Malheur à celui qui est au bas de l’échelle !

La grogne continue de persister chez les sous-officiers subalternes qui se considèrent, à juste titre, comme les laissés pour compte de la condition militaire. Tout du moins, c’est l’avis d’un jeune sergent de l’armée de l’air.

Malheur à celui qui est au bas de l’échelle !

Lecteur depuis quelques temps de votre site on s’aperçoit que la condition de militaire bien loin de s’améliorer se dégrade de jour en jour. Mais si elle concerne tous les militaires, elle est fatale pour ceux qui sont au bas de l’échelle, c’est a dire les sous officiers subalternes.

Comment être insensible :

– à cette précarité d’emploi (l’échec à la sélection 2 occasionne de nombreux départs même si certains disent le contraire),

– à cet allongement de la durée de grade qui ne permettra pas à ceux qui auront pourtant réussi la S2 de faire une longue carrière puisqu’ils seront soumis aux limitations de grade,

– à cette augmentation des prix avec un revenu pour un sergent qui ne dépasse pas 7.500 francs alors qu’il a une famille à charge, cette même famille qui a du quitter un emploi pour le suivre à travers les mutations pour un boulot que l’on croyait « assuré »,

– aux permanences de plus en plus fréquentes pour les mécanos car il faut combler les départs anticipés des camarades, avec des repos dont on remet en cause l’existence.

En effet parlons tout d’abord des permanences qui ne sont pas considérées opérationnelles par la hiérarchie, mais sans lesquelles les avions ne voleraient pas. Alors pourquoi tant de différences entre les spécialités ? Pourquoi accorder une prime pour les contrôleurs qui travaillent un jour sur deux et la refuser aux mécanos qui montent la même permanence ? Les mécanos ont juste le droit de travailler le lendemain et souvent sans prendre de repos au motif qu’il s’agit d’une veille couchée. Oui vous avez bien compris la hiérarchie veut supprimer les repos sous prétexte que la permanence sur le lieu de travail n’est pas éveillée et tout ceci pour un gain de 3,05 euros par nuit. Mais qui dans la société civile accepterait de rester sur son lieu de travail 24 heures sans compensation ?

On pensait avoir obtenu avec la nouvelle loi une avancée significative. Et bien non ! Ce sera 40 euros pour le week-end ou le repos, c’est à dire, choisir entre l’argent ou la santé et la sécurité des vols, belle avancée sociale !

De plus les carrières se réduisent progressivement, et ceci n’est pas un vain mot.

Sous officier mécano après X années de service, je suis toujours sergent, même en ayant réussi les examens (BE, S2, SOC). On m’avait pourtant dit « travailler les examens et les portes s’ouvriront », j’ai travaillé, même beaucoup travaillé et les portes sont toujours closes.

Désormais la durée pour franchir les différents grades est allongée (avant il fallait 7 ans de services maximum pour qu’un sous officier passe au grade supérieur maintenant il en faut 10 ! Et demain ?), mais les limites d’âge sont toujours là et pour quelqu’un qui s’est engagé entre 22 et 25 ans cela devrait poser semble t’il un problème. Bien évidemment, tout cela semble voulu par la hiérarchie, par le ministère de la défense, par le gouvernement. Car en effet, au lieu de nommer plus de sergents-chefs, puisqu’il manque de personnel pour partir au BS, on préfère rédiger une note pour faire partir à cet examen les plus vieux sous officiers du grade de sergent et titulaires de la S2, bravo !

On sait également que les retraites vont être à l’ordre du jour. Quel sort sera réservé aux militaires qui vont devoir partir à 42 ans parce qu’ils ne seront pas adjudant, 47ans parce qu’ils ne seront pas adjudant-chef ? Dans tous les cas les retraites n’atteindront pas le plafond maximum car le gouvernement risque d’aligner les retraites des fonctionnaires sur celles du secteur privé. Certains, qui se veulent rassurant, disent « vous les militaires vous n’êtes pas fonctionnaires ! ». C’est vrai que pour la sécurité de l’emploi, nous ne sommes pas fonctionnaires mais pour les retraites nous risquons de l’être !

Que penser également de ce salaire de misère qui est réévalué de quelques euros par an, et qui doit permettre de faire vivre toute une famille ? L’an dernier nous avons parlé de la grogne des gendarmes. Ils ont certainement des revendications. Cependant, à ancienneté égale il y a entre un gendarme et un sergent des armées plus de 1.000 francs d’écart et ce, sans compter la nouvelle prime chèrement acquise par les pandores ! A cet avantage financier, il faut ajouter la gratuité du loyer qui est quant à lui souvent très élevé pour un militaire qui doit se loger en région parisienne.

Pourquoi cette différence si importante de niveau de vie ? les enfants des militaires des différents corps de l’armée n’auraient-ils pas le même droit au confort et à la même qualité de vie ?
Certains se posent encore la question sur le départ en masse des jeunes de l’armée ! S’ils connaissaient mieux les conditions d’existence de leurs hommes ils sauraient que tout en bas de la pyramide, certains se noient sous les difficultés pour subsister. Des enquêtes sont soi-disant organisées. Comment faire confiance en ces enquêtes lorsque nous n’avons même pas le droit de nous exprimer sous peine d’être sanctionné ou d’avoir un avenir brisé par une notation négative ?

Le nouveau gouvernement fera t’il quelques chose pour sauver ces jeunes sous officiers qui ont quitté leurs familles, amis et attaches pour se dévouer au pays en échange d’une carrière désormais bien précaire ?

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