Le Théâtre aux armées !

Personne ne regrette d’avoir assisté à la pièce présentée à ISTRES le 28 février 2002 par le Théâtre aux armées ! Pour une fois tous les comédiens étaient présents ! La mise en scène avait été répétée la veille. Chacun connaissait son rôle ! Tout était ficelé : dossiers de presse, dossiers destinés aux autorités pour convaincre la masse, réactions des spectateurs …

Le titre de la pièce : « La valorisation de la condition militaire » ; Acteur principal : Monsieur Alain RICHARD Ministre de ce qui reste de la Défense.

Silence dans les rangs ! crie le préposé aux trois coups au moment où le rideau se lève … laissant apparaître en filigrane un coffre enfermant un véritable trésor de guerre : 433 millions d’euros !

Assurément, la pièce est digne d’intérêt même si le monologue de l’acteur paraît un peu long, volontairement confus, sans aucun doute digne d’un programme électoral ! Des pourcentages importants appliqués à des indemnités faibles sont égrenés : 4%, 7%, 10%, qui dit mieux ? 23% à gauche ! 33% à droite ! Et en cadeau pour tout le monde : 7 jours de temps d’activité et d’obligations professionnelles des militaires !

Comment mes braves, ces vacances ne suffisent pas ? Bon, d’accord, mais c’est vraiment mon dernier, tout dernier geste les petits gars ! Pour mieux vous faire avaler la pilule, je vous arrose cela avec 8 jours de prime pour tout le monde ! Et chacun de chanter intérieurement « il est vraiment, il est vraiment phénoménal tralala ! ou « tout va très bien Madame la Marquise ».

Soudain le rideau tombe.

Circulez mesdames et messieurs il n’y a plus rien à voir ni à entendre ici ! Regagnez vos unités et allez écouter la bonne parole auprès de vos chefs. Ils ont reçu chacun un dossier type pour conforter ce que je viens de vous dire ! Et à l’issue, tout le monde au travail -vous ne serez pas trop nombreux pour réceptionner dans trois ans, euh excusez moi ! je voulais dire dans quelques jours, les pièces détachées des véhicules et des avions! Circulez, circulez … !

Comme la pièce est excellemment orchestrée, dans le même temps la presse se déchaîne pour faire croire aux françaises et aux français que le ministre vient de mater à coup de flûtes de champagne, oh, pardon, à coup de pourcentages une grogne persistante !

Pour la circonstance, campagne électorale oblige, quelques militaires trillés sur le volet, petits gradés de préférence, sont autorisés à bafouer le devoir de réserve pour faire part de leur immense joie à l’annonce du beaujolais nouveau, oh pardon ! des mesures nouvelles.

Fort heureusement, personne n’est dupe, même si tout le monde en convient : seuls les grands hommes politiques ont ce pouvoir magique de retourner en leur faveur les situations les plus désespérées. Mais attention ! très souvent les pièces de théâtre se jouent en plusieurs actes.

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