Les apparatchiks du ministère de la défense préparent les élections en se répartissant les postes. (Par Michel Bavoil, vice-président de l’Adefdromil *)[Actualisé]

L’Adefdromil a dénoncé voici trois ans la dérive inquiétante de prise en mains du ministère de la défense par le corps du contrôle général des armées : voir notamment « L’énarchie militaire a pris le pouvoir ». Ce corps, créé après la défaite de 1870 uniquement pour contrôler les généraux exerçant de grands commandements, est devenu désormais un corps de direction, qui s’autocontrôle. Il développe sa propre stratégie pour placer ses membres aux postes clés, au détriment des officiers généraux.

Les analyses de cet article viennent d’être confirmées par un jeu de chaises musicales discret, mais qui en dit long sur le pouvoir de la technostructure du ministère. En même temps, c’est un cadeau empoisonné que va laisser M. Longuet à son successeur.

En effet, le conseil des ministres du 12 octobre 2011 a nommé chef du contrôle général des armées le CGA Christian Piotre, qui occupait la fonction de secrétaire général pour l’administration (SGA), c’est-à-dire n° 3 du ministère.

Il est remplacé par le CGA Jean Paul Bodin, directeur adjoint du cabinet du ministre. L’histoire ne dit pas si ce dernier a été accueilli dans ses nouvelles fonctions au son de « Tiens voilà du Bodin ».

Il se murmurait pourtant que le « gros Jacques », le CGA Jacques Roudière, directeur des ressources humaines du ministère (DRH-MD) lorgnait sur le poste de SGA, tandis que son subordonné stratéqique, le très racé CGA Hugues Goranflaux de la Giraudière, ancien sous-directeur de la fonction militaire (DHR-MD/FM) visait son poste de DRH-MD, comme dans la bureaucratie de l’Union Soviétique.

Rappelons que cette troïka (Bodin, Piotre, Roudière) est notamment responsable de la législation et de la réglementation discriminatoires qui touchent les militaires envoyés en opérations extérieures, les militaires pacsés, etc. Entre autres fiascos récents, le CGA Roudière, désigné pourtant manager public de l’année en 2011, n’a pas été en mesure de proposer à Bercy des mesures transitoires lors de la réforme des retraites supprimant le minimum garanti. Il a dû ainsi, dans l’urgence, en raison du fort mécontentement qui se faisait jour, bricoler un décret instituant très provisoirement une indemnité compensatrice aux militaires, dont la demande d’admission à la retraite était en cours lorsque la loi est entrée en vigueur.

Il semble également que la mise en œuvre de la révision générale des politiques publiques (RGPP) au ministère de la défense, concoctée par cette même troïka de contrôleurs généraux des armées, soit loin de donner satisfaction. Elle créerait même de nombreux problèmes, susceptibles d’être résolus par de nouvelles dépenses, que cette réforme technocratique était censée supprimer.

Que fera demain le nouveau ministre de la défense, s’il n’est pas de la même majorité politique que celle actuellement aux commandes ?

Aura-t-il le courage de procéder à une purge, de changer de personnes, de réformer le système ?

La condition des militaires est peu reluisante. Nos armées sont trop peu nombreuses en effectifs, insuffisamment équipées et subissent les effets d’un système de soutien défaillant, la RGPP ayant supprimé l’existant avant de créer du nouveau. Le ministère de la défense va donc avoir besoin d’un véritable Lazare Carnot. Et la réforme, à défaut de révolution, devra commencer par les proches collaborateurs du ministre.

*Capitaine des troupes de Marine (er), « monomaniaque obstiné atteint de paranoïa aigüe et sans doute gravement dépressif » selon les propos entendus récemment dans les coursives du ministère, non loin du contrôle général des armées.

Cet article a 3 commentaires

  1. tartenpion

    On peut constater qu’il n’y a plus aucun contrôle indépendant digne de ce nom au sein de nos forces armées et ce qui est grave , c’est que le contribuable ignore absolument que nos unités manquent de tout , munitions essence , pièces détachées ,hélicoptères et avions de transport etc….

    Aujourd’hui il n’est pas rare de constater que dans certaines unités d’infanterie , le niveau d’entrainement des engagés volontaires se limite au tir de quelques cartouches de 5.56 mm une à deux fois par an lorsqu’il ne s’agit pas d’une séance de cinétir .

    Les manœuvres telles que celles qui existaient encore il y a peu ont disparu , les alertes aquilon ou tramontane n’existent plus alors que ces exercices permettaient à des officiers généraux de se rendre compte du niveau opérationnel des unités !!!

    Alors heureusement qu’il reste des monomaniaques obstinés atteint de paranoïa aiguë pour rappeler à leurs devoirs ceux qui ont une responsabilité dans la négligence de l’outil de défense de la république !!!

  2. Léon

    Gageons que le Piètre Piotre, désormais chef des administrateurs autocontrôlés, va tout faire pour continuer à bien verrouiller le système.
    Quant à la carotte pour les officiers généraux et supérieurs mécontents, on reparle de conditionnalat, tant il est vrai que la retraite est meilleure après une promotion bidon.
    Peu de vagues ne troubleront cette belle harmonie, la commission des recours des militaires, dirigée par un autre contrôleur général, le Godillot Grolle Mund, s’occupe de tout.

  3. chatnoir

    l’autocontrôle va jusqu’a l’auto recrutement avec des notes non communiquées par écrit mais uniquement par oral …. signe de transparence

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