Le réserviste, un bouche-trou, trop souvent méprisé ? Par Charlie Tonnaire (1),

L’Adefdromil publie le témoignage d’un officier de réserve sur le sens à donner à la notion d’engagement et sur la citoyenneté.

Témoignage : 

Un jeune officier s’engage dans la réserve opérationnelle par acte de citoyenneté et pour participer à la défense de son pays. Son profil et son expertise intéressent les armées. Il est affecté sur une base en région parisienne.

Ouverture, accueil chaleureux, confiance et respect réciproques sont alors le reflet d’une intégration réussie.

L’investissement personnel de notre officier-citoyen est  massif. Il travaille certaines années à plein temps en remplacement d’un officier parti à la retraite. Dans le privé, une telle charge de travail aurait donné lieu à une requalification du contrat. Mais, voilà, nous sommes dans un autre monde.

La hiérarchie est tellement satisfaite de ses prestations qu’elle envisage sérieusement de recruter notre réserviste fin 2010.

C’est le début de la descente aux enfers : d’abord les restrictions de personnels, puis une erreur d’appréciation de l’un des échelons de la chaîne hiérarchique. Le recrutement dans l’active qui avait commencé, s’arrête net.

Courriers, saisines, demande d’intervention ministérielle n’y font rien.

En retour, courrier condescendant de l’inspection générale. Les entretiens obtenus traduisent une certaine malhonnêteté intellectuelle et une interprétation discutable des textes réglementaires. Pas grave, après tout, il ne s’agit que d’un réserviste !

Antérieurement à l’arrêt du recrutement en cours, cet officier logeait sur base. Il en fut délogé presque manu militari, sans considération. En effet, il fallait libérer des chambres  et cet officier n’était pas considéré comme « prioritaire ». Peu importe alors que son activité s’exerçât sur des militaires tenant des fonctions sensibles !

Il faut ajouter à ces mauvaises manières les retards dans le paiement de solde et le remboursement des frais de missions, sans même que le SIRH Louvois ne soit en cause.

Dans la foulée de la fin de la saisine auprès de l’inspection générale, l’officier- citoyen est gratifié d’une notation truffée de fautes d’orthographe, adressée courageusement  par courrier. Il passe d’ « excellent » à « bon », et le notateur à « préférerait ne pas l’avoir sous ses ordres», contrairement au passé où il «appréciait de l’avoir ».

Bref, rien d’exceptionnel, de nombreuses histoires touchant les militaires recèlent ce manque de considération et ces comportements peu dignes.

Toutefois, un élément supplémentaire conduit Charlie T à s’interroger sur ses mésaventures.

Retour en arrière : notre officier a connu sans l’avoir cherché, bien avant son entrée dans la réserve un agent des renseignements américains : John, fraîchement sorti du Rutgers College dans le New Jersey. Celui-ci reprend contact, comme par hasard, 10 ans plus tard, en 2006, au moment même où Charlie prend ses premières informations  téléphoniques avec le ministère de la défense en vue d’intégrer la réserve. Sans autre forme de procès, John lui propose de travailler pour son service.

Sans être « parano », Charlie T pense aujourd’hui avoir été probablement pris dans les mailles de PRISM et des métadonnées. Il est devenu une cible.

Charlie T devenu entre temps officier de réserve a rendu compte aux autorités compétentes du ministère de la défense, en précisant l’étrangeté et l’ampleur de la prise de renseignements sur sa modeste personne.

Il suppose qu’il figure en bonne place parmi les cibles potentielles recensées par la DPSD.

Y a-t-il un lien avec le rejet de plusieurs nouvelles candidatures, dont une dans la gendarmerie, et l’échec de ses démarches ? Il est en droit de s’interroger.

Alors, quelles leçons tirer de cette expérience au sein de la réserve opérationnelle ?

 –  Tout d’abord, il faut bien réfléchir sur son engagement au sein de la réserve opérationnelle au nom de son honneur et de sa dignité,

–  Ensuite, dans l’hypothèse où on est contacté par une nation étrangère, il faut bien entendu refuser l’offre de collaboration. Mais, il semble préférable de faire l’autruche. Alerter peut au final vous desservir et vous faire paraître suspect aux yeux des services de renseignement ! Toute candidature ultérieure risque alors de se heurter au filtre des fichiers de sécurité.

La suite : à suivre, en librairie dans les prochains mois.

« OMNIAS SI PERDAS FAMAM SERVARE MEMENTO »(2)

(1)   Pseudonyme.

(2)   « Si tu as tout perdu, souviens-toi qu’il reste l’honneur ». Devise du 1er RHP

Mots – clés : Réserve, citoyenneté, sens de l’engagement, PRISM, CIA

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