Prévenir ou combattre le suicide ? (Michel Debout)

La France n’a pas de culture préventive même si elle a été le berceau de Pasteur, le premier chercheur à démontrer le rôle de l’environnement dans le bien-être des hommes.

La santé publique s’est développée de façon récente, elle reste le parent pauvre des disciplines hospitalo-universitaires. Le premier plan anti-cancer affichant une réelle volonté des pouvoirs publics, associant médecins, soignants, chercheurs, malades, familles, a été élaboré sous la présidence et avec l’appui déterminant de Jacques Chirac, il y a quelques années seulement.

Pour ce qui est de la prévention du suicide, nous sommes toujours en attente d’une même volonté politique et d’une véritable mobilisation de la société elle-même. Il faut remonter à 1993 pour qu’un avis du Conseil économique et social recommande aux autorités de notre pays de considérer le suicide comme un grave problème de santé publique et sa prévention comme une ardente obligation.

  • En 2000, sous l’impulsion de l’Union Nationale pour la Prévention du Suicide (UNPS), la Ministre de la Santé, Dominique Gillot, a établi le premier plan national de prévention du suicide pour une durée de cinq ans ; on attendait donc le deuxième plan en 2006 mais il vient seulement d’être rendu public le 10 septembre 2011 ! Pourquoi tout ce temps perdu dès lors que Roselyne Bachelot avait réuni dès l’été 2008, un comité d’experts pour lui permettre d’élaborer ce document.

Au-delà de cette perte de temps, pour laquelle nous n’avons aucune explication tangible (problèmes de budget ?), le plan de prévention a changé de nature en se transformant en un « plan d’actions contre le suicide ».

J’ai souvent exprimé au cours des quatorze années pendant lesquelles, j’ai présidé l’UNPS que nous n’étions pas contre le suicide mais pour sa prévention.

Il ne s’agit pas d’une querelle de mots mais d’une divergence de fond. Il ne s’agit pas d’une querelle de mots mais d’une divergence de fond. La charte éthique publiée par l’UNPS, qui rassemble le plus grand nombre de professionnels, de familles de suicidant, et de suicidés se fonde d’ailleurs sur cette même approche.

  • Être contre le suicide, c’est la posture développée il y a des siècles par l’Église chrétienne, faisant de cette mort l’attentat contre Dieu, suppliciant le corps des suicidés et jetant l’opprobre sur leurs familles. À cette époque, les corps morts étaient traités comme l’étaient les possédés du démon (les sorciers) et en s’attaquant à leurs cadavres, on pensait extirper le mal suicidaire qui se trouvait en eux.

Nora Berra ne propose évidemment pas de revenir à ces pratiques moyen-âgeuses, mais en voulant combattre le suicide, comme si cet acte pouvait exister en dehors de la personne qui le réalise, elle le définit comme un mal en soi, plus soucieuse de vouloir « l’attaquer » que d’en comprendre les causes personnelles et sociales et ainsi d’inscrire ses pas dans ceux d’une politique réellement préventive.

Refus d’un observatoire du suicide et des conduites suicidaires

Il n’y a donc rien d’étonnant…

Lire la suite sur le site http://www.miroirsocial.com en cliquant [ICI]

La prévention du suicide, un tabou français, M. Debout G. Clavairoly, à paraître début 2012.

À lire également