presse aujourd’hui et a déjà saisi le tribunal administratif de Paris en référé suspension. Objectif : ….

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