Un officier condamné dans les services de renseignement !( Par Yves KLEIN)

AISNE. La gendarmerie nationale a reclassé en interne un officier condamné pour agressions sexuelles. L’institution relativise et plaide non coupable.

C’EST peu dire que la gendarmerie nationale, du commandant de groupement à celui de la région Picardie, tenait à ce que le parcours de l’un de ses gradés soit le moins visible possible. Or, il semble bien que l’élément gêne et sans doute pas seulement dans la troupe des militaires retors. Depuis un peu plus d’un an en effet, un officier objet de poursuites judiciaires depuis 2009 et condamné le mois dernier par le tribunal correctionnel de Melun (Seine-et-Marne) pour des faits d’agressions sexuelles, œuvre dans le périmétat-major du Bruno Louvet, le colonel patron de la gendarmerie dans le département. Il est intégré au centre opérationnel de renseignement de la gendarmerie, le Corg (ex-Cog). C’est un lieutenant, devenu depuis capitaine*. Il a 52 ans.

Une seule plainte

L’homme, dont le général de région Maizy est bien obligé d’admettre la présence dans l’Aisne, a effectué une grande partie de sa carrière en Seine-et-Marne. En 2007, il dirigeait le regroupement de brigades de Château-Landon et Beaumont-du-Gâtinais. C’est dans ce département de la grande couronne parisienne que trois femmes ont été approchées au-delà de l’acceptable par ce gradé qui, au surplus, avait autorité sur elles. Une seule de ces gendarmes, alors adjudante-chef, a déposé plainte, et pour des faits graves de nature clairement sexuelle. Le cas des deux autres militaires a été étudié et, semble-t-il, en l’absence de plainte de leur part. Seuls les éléments confiés par ces dernières auraient cependant été retenus dans la procédure.
« Dès que la hiérarchie a eu connaissance de ces faits, elle a procédé à une enquête interne », relève le colonel Louvet. « Toutes les parties ont été entendues et une procédure disciplinaire a été mise en œuvre. L’une de ses manifestations a été la mutation de cet officier. C’est d’ailleurs moi, lorsque ce lieutenant est arrivé, qui ai procédé à la clôture de ce volet disciplinaire. »

Ecarté six mois

Le maintien dans l’institution militaire d’un officier de gendarmerie soupçonné d’agressions sexuelles dès 2007, et définitivement condamné depuis mai dernier, suscite évidemment maintes réactions. « Le contexte pénal et la sanction disciplinaire ne sont pas liés, précise pourtant le colonel Louvet. A tous les niveaux, le dossier de ce gradé a été minutieusement étudié. Il est clair qu’il a commis des fautes, mais il est évident aussi qu’entre les accusations de départ, quand il était quasiment question de viol, entre les réquisitions du procureur et le jugement final, il y a beaucoup de différences. Et du reste, la seule plaignante a été déboutée. »
Avant d’intégrer les effectifs du groupement, l’ex-lieutenant a fait l’objet d’un « retrait d’emploi » pendant une période de six mois « parce qu’il était hors de question de le laisser en contact avec les personnes qui se plaignaient de son comportement ». Dans l’Aisne, il ne bénéficie pas de l’habilitation d’officier de police judiciaire, et s’il n’est plus directement dans le commandement, il a des subordonnés sous ses ordres. « C’est un homme qui, depuis, ne fait plus parler de lui », souligne son supérieur. « Et pour avoir suivi son dossier de très près, je peux vous assurer qu’il n’a bénéficié d’aucun traitement de faveur. » Imagine-t-on pouvoir un jour lire exactement l’inverse ?
Yves KLEIN
* Le grade de capitaine est le seul qui s’obtient mécaniquement à l’ancienneté.

Source: www.lunion.presse.fr

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Cette publication a un commentaire

  1. Hirondelle

    Il paraît étonnant que cette faute n’ait pas suggéré l’ouverture d’une procédure pour renvoi devant un conseil d’enquête !

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