Tensions sociales dans les Armées

Il est facile de jouer les Cassandre et d’annoncer, pour se rendre intéressant, des désastres qui ne se produisent jamais.

Jusqu’à présent, l’Adefdromil a évité ces effets d’annonce qui, au final, finissent pas lasser et décrédibilisent ceux qui les propagent.

C’est dire que nous nous efforçons d’être modérés, de recouper nos sources, de faire le tri entre les manifestations épidermiques de mécontentement et les vagues de fond plus difficiles à discerner.

Aujourd’hui, pourtant, il nous apparaît que de nombreux indicateurs sont au rouge au Ministère de la Défense.

Il s’agit tout d’abord du problème de l’imposition des « soldes et indemnités » perçues à titres divers lors de séjours à l’étranger, en OPEX ou dans une affectation classique.

Le vilain tour qu’on a voulu jouer aux militaires sans les prévenir va laisser des traces et le silence étourdissant du ministère sur ce point ne fait que renforcer l’impression des militaires d’être des pions dans les mains du pouvoir politique. C’est fâcheux au moment où l’armée française s’engage de manière risquée au Liban.

C’est ensuite, le malaise récurrent des gendarmes qui ressurgit à tort ou à raison. Malaise peu compréhensible pour le reste des armées puisqu’ils sont incontestablement les mieux payés des militaires métropolitains à grade égal ou comparable sans même ajouter dans la balance leur logement qui est sans doute moins un avantage personnel qu’une facilité pour leur commandement. Pourtant, une sourde et lourde insatisfaction monte. Elle se manifeste par les nombreux dossiers de gendarmes que l’Adefdromil reçoit. Elle s’exprime sur des forums extérieurs. Ces indicateurs témoignent de la volonté du commandement de la gendarmerie de mettre une chape de plomb sur l’institution, de museler les contestataires. La concertation aussi bien au niveau local qu’au niveau central est devenue purement formelle. Tout cela n’est pas vraiment surprenant puisque le système militaire de concertation interne est incapable de se réformer. Et le problème est ressenti avec d’autant plus d’acuité chez les gendarmes, que leurs missions et leur organisation les poussent logiquement à faire des comparaisons avec la condition des fonctionnaires de police.

Il faut ajouter à ces manifestations évidentes de malaise et d’insatisfaction, la politique continue de répression et de blocage entretenue par la commission de recours des militaires présidée illégalement par un contrôleur général des armées, composée de manière monolithique d’officiers généraux en retraite rémunérés à la vacation et dont le mandat peut ne pas être renouvelé s’ils se révèlent trop complaisants avec les requérants. L’Adefdromil a appris ainsi qu’un général de corps d’armée qui en faisait partie à ses débuts, n’a pas été reconduit dans ses fonctions car il s’était montré trop favorable aux militaires présentant des recours.

C’est enfin, la sclérose permanente du système de concertation des armées dans lequel les représentants aux conseils d’armée sont tirés au sort au lieu d’être élus, dans lequel ils n’ont aucune formation leur permettant de dialoguer utilement et efficacement et dans lequel ils n’ont aucune disponibilité particulière pour remplir leur mandat. Quant aux présidents de catégorie, leur docilité conditionne leur déroulement de carrière et bien peu sont ceux qui jouent pleinement leur rôle.

L’Adefdromil consciente de tous ces problèmes prépare un programme d’action pour le prochain quinquennat. Elle va le soumettre à ses adhérents pour qu’ils puissent l’enrichir de leur expérience et de leurs idées. Elle entend ensuite le présenter aux différents candidats à la présidentielle en leur demandant de se prononcer sur les mesures concrètes qui vont y figurer.

La rédaction

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