Le général Bruno Clément-Bollée parle de « notre dette envers l’armée d’Afrique »

Des troupes africaines vont défiler sur les Champs-Élysées. Passage en revue par le général Clément-Bollée, qui va quitter Bordeaux pour le Quai d’Orsay.

Le général Bruno Clément-Bollée, commandant de la région terre Sud-Ouest, quitte Bordeaux pour prendre en charge la coopération de sécurité et de défense au ministère des Affaires étrangères. Ayant fait le plus clair de sa carrière militaire en Afrique, il salue la présence à Paris au défilé du 14 Juillet de contingents venus des pays africains qui fêtent les 50 ans de leur indépendance. Et il passe en revue l’évolution de la Défense.

« Sud Ouest ». Vous quittez la direction de l’armée de terre de la région Sud-Ouest pour rejoindre le Quai d’Orsay. Le militaire se fait diplomate ?

Général Bruno Clément-Bollée. Je vais prendre en charge au Quai d’Orsay la coopération de sécurité et de défense, à savoir l’addition de la coopération militaire, de police et de gendarmerie. La France a choisi de proposer une coopération globale en se basant sur le fait qu’il existe un continuum entre sécurité intérieure et extérieure. Cette direction des Affaires étrangères mêle donc militaires, policiers, gendarmes et diplomates. Je vais d’ailleurs m’occuper de certains de nos accords de défense, ceux du moins qui ont été renouvelés sous une forme de coopération.

Que représente l’Afrique dans vos fonctions ?

Environ les deux tiers de l’activité de cette direction, mais il y a aussi l’Amérique du Sud, le Moyen-Orient et quelques pays d’Asie qui veulent échanger avec nous à travers des accords de coopération.

Qu’est-ce que ses partenaires, notamment africains, attendent de la France aujourd’hui en matière de sécurité ?

Le modèle français s’est toujours bien exporté. On apprécie en général son appréhension des problèmes et son organisation, qui a été revue en regroupant les divers types de coopération. Le concept globalisé de sécurité et défense intéresse. Quand un pays vous demande de l’aider à réorganiser sa police, il vous demande en général la même chose pour des composantes de son outil de défense, car il constate comme nous qu’il faut une approche globale. C’est efficace et cela permet de faire des économies.

C’est votre dernier 14 Juillet à Bordeaux. Mais « l’Africain » que vous êtes aura un œil sur les Champs-Élysées…

Oui, car des troupes de treize pays africains indépendants depuis 1960 défileront, à l’exception de la Côte d’Ivoire qui n’a pas souhaité envoyer de troupes et se contente de dépêcher son ministre de la Défense. Au-delà d’une longue histoire partagée – 350 ans avec le Sénégal -, on a encore beaucoup en commun : la langue, des valeurs, une forme de solidarité. C’est cela qu’on va célébrer, et j’observe que tous ces pays seront là, malgré les polémiques sur le fait que la France s’arrogerait le droit de fêter ces indépendances. Je crois qu’ils ressentent les choses comme nous.

Vous avez organisé l’exposition « Combattants d’Afrique » à Bordeaux (1). Qu’a représenté cette « force noire » dans la défense de la France ?

J’ai passé de longues années en Afrique et connu beaucoup d’anciens combattants qui se sont battus aux côtés de nos pères sur le sol français. Leur contribution me touche énormément. Nous avons vis-à-vis d’eux une dette de sang et nous devons leur rendre tout simplement hommage.

Ce 14 Juillet bordelais voit défiler pour la dernière fois le 57e bataillon d’infanterie…

Oui, on l’appelle d’ailleurs « bataillon de Bordeaux » car il est là sans discontinuer depuis 1874. Auparavant, il avait stationné à Libourne et à Jonzac.

Nous changeons de format. Nous aurons à la place une entité qui va soutenir l’ensemble des organismes de la défense présents à Bordeaux, terre, marine, air, mais aussi la Délégation générale de l’armement : le Groupement de soutien de la base de défense. Ces bases de défense verront le jour début 2011. Celle de Bordeaux va regrouper toutes les entités de défense, mais aussi la base aérienne de Mérignac et le camp de Souge.

(1) Jusqu’au 31 octobre, au centre Jean-Moulin de Bordeaux.

Source: www.sudouest.fr

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