Maître Gérard DUCREY plaidera Jeudi 11 août 2005 devant le juge des libertés et de la détention de SARREGUEMINES afin que soit ordonnée la sortie de Régis LE TOHIC.

L’ADJUDANT LE TOHIC, qui s’était retranché dans un dépôt de munitions
(Extrait du journal LE PARISIEN du 1er Août 2005) (1)

Régis LE TOHIC commence à trouver le temps long. Cet adjudant de l’armée de terre qui s’était retranché par désespoir soixante heures dans un dépôt de munitions début décembre 2004 à Connantray (Marne), végète depuis quatre mois à l’unité pour malades difficiles (UMD) de l’hôpital psychiatrique de Sarreguemines (Moselle).
« Après quatre mois de détention, mon client a été interné d’office par le préfet de la Marne » rappelle Me Gérard DUCREY, qui réclame la sortie du sous-officier, retenu à ses yeux « de façon arbitraire chez les fous dangereux ». La voix posée, l’ancien forcené de Connantray s’exprime pour la première fois et revient sur ce 4 décembre 2004 où, selon son expression, il a fait « une grosse bêtise ».

« Une question d’éthique et d’honneur »

« Non, je n’ai jamais eu l’intention de tout faire sauter. A aucun moment je n’ai mis la vie de quelqu’un en danger » insiste d’emblée Régis Le Tohic, bientôt 48 ans, joint hier par téléphone à Sarreguemines. Le geste du militaire en conflit avec sa hiérarchie depuis des années a été présenté à l’époque comme celui d’un désespéré. Maintenu à son grade pendant quatorze ans, l’adjudant avait perdu son sang-froid en voyant s’approcher son inéluctable mise à la retraite d’office. « On m’a poussé à bout, c’est vrai, j’étais sous pression, mais cette histoire de retraite n’est pas le motif de mon coup d’éclat. je voulais attirer l’attention. Une question d’éthique et d’honneur », corrige l’intéressé. Selon Régis Le Tohic, ses ennuis ont démarré à partir du moment où il a dénoncé des dérives au sein de l’armée. « En Bosnie en 2001, par exemple, j’ai été confronté à des problèmes d’alcoolisme chez les militaires. Parmi eux, un chef qui a été de 2002 à 2004 chargé de ma notation. Autant dire qu’il m’a saqué ». Décrit comme « ombrageux et procédurier » par certains de ses supérieurs hiérarchiques, l’adjudant se présente comme un bouc émissaire, victime de son devoir.

« J’ai découvert des disparitions de munitions. J’ai fait des rapports, il y a eu des enquêtes de commandement qui n’ont pas toutes abouti. J’ai aussi fait condamner un colonel pour malversations. Quand on soulève un lièvre, soit on couvre, soit on dénonce. Moi j’ai dénoncé. Je l’ai payé au prix fort », résume le sous officier, à la retraite depuis fin 2004.

A Sarreguemines, Le Tohic occupe ses journées en fabricant de petites voitures en bois. « il n’y a pas la télé et on se promène dans la cour s’il y a assez d’infirmiers », raconte-t-il. A ses yeux, sa place n’est pas à l’UMD. « Les médecins ne trouvent pas chez moi cette psychose paranoïaque qui a prétendument justifié mon internement », ironise-t-il.

Depuis, une contre expertise a rendu un avis positif sur l’état de santé mentale du patient « Mais on ne peut libérer directement une personne détenue en UMD », ajoute Régis Le Tohic, qui doit être transféré après-demain dans un autre hôpital psychiatrique. L’espoir revient. « Il est plus que temps » ajoute le retraité qui, une fois libre, aimerait voyager dans les Iles du Pacifique.

Geoffroy Tomasovitch

(1) Le Parisien Site web : www.leparisien.com
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