Femmes gendarmes : quatre récits de harcèlement ordinaire (Par Jacques Bessy)

L’Association de défense des droits des militaires (Adefdromil) traite chaque année plus de 200 dossiers de militaires en délicatesse avec leur institution. Souvent, il s’agit de problèmes touchant leur situation personnelle : notation, mutation, sanctions. Rien que de très « normal » sur un effectif d’environ 350 000 personnes soumises au statut militaire.

En revanche, nombre de militaires de la gendarmerie -souvent féminins- contactent l’Adefdromil pour se plaindre de faits de harcèlement de la part de leur hiérarchie.

La fréquence et la permanence de ces plaintes reflète un mode de management pervers. Ce phénomène explique aussi le malaise latent qui règne dans cette institution et les tensions qui peuvent parfois déboucher sur des drames humains.

La gendarmerie est ainsi la seule institution, avec la Légion étrangère, dans laquelle des militaires se sont entretués, puis suicidés en juillet 2007 à Malakoff, et à Château-Gontier en septembre 2008. Est-ce un hasard ?

A la Légion, on cogne et on pousse à la désertion. Dans la gendarmerie, on préfère le harcèlement et l’acharnement psychologique. A chacune de ces institutions, son style, sa culture, son mode de management pour éliminer ceux dont on a décidé qu’ils n’étaient pas dignes de continuer de servir.

A l’analyse, trois facteurs -entre autres- favorisent le harcèlement et l’acharnement dont se plaignent les victimes dans la gendarmerie :

  • Le culte du travail bien fait, du perfectionnisme, mais aussi du conformisme de la pensée et du comportement qu’on y professe. Cet enseignement, a priori louable, intégré au pied de la lettre dans les esprits formatés de certains officiers et gradés, se transforme en un véritable endoctrinement. Les cadres peuvent alors devenir, si l’occasion se présente, des bourreaux pervers à la petite semaine.
  • Contrairement à la loi du 13 juillet 1983 portant droits et obligations des fonctionnaires, le statut général des militaires intégré dans le code de la défense ne traite pas du harcèlement, qu’il soit de nature morale ou sexuelle. En l’absence de garde-fous, ce sont donc les principes de l’obéissance hiérarchique et les règles de la discipline militaire qu’on utilise avec peu de contraintes. Toutes les dérives sont alors possibles selon la personnalité et la culture générale des chefs.
  • Le troisième facteur réside dans le déroulement même de la carrière de tout sous-officier de gendarmerie. En effet, contrairement aux autres armées, dans lesquelles la plupart des non-officiers servent sous contrat, dans la gendarmerie, il faut impérativement être titularisé au bout de six ans au maximum. C’est ce qu’on appelle « l’admission dans le corps des sous-officiers de carrière ». Et ce goulot d’étranglement peut devenir le prétexte à des faits caractérisés de harcèlement et d’acharnement contre un militaire dès lors qu’un ou plusieurs membres de sa hiérarchie estiment, par excès de zèle et manque de clairvoyance, qu’il n’est pas digne de « passer de carrière » et qu’il doit être « rendu à la vie civile ».

Ainsi va la gendarmerie, qui affirme par la bouche de l’un de ses généraux (Revue de la gendarmerie du troisième trimestre 2008, page 52) vouloir « placer l’homme au centre de ses préoccupations » et qui, à cet effet, a créé une sous-direction de l’accompagnement du personnel en écho au « débat de société qui touche le monde du travail et qui se focalise sur les notions de pénibilité, de souffrance individuelle, de harcèlement […] ».

Ainsi va la gendarmerie qui privilégie, en fait, la forme au fond, qui préfère le verbe à l’action, qui tient parfaitement à jour les statistiques des suicides et des dépressions, mais qui se révèle incapable de prévenir le harcèlement et qui sanctionne ceux qui le dénoncent.

Voici quatre exemples de harcèlement ordinaire. Les prénoms sont fictifs pour respecter l’anonymat des personnes concernées.

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Cette publication a un commentaire

  1. topolino

    Le troisième facteur réside dans le déroulement même de la carrière de tout sous-officier de gendarmerie.

    En effet, contrairement aux autres armées, dans lesquelles la plupart des non-officiers servent sous contrat, dans la gendarmerie, il faut impérativement être titularisé au bout de six ans au maximum. C’est ce qu’on appelle « l’admission dans le corps des sous-officiers de carrière ».

    Et ce goulot d’étranglement peut devenir le prétexte à des faits caractérisés de harcèlement et d’acharnement contre un militaire dès lors qu’un ou plusieurs membres de sa hiérarchie estiment, par excès de zèle et manque de clairvoyance, qu’il n’est pas digne de « passer de carrière » et qu’il doit être « rendu à la vie civile ».

    bonjour si je suis partage votre constat sur je trouve un peu rapide le paragraphe que j’ai copier collé les sous officiers des autres armees prefererait la solution offerte gendarmerie car au moins ils saurait a quoi s’en tenir , le chantage existe belle et bien aussi tout est a la geule pas question de concour . quelles garanties offrir quand on veut se faire octroyer un pret par exemple une question quel est a ce jour le temps de service moyen pour un sous officier autre que la gendarmerie , pour etre de carriere?

    pour ma part j’ai vecu cela suite a un accident en service 12 ans de grade et admission soc a la 13 annee avec passage au grade sup et je vous passe les details

    cordialement Bernard PRIEUR.

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