Les armes de guerre venaient de l’ex-Yougoslavie (Luc LEROUX)

Des dizaines de kalachnikovs qui traversent l’Europe dans des camions ou par la mer, parties de Croatie ou de Serbie, puis retrouvées dans les caves des cités de Marseille ou dans la collection d’un amateur de Salon-de-Provence… En 2008, la cour d’appel d’Aix condamnait les membres du plus vaste réseau d’importation d’armes de guerre jamais démantelé dans la région. Plus d’une centaine de kalachnikovs, des lances-roquettes, des fusils d’assaut avaient été entreposés dans un garage d’Hyères (Var) par un ancien légionnaire, Zvonko Lukic, reparti un temps combattre aux côtés de Radko Mladic en Serbie. Ce militaire français à la retraite a fourni des armes par dizaine à d’anciens légionnaires, à des tireurs professionnels, au sein du « milieu » marseillais, mais également aux bandes des cités.

Lukic et ses intermédiaires n’étaient pas regardants sur les acheteurs de kalachnikovs vendues, au milieu des années 2000, autour de 1800€ pour une neuve et 1500€ pour une d’occasion. Au domicile d’un des clients, agent de sécurité et tireur sportif de Salon, avaient ainsi été retrouvées des dizaines d’armes et plus de 50 kg de munitions. Le Salonais révélait que Zvonko Lukic proposait, en nombre, fusils d’assaut de toutes marques, pistolets mitrailleurs, explosifs de type plastic, lance-roquettes…Lui-même disposait d’une clientèle éclectique et, comme l’écrivaient les juges, se sentait assez peu concerné par l’utilisation et la destination des armes. Le 20 février 2007, les policiers saisissaient ainsi, cité du Castellas, dans les quartiers Nord de Marseille, un lance-roquette, 8 kalachnikovs avec chargeurs, un pistolet mitrailleur, des armes de poing, des fusils et des munitions. Une dizaine de kalachnikovs avaient également été vendues par l’ex-légionnaire à un fonctionnaire municipal marseillais, propriétaire d’une somptueuse villa à Saint-Cyr-sur Mer.

L’enquête avait déterminé que les armes étaient fabriquées à l’usine Zavastava, à Ragujevac, en Serbie. Zvonko Lukic a été condamné, le 15 septembre 2008, à 8 ans de prison. Il reste également mis en examen dans une affaire d’assassinat dans une cité marseillaise, en 2006. La kalachnikov ayant servi à « rafaler » la victime provenait du lot de l’ancien légionnaire.

Confirmant l’usage de mêmes filières pour des trafics différents, Zvonko Lukic « faisait » aussi dans le trafic de rubis, de statuettes et de fausse monnaie. Et bien sûr, la drogue accompagne très souvent les armes lourdes. Depuis cette affaire, la juridiction interrégionale spécialisée du tribunal de Marseille n’a pas connu d’autre saisie de cette envergure en dépit des efforts faits pour démanteler les filières d’approvisionnement en armes. Cela confirme le cloisonnement et le « professionnalisme » des artisans de ces réseaux.

Dernière affaire en date: le 19 avril, à Ajaccio, la police découvrait dans un box des stupéfiants, ainsi que six pistolets automatiques, quatre fusils, des carabines et une kalachnikov. Le profil des personnes mises en examen dans l’instruction conduite par le juge marseillais Claude Choquet incline à penser que cet arsenal appartenait à l’une des bandes rivales engagées dans une guerre d’influence en Corse.

Source: La Provence du 30 novembre 2011

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