L’armée sous la menace de l’ennemi budgétaire

L’armée sous la menace de l’ennemi budgétaire

Deux contrôleurs des armées ont rédigé, le 18 juin dernier (pareille date ne s’invente pas…), une note classée « confidentiel défense » sur « la gestion du ministère de la Défense en 2007, et les perspectives 2008 ». Destinée au ministère, la synthèse de cette étude plutôt technique et  rébarbative permet de comprendre que la situation ne justifie pas que l’on sonne le clairon.

Les « crédits en LFR », traduire « loi de finance rectificative », n’ont pas suffi à payer les opérations extérieures (Opex pour les intimes). Pas plus que le programme phare de la marine – les Fremm (pour « frégate européenne multimission »)-, conçu en coopération, avec l’Italie. Et la « forte augmentation prévisible » de ces dépenses laisse augurer des « marges de manœuvre plus restreintes ». En clair, « on risque d’être dedans jusqu’au cou ». Surtout quand Sarko veut renforcer le contingent français en Afghanistan.

Avec tact et délicatesse, les auteurs de cette « étude », courageux mais pas téméraires, saluent l’exécution de la loi de programmation militaire « sans amélioration ni aggravation », puis lâchent cet aveu de taille : les objectifs ne sont pas réalisés « en termes d’équipements ». Un missile dans le jardin de MAM, qui a prétendu le contraire pendant quatre ans.

Tout cela étant secret, la page  de garde avertit : « Ne doit pas être communiqué sans autorisation préalable du ministre. » Hervé Morin pourra donc continuer à plastronner en jurant que la situation est sous contrôle, et que les lendemains vont chanter pour nos glorieuses armées.

A moins qu’il  n’y ait des « fuites »…

                                                                                                                                                             B.R.

 (Source : Le Canard enchaîné du 6 août 2008)

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