De sacrés privilèges pour une République en faillite !

« Je suis à la tête d’un Etat qui est en situation de faillite sur le plan financier, je suis à la tête d’un Etat qui est depuis 15 ans en déficit chronique, je suis à la tête d’un Etat qui n’a jamais voté un budget en équilibre depuis 25 ans. Ca ne peut pas durer »a déclaré vendredi 21 septembre 2007 le Premier ministre François Fillon en visite à Calvi, en Corse.

Après une telle déclaration, on comprend mieux pourquoi candidat(e)s à la présidence de la République et parlementaires ont demandé aux français durant leurs campagnes de consentir des efforts pour réduire la dette de l’Etat.

A peine élus ou réélus, nous nous sommes très vite aperçus que pour ces nantis de la République, les premiers qui devraient faire des efforts c’étaient les militaires ! Réduction d’effectifs y compris dans la gendarmerie, nouvelle et Xème réorganisation des armées sous couvert d’adaptation aux nouvelles menaces, suppression de bases aériennes et de casernes, remise en cause de marchés de matériels etc.

Nos élites politiques savent bien que pour sauver la France, l’armée est prête à tout si on lui demande. Tout le monde sait que l’armée aime montrer l’exemple ! Souvenez vous de la transformation de la solde à l’étranger en solde opex ! Cette réduction substantielle de solde fût une formalité pour le chef d’état-major des armées de l’époque et pour le CSFM, syndicat majoritaire de militaires toujours prêt à donner un avis conforme au ministre de la défense.

L’armée aime bien aussi que son exemple soit suivi. C’est pourquoi notre CEMA avait exhorté les fonctionnaires du ministère des affaires étrangères à baisser également leurs traitements ! Là, je le reconnais bien volontiers, ce fut un cuisant échec pédagogique de notre grand chef. Mais bon, tout le monde n’a pas un syndicat majoritaire aux ordres comme dans notre armée !

Et nos donneurs de leçons dans tout cela ? Vous savez nos moralistes, ceux qui font nos lois et qui ne cessent de se donner bonne conscience. Ceux qui critiquent les régimes spéciaux de retraite et qui aimeraient bien demander un nouveau sacrifice aux militaires dans ce domaine. Hé bien eux au moins, ce sont les moins bêtes ! Ils ont tout prévu pour traverser la tempête !

C’est ainsi que dans le plus grand silence et à l’unanimité ils se sont votés une loi sur mesure afin que tout député non réélu touche pendant 60 mois au lieu de 6 mois, son indemnité mensuelle nette dont certains disent qu’elle serait de 5187 euros ou 6952 euros brut. Une jolie Indemnité de départ pour député non réélu à ne pas confondre surtout avec l’indemnité de départ du personnel non officier ! Le montant n’est pas le même ! 417 120 euros pour l’une contre à peine 15 000 euros pour l’autre. C’était ça ou alors il fallait inscrire nos chers députés au centre de reconversion de Fontenay Le Comte !

Contrairement aux militaires, les députés ont préféré une rente à vie de 20% de leur traitement, soit 1390 euros par mois, à une indemnité chômage versée au prorata du nombre d’années de services.

Les députés ont aussi préféré simplifier leurs procédures de chômage. Aucun justificatif de recherche d’emploi, aucune visite mensuelle auprès d’un conseiller ANPE, aucun justificatif d’activité justifiant cette « aide sociale ». Tout repose sur la confiance. Pour les militaires rendus à la vie civile c’est un petit peu plus compliqué. En effet ils sont obligés de s’inscrire à l’ANPE, de fournir un dossier complet au CTAC de Bordeaux, de s’inscrire aux ASSEDIC, de prouver qu’ils sont bien en recherche d’emploi mais bon, à 27 ou 28 ans, lorsque l’on vous a viré des armées comme un malpropre avec l’étiquette de « professionnel », il faut bien s’occuper…

Dernier point intéressant tout de même pour une République en faillite : les mauvaises langues disent qu’un parlementaire coûte 2400 euros par jour à la collectivité nationale alors qu’un ancien militaire RMiste se contenterait de 14 euros par jour ! Cela me paraît incroyable mais pas impossible quand on sait que le militaire possède un esprit de sacrifice poussé à l’extrême !

Ah diantre j’allais oublier de vous annoncer la bonne nouvelle !

Finalement l’histoire de la France en faillite, c’est du pipeau ! Du fric, il y en a autant que les feuilles mortes, c’est-à-dire à la pelle ! La preuve, on vient d’augmenter le chef des armées de 140% ! Vous rendez-vous compte de ce que ça représente ? Et si on a augmenté le chef des armées, on a très certainement augmenté aussi le CEMA et les différents chefs d’état-major des différentes armées et de la gendarmerie ! D’ailleurs pour se donner bonne conscience le chef d’état-major de l’armée de terre a déclaré devant la commission de la défense dans le cadre du budget 2008 que l’effort suivant devra porter en priorité sur la revalorisation des rémunérations des officiers de l’armée de terre, dont le haut comité d’évaluation de la condition militaire a pu constater que le niveau, en comparaison du reste de la fonction publique, n’est pas à la hauteur des responsabilités exercées. Incroyable cette coïncidence ! Je regrette tout de même qu’il n’ait pas pu faire une comparaison avec le travail des députés ! A sa décharge, c’est vrai, je reconnais que ces derniers sont très peu présents à l’Assemblée. Les bancs sont souvent vides à l’exception du mercredi, jour de récréation où les cancres aiment bien se montrer à la télé !

Quant à vous, sous-officiers et militaires du rang, si j’apprends une éventuelle augmentation de vos soldes, promis, juré, je vous le fais savoir par un flash sur le site de l’Adefdromil. En effet cela signifierait que la France se porte beaucoup mieux

Michel BAVOIL, Président de l’Adefdromil

Consulter le site : www.actuchomage.org/ et lire Le nouveau régime spécial des députés

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