La demi-part d’impôt rétablie pour les veuves et veufs d’anciens combattants (Maître Aïda MOUMNI)

Grâce à un amendement de la loi de finances pour l’année 2020, l’ensemble des veufs et veuves de plus de 74 ans d’anciens combattants bénéficieront d’une demi-part fiscale à compter de l’âge de 74 ans.

Une inégalité de traitement depuis 2014

Avant 2009, les anciens combattants ou veuves d’anciens combattant avaient droit à une demi part fiscale supplémentaire s’ils vivaient seuls et avaient eu des enfants soumis à l’impôt séparément de leur père ou mère.

Dans le cadre de la loi de finances de 2009, cette demi-part fiscale a été progressivement supprimée pour devenir définitive en 2014.

Ainsi, depuis cette date seule les veuves de plus de 74 ans dont l’époux ancien combattant était décédé après 75 ans pouvaient bénéficier de cette demi part fiscale supplémentaire et seulement à la condition que le bénéficiaire de la retraite du combattant ait été d’ores et déjà demandée par celui-ci avant son décès.

cette situation a conduit à des inégalités de traitement entre personnes placées dans la même situation au regard de critères peu pertinents sans compter que cette loi a conduit de nombreuses personnes à devenir imposables alors qu’elles ne l’étaient pas ou à subir des hausses d’impôts sans hausse de leur revenus ou encore à perdre le bénéfice de certaines exonérations.

Un amendement adopté le 13 novembre 2019

Les députés parlementaires Joël GIRAUD et Jean-Paul DUFREGNE ont œuvré pour sensibiliser le gouvernement à cette situation et on déposé une proposition d’amendement le 8 novembre 2019 dans le cadre de l’adoption de la loi de finances pour l’année 2020.

L’exposé sommaire de l’amendement précise :

« Selon les dispositions de l’article 195 du code général des impôts, les titulaires de la carte du combattant ou d’une pension servie en vertu des dispositions du code des pensions militaires d’invalidité âgés de plus de 74 ans bénéficient d’une demi-part fiscale supplémentaire.

Cette demi-part fiscale est également octroyée aux veuves de ces personnes, si celles-ci ont plus de 74 ans, et que leur conjoint ont pu en bénéficier de leur vivant.

Cette disposition créé une différence de traitement entre les veuves de plus de 74 ans, en fonction de l’âge auquel leur époux est décédé.

Le présent amendement permet à toutes les veuves, ayant atteint l’âge de 74 ans, de bénéficier de la demi-part additionnelle, dès lors que leur mari a touché la retraite du combattant.

La retraite du combattant, prévue par l’article L. 321‑1 du code des pensions militaires d’invalidité et des victimes de la guerre, est versée aux titulaires de la carte du combattant après l’âge de 65 ans, et à titre résiduel dès 60 ans (353 personnes en 2018).

Le chiffrage de cette mesure est estimé à environ 30 millions d’euros.

Fin 2018, 940 071 personnes bénéficiaient de la retraite du combattant. À cette date, l’ONAC-VG indique que le nombre de veuves de ressortissants était de 799 500 (tous âges confondus). En 2021, date d’application de la mesure, on estime qu’elles ne seraient plus que 730 000 (en incluant l’extension de la carte du combattant aux soldats présents en Algérie entre 1962 et 1964).

Sur ces 730 000, 720 000 ont plus de 74 ans selon la pyramide des âges de 2021. La probabilité qu’une personne décède entre 65 et 74 ans est de 15 pour 1 000, selon les chiffres de l’INED. 100 000 veuves seraient donc concernées ( 720 000*(1-(1‑15/1000)^10) ). Sur ces 100 000 personnes, la moitié payent l’impôt sur le revenu, soit 50 000 veuves au total. Aujourd’hui, l’avantage fiscal lié à cette mesure est de 600 euros par foyer. En multipliant 600 par 50 000, ont obtient 30 millions d’euros.

En outre, la soutenabilité financière de cet amendement est assurée étant donné la baisse tendancielle des effectifs de la mission. Les crédits de paiement de la mission Anciens combattants diminuent structurellement d’une année sur l’autre (-141 millions d’euros pour le PLF 2020, -130 millions d’euros pour la LFI 2019). S’agissant de cette dépense fiscale, elle a coûté 560 millions d’euros en exécution en 2018 et elle est chiffrée à 540 millions d’euros en 2019 (-20 millions d’euros) » (cf lien suivant : http://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/amendements/2272C/AN/2570)

Le gouvernement a été sensible à ces arguments et a accepté de rétablir la demi part fiscale pour l’ensemble des veuves ou veufs de plus de 74 ans dont les conjoints ont bénéficié de la retraite du combattant et a supprimé la référence à l’âge de décès du retraité.

Ces dispositions s’appliqueront à compter du 1er janvier 2021.

© MDMH – Publié le 15 janvier 2020

Maître Aïda MOUMNI

Maître Aïda MOUMNI

Avocat associé et fondateur
Expert en droit des militaires, Aïda MOUMNI a plus particulièrement en charge au sein de MDMH AVOCATS le contentieux financier, social, indemnitaire et de fin de service des militaires et anciens militaires (soldes, accessoires de solde, Louvois, trop-perçus, moins versés, lien au service, retraite, pension de réversion, indemnités de départ …) Elle intervient conjointement avec Elodie MAUMONTdans le cadre du contentieux médico administratif des militaires, des pensions d’invalidité et des demandes connexes (jurisprudences BRUGNOT et autres).

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