Afghanistan:extrait du Point de presse du 10 octobre 2008 du Porte-Parole du ministère des Affaires étrangères

Devant la commission des Affaires étrangères de l’Assemblé nationale cette semaine, le ministre a révélé que les Vingt-sept sont d’accord pour soumettre une proposition aux Etats-Unis après les élections du 4 novembre notamment pour instituer un commandement unique pour les deux forces qui opèrent en Afghanistan, c’est-à-dire l’OTAN-ISAF et les forces américano-afghanes de l’opération « Liberté immuable ». Vous êtes revenus par la suite sur ces propos. Pouvez-vous nous clarifier la position de la France là-dessus ?

Je ne suis pas sûr que le ministre ait été aussi spécifique et affirmatif sur la fusion des commandements. Ce qui est important, c’est de coordonner les efforts des différentes forces, en l’occurrence celle de l’OTAN – la FIAS – et celle qui opère dans le cadre de l’opération liberté immuable. Cela ne veut pas dire nécessairement ou obligatoirement une fusion des état-majors ou la transformation de deux état-majors distincts en un état-major unique. L’important c’est de renforcer la coordination.

On a de plus en plus de généraux et de diplomates, récemment encore David Petraeus, qui recommandent plutôt le dialogue avec les ennemis, à savoir les talibans. Qu’en pensez-vous ?

Nous avons eu l’occasion de nous exprimer à plusieurs reprises sur le sujet, notamment le ministre lors de l’audition devant la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale et le Premier ministre lors du récent débat au Parlement. L’essence de notre position c’est de dire qu’il n’y a pas de solution militaire à la crise en Afghanistan et qu’il faut une solution politique et donc, avec cette appréciation que nous portons, nous pensons qu’effectivement tous les efforts doivent être menés pour parvenir à une réconciliation nationale avec ceux qui acceptent le principe d’une réconciliation nationale, c’est-à-dire qui refusent la violence et déposent les armes et inscrivent leur démarche dans le cadre de la constitution afghane. Il y a des efforts qui sont poursuivis dans cette optique et, ce qui est important, c’est que l’objectif soit bien la réconciliation et la stabilisation de l’Afghanistan. Ce n’est pas selon nous avec des extrémistes de type djihadistes internationaux que l’on parviendra à cet objectif, donc le dialogue ne s’applique pas à eux.

Comment allez-vous faire la distinction ?

Nous avons notre libre jugement et nous portons notre appréciation sur qui est qui. Ce sont des efforts qui sont menés d’abord par les Afghans entre eux et c’est à eux et notamment au président Karzaï qu’il appartient de définir ceux avec lesquels il discute, avec cet objectif de la réconciliation et de la stabilisation de l’Afghanistan. Pour notre part, nous faisons la distinction entre les djihadistes et les autres.

Vous considérez en ce moment les talibans comme des djihadistes ?

Il y a dans le paysage afghan plusieurs catégories d’acteurs et, clairement identifiés, les djihadistes. Avec ceux-là, il n’y a pas de dialogue parce qu’ils refusent l’idée de réconciliation nationale en Afghanistan. Avec les autres, des nationalistes, qui s’inscrivent dans une démarche de réconciliation dans le cadre des institutions afghanes, c’est une hypothèse possible mais c’est aux afghans de la mettre en oeuvre.

Il y a différents niveaux de Talibans alors, des variations locales ?

Il y a des groupes afghans qui sont en lutte contre les autorités afghanes, il y a des groupes constitués de combattants dit djihadistes internationaux qui mènent également une lutte contre le pouvoir afghan. Je ne suis pas sûr que leurs objectifs soient les mêmes. Nous apprécions les efforts qui peuvent aboutir à une réconciliation nationale en Afghanistan et permettre au peuple afghan de retrouver la paix et la stabilité. Mais ce n’est pas nous qui menons ce dialogue.

Nous avons noté ce qu’a dit le ministre, à propos de tout effort de médiation et à un effort de réconciliation à travers l’Arabie Saoudite. Il était très sceptique face à toute discussion avec les talibans pour des raisons historiques, tribales, etc. Il a dit qu’il ne valait mieux pas essayer de faire des tentatives de cette nature. Quelle est votre réaction à cela en vue des tentatives à l’intérieur de l’OTAN d’amorcer un dialogue avec les Talibans ?

Le candidat Obama estime qu’il est justifié de pénétrer au Pakistan à la poursuite des militants djihadistes si le Pakistan ne peut pas ou ne veut pas s’attaquer à ce problème chez lui. Quelle est votre position là-dessus ?

Sur la première question, le ministre s’est exprimé et je ne vais donc pas commenter ses propos. Sur la deuxième, je ne vais pas non plus commenter les déclarations d’un des candidats à l’élection présidentielle américaine. Mais nous avons toujours dit que le terrorisme était l’affaire de l’Afghanistan et des pays de la région et que la lutte contre le terrorisme devait se mener par coopération entre ces pays.

Et, en cas de manque de coopération entre ces pays, est-ce qu’on a le droit de poursuivre les terroristes sur ces territoires ?

Ce que nous souhaitons c’est que les pays concernés par cette lutte coopèrent entre eux. Nous souhaitons que le Pakistan s’engage aussi résolument dans cette lutte car c’est l’affaire des pays de la région et cela doit passer, pour être efficace, par une coopération entre pays de la région./.

 Source: Ministère des Affaires étrangères et européennes

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