Pour la France, tous les soldats morts ne se valent pas (Jean Guisnel)

Le site officiel « Mémoire des hommes » rend hommage à tous les soldats morts à la guerre ou en opérations extérieures. Tous ?

Le ministère de la Défense et son secrétariat général pour l’administration poursuivent activement la mise en ligne de bases de données nominatives concernant les conflits des XXe et XXIe siècles. Jusqu’à présent seules figuraient en ligne sur le site Mémoire des hommes, accessible à tous, les bases concernant la Grande Guerre(1,3 million de morts pour la France, personnel de l’aéronautique militaire et journaux d’unités), la Seconde Guerre mondiale (200 000 militaires décédés entre 1939 et 1945 et 1 010 fusillés du mont Valérien), les guerres d’Indochine, de Corée et d’Afrique du Nord.

Depuis quelques jours, deux nouvelles bases sont accessibles au public. La première concerne les militaires décédés sur les théâtres d’opérations extérieures entre 1905 et 1962, et n’est pas définitive, comme l’indique l’avertissement publié sur la page d’accueil : « Il s’agit d’une liste non exhaustive et évolutive. Des compléments ou modifications pourront être apportés à cette base, soit à l’initiative de l’administration, soit à la demande des particuliers souhaitant exercer leur droit de rectification. »

« Quatrième génération du feu »

La seconde base porte la même mention. Elle concerne ce que l’on a appelé les « opérations extérieures » (Opex) après l’indépendance de l’Algérie, les soldats qui y ont participé – ou y participent encore – appartenant à la « quatrième génération du feu ». Ces opérations ne sont pratiquement plus jamais conduites dans un cadre strictement national, la France ne s’engageant plus hors de ses frontières sans un mandat de l’ONU, des accords dans un cadre multinational, voire des opérations antiterroristes qui ne sont pas conduites sans l’accord explicite ou non des autorités des pays concernés.

Le site du ministère, titré « Mémoire des hommes », précise que « tous les soldats décédés en Opex pour lesquels les territoires et les périodes ont été spécifiés par arrêté ou décret en vertu de l’article L 4123-4 du code de la défense » sont susceptibles d’être inscrits dans cette base. On peut se féliciter que, pour les Opex, la base ne fasse pas de distinction entre les soldats « morts pour la France » et les autres. La distinction « mort pour la France » est attribuée par le ministre de la Défense, dans des conditions définies durant la Grande Guerre par la loi du 2 juillet 1915. Le rapport du groupe de travail « monument aux morts en opérations extérieures » remis au ministre Gérard Longuet en octobre dernier par son président, le général Bernard Thorette, rappelle : « Aujourd’hui, la législation dispose que doit, sur avis favorable de l’autorité ministérielle, porter la mention mort pour la France tout acte de décès d’un militaire tué à l’ennemi ou mort dans des circonstances se rapportant à la guerre. »

« Morts pour la France », et les autres ?

Ce même rapport rappelle que,…

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