Journées « du souvenir » …

Est-il bien nécessaire de réveiller l’esprit de citoyenneté dans notre Pays ? Le « devoir de mémoire » dont on nous parle si souvent est solidement entretenu dans l’Est de la France …

IL y a de cela quelques semaines, peu après la Toussaint, le Journal du Pays de Belfort a rédigé un article émouvant sur la célébration de la Fête nationale algérienne dans la localité de Delle. On y fêtait en effet « le 53ème anniversaire du soulèvement de Novembre 1954 » et « l’accession de l’Algérie à l’indépendance après 7 années de guérilla ». Le consul d’Algérie à Besançon qui avait honoré cette journée de sa présence a tenu à « saluer le Président Abdelaziz BOUTEFLIKA », à honorer « la mémoire d’un million et demi de martyrs (sic) tombés au champ d’honneur pour que l’Algérie soit indépendante » et a invité les plus jeunes à mieux connaître l’histoire « de leur Pays »… . Un méchoui, des drapeaux et même la décoration d’un ancien combattant ont clôturé cette journée …

S’est-il trouvé un DMD pour signaler cette manifestation patriotique ? Un Chef militaire pour réagir ? Un homme politique pour s’étonner ?

Tout dernièrement, nous avons apprécié qu’en Algérie le Chef de l’Etat, tout en respectant la souveraineté du pays d’accueil, se soit refusé à exprimer « la repentance ». A son retour il a tenu à manifester son soutien et son respect à la communauté harkie. Est-il convenable qu’aujourd’hui, sur le territoire national on admette que « le devoir de mémoire » (s’il est toutefois permis de parler de la nôtre …) soit ainsi bafoué ?

A l’endroit où j’habite, dans un petit cimetière de campagne où il n’y a qu’une quarantaine de tombes, reposent trois militaires tués en Algérie, dont deux appelés : deux jeunes gens qui n’ont pas demandé à « la faire » et qui ont laissé leur vie de l’autre côté de la Méditerranée. Leurs parents vivent peut-être encore. De ces cimetières … la France n’en manque pas !

Il y a quelques jours, l’avant dernier vétéran de 14-18 nous a quittés. A 110 ans l’ultime survivant, après avoir beaucoup hésité (et sans doute lourdement sollicité…), vient d’accepter un « honneur national » discret … quand le moment sera venu ! Est-ce une raison pour refermer le dossier, renoncer à se « souvenir » et faire la promotion du « bleuet du Maghreb » ?

Entendons-nous bien … il ne s’agit pas ici d’alimenter une polémique, de souffler sur des braises, de prolonger une guerre ou encore moins de céder à un argumentaire « anti émigration » en se substituant à un Parti bien connu. Il s’agit seulement de faire obstacle au cynisme, d’en appeler à la décence… chez nous, dans notre Pays !!

Le lien Armées Nation est parait-il un souci majeur pour nos dirigeants. Est-il admissible qu’au moment où nous avons tant de militaires en Opex de par le Monde, on laisse se manifester un tel mépris pour la mémoire de ceux qui sont tombés il n’y a pas si longtemps ?

Un Pays qui a la prétention d’être respectable … doit commencer par « se respecter » lui même !

L’Adefdromil a pour vocation de « défendre les droits des militaires ». L’éventail de ces droits est assez large … et le « respect de nos morts » en fait partie. C’est la raison pour laquelle je m’adresse à elle.

BIDOCHON Marcel

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