Sous-officiers supérieurs, si votre hiérarchie vous propose d’accéder à l’épaulette … Refusez !!!

En 1994 mes supérieurs, par le biais du concours dit « semi-tardif », me promettaient un « nouveau départ » dans le métier des armes. J’ai accédé à l’épaulette. Quelle erreur !!!

Quel est le bilan en ce début d’année 2008 ?

Les emplois et affectations : souvent les moins attrayants pour un officier au potentiel limité selon la terminologie usuelle. « Servir n’est pas se servir ! ».

Les notations : toujours des bons « baratins » mais des niveaux en hausse seulement lorsque les règlements l’imposent. « C’est plus utile pour les jeunes officiers ! » ; « vu ton recrutement, tu n’es pas pressé ! » ; « Les officiers à potentiel sont prioritaires ! ». C’est curieux, il n’existe à priori pas d’officiers brillants en dehors de ceux issus des grandes écoles.

L’avancement : les années passent et malgré l’obtention des diplômes ; des examens ; des certificats militaires de langue ; des très bonnes notations ; des objectifs atteints, on entend son chef de corps dire : « Sois lucide, regarde ton origine de recrutement » ; « il y a 28 ans, tu pensais être un jour capitaine ?». Puis un jour, comble de l’hypocrisie : « Tu n’as pas pris assez de barreaux ces dernières années ! Tu ne peux pas passer commandant ». Très fort !

Les décorations : En opération, à risques et périls partagés, priorité aux « jeunes officiers ». Cela fait beau sur les tenues. Il suffit de voir les photos des reportages sur Terre magazine. Rares sont les officiers supérieurs qui ne sont pas titulaires d’une croix de valeur militaire et tout ce qui va avec. Et puis « Tu auras d’autres occasions car toi, tu ne vas pas quitter le corps de troupe pour préparer l’école de guerre » !

Les conditions de travail : Les emplois les moins valorisants ; des horaires à rallonge ; des sous-effectifs chroniques avec des chefs de corps qui expliquent qu’il faut faire avec ce que l’on nous donne et non pas avec ce que l’on voudrait. « Il suffit de mieux s’organiser ! » ; « Ce n’est pas moi qui fait les D.U.O ! ».

La solde : Les sous-officiers supérieurs qui n’ont pas voulu accéder à l’épaulette ont des revenus quasi identiques à ceux d’un capitaine avec les objectifs, horaires et soucis en moins. « Tu ne t’es tout de même pas engagé pour la gamelle ! ». Quand on est officier, on n’aborde pas ce sujet.

La défense des intérêts de la troupe : Cette année, les atteintes au moral de la troupe ont été tout particulièrement relayées par les médias. Du coup, le chef de corps a fait un rapport sur le moral percutant : « car, moi, je n’ai pas peur d’écrire à mes chefs ce que je pense ! ».Et sans le concours des médias qu’en aurait-il été ? Quelque chose de plat et d’édulcoré, comme chaque année.

En conclusion pour éviter les frustrations et les aigreurs : refusez l’épaulette !!!

Si malgré ces conseils vous acceptiez cette promotion, suivez les conseils de Corinne MAIER qui, dans son livre « Bonjour paresse », nous fait part de l’art et la manière d’en faire le moins possible en entreprise. Voilà ma résolution 2008 et la décennie à venir.

Capitaine IRGIA

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