François Hollande organise sa défense (Jean Guisnel)

S’agissant de défense, on savait de longue date que François Hollande a décidé de ne pas chercher la rupture avec la politique en vigueur depuis 2007, mais plutôt des ajustements. Il en a donné la confirmation dimanche matin à Paris dans un long discours qui n’a pas caché les sérieuses difficultés qui attendent le futur président de la République, lui ou un autre, mais sans polémiquer ni contester sur le fond les choix de Nicolas Sarkozy.

Devant un parterre où l’on distinguait plusieurs anciens Premiers ministres (Laurent Fabius, Michel Rocard, Lionel Jospin), de nombreux membres du PS participant au groupe d’experts que conduit le président du conseil général de Bretagne Jean-Yves Le Drian et nombre d’anciens cadres des cabinets des ministres socialistes de la défense, le candidat Hollande a précisé dès son introduction qu’il entendait privilégier une « une constance dans les choix et les décisions », qui ne laisse effectivement pas augurer de changements profonds s’il devait sortir vainqueur du scrutin. Il a, certes, donné quelques coups de patte à Nicolas Sarkozy, appliquant notamment à la défense sa critique de la « pratique du pouvoir exagérément concentrée et souvent désordonnée » reprochée au président sortant.

Primauté du politique

De fait, les armées ont souvent été déboussolées ces dernières années par les interventions élyséennes parfois difficilement lisibles et souvent orientées par la recherche d’effets médiatiques. Le candidat socialiste s’engage sur ce point à « rétablir une cohérence adaptée à cette grande fonction régalienne ». « Il s’agit d’une prérogative éminente de l’exécutif et donc du président de la République. » Exerçant depuis l’Élysée tous les pouvoirs militaires, au point de téléphoner parfois aux chefs d’unités opérationnelles engagées sur le terrain, Nicolas Sarkozy a singulièrement innové en réduisant à la portion congrue le rôle du gouvernement, le pouvoir du ministre de la Défense ne dépassant pas souvent celui d’un chef de bureau.

C’est ce que François Hollande a dit vouloir changer, rappelant le rôle du « Premier ministre, constitutionnellement responsable de la défense nationale », et appelant de ses voeux un ministère de la Défense « organisé autour de la primauté du politique ». « Le rôle du Parlement sera étendu. » Autant d’engagements qu’il faudra juger sur pièces, le cas échéant… François Hollande, chaud partisan du consensus en matière de défense, réintroduit un terme peu usité dans le vocabulaire politique en estimant : « Les occasions qui ont été celles du dissensus, c’est lorsque les principes essentiels n’étaient plus ceux de notre défense nationale. »

Retrait anticipé d’Afghanistan

On savait déjà que…

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Cette publication a un commentaire

  1. Louis Guénolé Saint-Hilaire

    « (…) le premier acte de François Hollande en matière de défense consistera, s’il est élu, à se rendre au sommet de l’Otan à Chicago pour confirmer le retrait des troupes françaises d’Afghanistan avant la fin 2012, un an plus tôt que Nicolas Sarkozy (…). »
    Le vrai souci est de rapatrier nos matériels :
    – Sommes-nous capables financièrement d’un tel effort logistique ? Non.
    – Avons-nous une priorité sur les aéroports et ports maritimes d’embarquement ? Non.
    – Avons-nous une priorité sur les vecteurs étasuniens et privés disponibles ? Non.
    – Sommes-nous capables de trier ce qui devrait être abandonné ? Pas vraiment.
    Entre autres, les VAB et GBC ont quarante ans de bons et loyaux services, il serait dommage de nous en priver pour l’avenir.
    La preuve, ils reviennent. Evidemment, car pas de budget pour acheter du neuf.

    « (…) Il (François Hollande) souhaite faire évaluer les gains – éventuels – du retour de la France dans le commandement intégré de l’Alliance (atlantique) (…) ».
    L’inutilité de l’Allied Command for Transformation (ACT) de Norfolk (Etats-Unis) étant avérée, il convient d’abandonner très vite ce « commandement » surréaliste « généreusement » octroyé à la France, donc d’en rapatrier rapidement la foultitude d’officiers généraux et supérieurs français qui ne commandent rien, ne produisent rien de tangible et obèrent notre budget national, en particulier celui des quelques unités de combat dont nous disposons encore.

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