Louvois : le ministère de la défense boit le bouillon, mais ne veut pas jeter l’éponge. Où est le ministère bien tenu, que vantait tant Jean Yves Le Drian à son arrivée à l’hôtel de Brienne en 2012 ? (Par Jacques BESSY, président de l’Adefdromil – Aide aux victimes)

Louvois : le ministère de la défense boit le bouillon,

 mais ne veut pas jeter l’éponge.

 

Où est le ministère bien tenu, que vantait tant Jean Yves Le Drian à son arrivée à l’hôtel de Brienne  en 2012 ?

Par Jacques BESSY, président de l’Adefdromil – Aide aux victimes

 

Dans une note datée du 2 mai 2016, faisant suite à une réunion du 19 avril 2016, le directeur de cabinet du ministre, numéro 2 du ministère de la défense, reconnaît le fiasco de la campagne de récupération des trop-versés réels ou hypothétiques.

La CRM à bout de souffle.

Les capacités de la CRM ne permettent pas de traiter le stock de recours. Selon nos sources, il y en aurait plusieurs milliers. Le retard pris crée un risque de condamnation de l’Etat devant les tribunaux administratifs.

Apurer pour mieux récupérer ?

Le ministère va tenter d’apurer le stock de la commission des recours des militaires (CRM) en classant les recours en trois catégories :

  1. Les trop-versés avérés (19% du total estimé) conduisant à un rejet du recours
  2. Les trop-versés, dont une partie seulement serait certaine (75%), conduisant à un agrément partiel
  3. Les trop-versés non avérés (6%), débouchant sur l’agrément des recours

Selon M. Cédric Lewandowski, ce classement permettrait de récupérer 13 millions d’euros, tout en abandonnant 2 millions.

Ce qui nous semble grave, c’est que le numéro 2 du ministère assume parfaitement les arrangements avec les erreurs de calcul, les erreurs de droit et l’acharnement envers les administrés. Qui peut avoir encore confiance dans un Etat malhonnête, incapable de reconnaître ses erreurs et sa responsabilité ?

Toujours un flou artistique.

Ce que ne précise pas la note du directeur de cabinet, c’est ce qu’est une créance « robuste ».

La plupart des décisions du CERHS de Nancy sont incompréhensibles et dépourvues de motivation. C’est à dire que l’Etat n’apporte pas la preuve de la réalité des créances qu’il prétend détenir : calcul précis et preuve du versement de la somme réclamée. Le CERHS ne produit jamais un état mois par mois des paiements indus alors que la solde est payée mensuellement.

Et puis, comment intervient la prescription biennale, prescription de droit commun ?

A cet égard, dans la partie « décisions » de sa note, le directeur de cabinet maintient le principe de l’application d’une prescription quinquennale pour les avances…Et pour le reste, on peut s’interroger, quand on sait que systématiquement les notifications du CERHS visent des périodes de références supérieures à deux ans.

Et pour bien compliquer la tâche des administrés, il est précisé que « le traitement des dossiers ne sera fait que lorsque ceux-ci se trouveront en décision implicite de rejet (4 mois après la notification initiale) afin que le ministre puisse y substituer une nouvelle décision ». C’est la preuve de la mauvaise foi du ministère qui cherche à épuiser les administrés pour tenter de récupérer des créances douteuses. Car, l’intervention d’une nouvelle décision oblige le requérant à reformuler le recours contentieux qu’il aurait déjà engagé devant la juridiction administrative.

Les titres de perception sont exclus de ce bilan catastrophique.

Cette note ne concerne pas les créances ayant fait l’objet de titres de perception du Trésor public (DRFIP), dont le contentieux échappe à la CRM. Le plus souvent, les victimes sont des militaires ayant quitté le service. Et il y en a beaucoup, et pour des sommes importantes, selon ce qui est porté à la connaissance de l’Adefdromil-Aide aux victimes, qui n’est pourtant saisie que d’une modeste partie des litiges.

La justice administrative sanctionne.

Un tribunal administratif vient de prononcer l’annulation d’une créance de plus de 50 000 euros pour défaut de motivation et de condamner l’Etat à verser 1500 euros au requérant :

« Considérant que, par la décision attaquée, le ministre de la défense a mis à la charge de M. D une somme de X euros au titre de trop-perçus de rémunération pour la période du (dates), que dans le cadre de la présente instance, le ministre soutient qu’il était fondé à mettre à la charge de M.D  une somme de Z euros ; que toutefois, il ne fournit aucune explication sur cet écart de  (plus de 10 000 euros) ; qu’au surplus, les montants dont le ministre soutient être fondé à solliciter le remboursement au titre de… varient dans ses écritures ; que, dans ces conditions, l’administration ne met ni l’intéressé ni le tribunal à même de contrôler la réalité de la créance qu’elle soutient détenir sur M. ; »

C’est la première décision relative au contentieux Louvois  obtenue par Maître Moumni du cabinet parisien MDMH, que l’Adefdromil – Aide aux victimes recommande à ses adhérents. Elle en annonce sans doute d’autres, tout aussi désagréables pour le ministère.

Pour la petite histoire, le rapporteur général de la CRM, Michael Poyet, ancien officier du Commissariat des Armées devenu magistrat administratif a rejoint le Tribunal administratif de Versailles en mars dernier après un détachement de plusieurs années.

Va t-il juger des dossiers qu’il aurait eu à connaître à la CRM ? Le respect du principe d’impartialité voudrait, nous semble t’il, qu’un magistrat ayant servi dans un ministère, ne puisse  juger des causes qu’il a eu à connaître dans ses fonctions antérieures.

Mais, l’Etat adore le mélange des genres…

On ne change pas une équipe qui gagne.

On comprend mieux que le directeur de cabinet ordonne que « la lettre de notification des trop-versés (soit) modifiée pour être compréhensible par les administrés » et qu’il demande au CERHS de se réorganiser pour « basculer d’un traitement de masse des trop-versés à un traitement qualitatif ».

Désormais, il faut un traitement politique du fiasco Louvois.

L’Adefdromil – Aide aux victimes qui avait été la première à signaler les dysfonctionnements de Louvois début novembre 2011, va alerter les plus hautes autorités de l’Etat pour qu’il soit mis fin aux tentatives de recouvrements de ces trop-versés fondés ou non, résultant des aberrations du calculateur commandé par l’Etat.

L’Etat doit assumer sa responsabilité et prendre ses pertes.

Halte au feu !

 

Lire la note n°3462 DEF/CAB/C2C/CMH du 02 mai 2016 au format pdf: https://www.adefdromil.org/wp-content/uploads/2015/06/article_4620-1-1.pdf

 

Lire également

Le ministère de la Défense est-il un ministère bien tenu ? (Par Jacques BESSY, président de l’Association de Défense des Droits des Militaires) (13 Juil 2012)

Ces chantiers informatiques qui rendent folles les entreprises

 

 

 

 

Cet article a 5 commentaires

  1. Anonyme

    Bien vu…

  2. Anonyme

    Bonjour à tous !
    En effet, « halte au feu ». En ce qui me concerne, 15 000€ de trop versé, c’est vrai mais repris les mois suivants avec des soldes de 0€ !!! 3€ !!! etc. (preuves à l’appui, mes fiches de soldes et mes relevés bancaires. Donc, je ne dois plus rien mais rien n’y fait…
    Notifications de trop versé…Titre de paiement des impôts m’indiquant de payer sous peine de majoration de 10%.
    Avec mon épouse, nous allons craquer…
    Bande de s….. et en plus incompétents !!!
    Mon dossier va au tribunal avec un avocat. Et dire que s’ils avaient pris le soin ne serait-ce que de lire mes explications et de simplement regarder les photocopies en pj, nous n’en serions pas là…
    Pôvre France…

  3. Anonyme

    Bonjour,
    Serait-il possible d’avoir le numéro et le nom du tribunal administratif qui a rendu cette fameuse décision qui laisse entrevoir une lueur d’espoir pour les milliers de pauvres militaires qui se font avoir à cause de Louvois!
    Merci par avance

  4. Anonyme

    Bonjour à tous !
    Et dire que le PDG d’Amazon gagne 2 000€ par seconde (vu dans la presse). 8s de son salaire et mon pb louvois serait réglé

  5. Anonyme

    Salut.
    A l’heure actuelle un CF (capitaine de frégate, l’équivalent d’un lieutenant colonnel) part avec 220 000 euros de pécule. Il part aussi avec le dernier indice de son grade à la retraite, chose qu’il n’ aurait jamais eu en restant en activité.
    Le pécule des amiraux va jusqu’à 1 million d’euros.

    Et certains en profitent 6 mois avant de partir pour se faire des stages de plusieurs
    millers d’euros afin de se recaser plus tard. Belle mentalité de tout pour ma gueule.
    Ces stages sont au détriment des personnels qui restent et qui assument leur travail sans stage ( merci chef) depuis des années.

    Au Ministére on apprends pas à servir mais à vomir.

    Quand le Ministére de le Défense veut qu’on chante la Marseillaise pour une go-pro de merde à 150 euros il se croit en afrique avec nous, frêres combattants.

    Virez vos tirans et vos nobles avant de chanter un truc qui vous dépasse bleubites,
    je vais te bouffer petit mollusque!

    Un noir de peau qui va te laminer.

Les commentaires sont fermés.

À lire également