« Secret défense » tenace

« Affaire Rigault. La justice refuse de dévoiler les conclusions d’une enquête »

Réfutant la thèse du suicide de son mari, ingénieur à la DCN Indret, elle se heurte à l’omerta. Et perd au tribunal.
Elle promet « de ne pas baisser les bras » même si le combat, plus que jamais, s’avère « difficile et éprouvant ». Annick Le Saux est la veuve d’André Rigault, cet ingénieur de la DCN (Direction des constructions navales) Indret dont le corps sans vie a été retrouvé sur son lieu de travail en 1998. L’enquête a conclu au suicide de l’intéressé. Annick Le Saux a toujours récusé cette thèse.

« S’il n’y a rien à cacher, qu’on nous laisse accéder au dossier »

Jeudi, elle a essuyé un nouveau revers. Le juge des référés du tribunal de grande instance de Paris a déclaré irrecevable sa demande visant à obtenir les conclusions d’une enquête interne, classée secret défense, portant sur la mort de son conjoint.
« Je me doutais de l’issue de cette procédure mais j’accuse le coup quand même, indique Annick Le Saux. L’armée soutient que la mort d’André n’a aucun lien avec son activité professionnelle, et le fait qu’il travaillait sur un important contrat au coeur de l’affaire Karachi. Mais s’il n’y a rien à cacher, qu’elle nous laisse accéder à l’intégralité du dossier. »

« Ultime cartouche »

Me Emmanuel Ludot, avocat d’Annick Le Saux, se déclare convaincu que la mort d’André Rigault est un « crime commis par des barbouzes, à l’instar de ce qui a pu se passer dans l’affaire des Frégates de Taïwan, où deux morts par noyade ont été constatées ». En guise « de possible mobile », l’avocat brandit le fait qu’André Rigault aurait manifesté son désir de quitter la DCN, à la suite d’un contentieux avec sa direction. « Il travaillait sur des dossiers sensibles. On peut imaginer que l’on redoutait son départ… »
Me Ludot confirme qu’il va porter plainte contre X, pour assassinat, auprès de la justice pakistanaise. « La plainte est prête, j’attends le feu vert de mon correspondant pakistanais ». Ce sera « la dernière cartouche. Mais elle mérite d’être jouée car la vérité se trouve dans ce pays. Sinon c’est cuit. »

Yan Gauchard 

Source : Presse Océan du samedi 14 juillet 2012

 

 

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