Les histoires de Sophie Telle dans la Gendarmerie (Par Jacques BESSY, Président de l’Adefderomil.)

Les histoires de Sophie Telle dans la Gendarmerie

« Il n’y a pas mort d’homme » Un ancien sinistre, mauvaise langue.

Par Jacques BESSY,  Président de l’Adefdromil.

La Gendarmerie connait aussi ses scandales sexuels. La féminisation instaurée au début des années quatre-vingt conduit régulièrement des militaires masculins à des comportements douteux et indignes à l’égard des jeunes femmes qui servent sous l’uniforme.

Pendant longtemps, ces affaires ont été traitées en interne. Mais ces dernières années, les tribunaux ont eu à connaître de ces délits qualifiés parfois de harcèlement sexuel ou d’agression.

La « Barbie » du commandant de brigade.

Lorsque Sophie est affectée à la brigade de T à la sortie de son stage, son avenir en Gendarmerie est radieux. Son seul tort est d’être jolie. Alors, elle fait rapidement l’objet d’une attention déplacée de son commandant de brigade. Cette attention se transforme en harcèlement sexuel et elle dénonce les faits à sa hiérarchie. Le gradé est sanctionné et muté. Mais elle ne dépose pas plainte par peur des répercussions sur son admission dans le corps des sous-officiers de carrière. L’affaire lui vaut ensuite d’être tenue à l’écart et d’être gratifiée de « Barbie du commandant de brigade », de « bonne à rien » et même de « pue la pisse » par certains de ses collègues particulièrement délicats. Sa carrière a été fortement marquée par cette mésaventure initiale, et après être devenue gradée, puis avoir connu des hauts et des bas, et après vingt ans de services, elle va faire valoir prochainement ses droits à retraite.

Le Cher est faible.

Il y a des gendarmes poètes dans le Cher. Il y a aussi des mains baladeuses.

En juillet 2008, trois gendarmes féminins de 21, 25 et 35 ans lors des faits, ont déposé plainte contre le gradé, commandant la communauté de brigades de Saint-Martin d’Auxigny, Henrichemont et Aix d’Angillon. Après son arrivée en 2007, il s’est lancé dans des tentatives de conquêtes multiples avec compliments déplacés, mains baladeuses et  propos obscènes. Les jeunes femmes vivaient difficilement leurs prises de service chaque matin.

L’auteur a admis avoir mis la main aux fesses de l’une et avoir tenté d’enlever ses vêtements à une autre. A la barre, il a expliqué ces « grivoiseries » : « Je plaisante comme ça en permanence ; c’est un milieu d’hommes. Il faut voir aussi l’ambiance ! ». A sa demande, il a quitté la Gendarmerie après 17 ans de services. Il est désormais marchand d’articles de pêche en Eure et Loire.

Le 2 juillet 2010, le tribunal d’Orléans l’a condamné pour harcèlement sexuel envers les trois jeunes femmes à quatre mois de prison avec sursis et à payer 2.500 euros à chacune des victimes.

Un officier pas brillant.

C’est un peu la même histoire qui se déroule en Seine et Marne à la même époque dans la communauté de brigades de Château-Landon et Beaumont du Gâtinais. A l’époque des faits, le militaire en cause, est lieutenant. Il dirige la communauté de brigades. Deux jeunes gendarmes et une adjudante ont déposé plainte pour agressions sexuelles. L’intéressé a été mis en examen après une enquête judiciaire.

Fin mai, à l’audience du Tribunal correctionnel de Melun, la première jeune femme très émue relate les gestes déplacés, la main qui se pose sur sa cuisse lors d’un trajet en voiture. Il a également essayé de l’embrasser  dans le local de sécurité en allant récupérer son arme de service. « Il m’a coincée dans son bureau et m’a touché la poitrine. Je l’ai frappé d’un coup de poing pour le repousser. ».

L’autre femme qui l’accuse est absente. Ancienne gendarme adjointe volontaire, elle a quitté la gendarmerie et passe un examen,  explique son avocat. L’officier « chahutait » volontiers avec elle…Ainsi, il l’aurait mise à terre dans son bureau en lui faisant une clé de bras. A califourchon sur elle, il aurait tenté de l’embrasser. Il nie à nouveau.

L’adjudante, quant à elle, évoque une agression à l’abbaye de Souppes-sur-Loing. « Après un pot, il m’a coincée dans un escalier, m’a embrassée et a mis sa main sur mon sexe et mes seins. ».

A la demande du président, le capitaine a admis avoir été suspendu pendant six mois et muté : « Mais je nie toute agression sexuelle ». Il reconnait tout juste « des chahutages qui auraient pu être équivoques » et des habitudes prises dans une autre brigade. « On m’avait appris à jouer à chat-bite! ». On ne comprend pas qu’avec de tels jeux innocents le moral des gendarmes soit dans leurs chaussettes !

Le procureur a réclamé un an de prison avec sursis et mise à l’épreuve pendant trois ans. Il a aussi demandé une indemnisation pour les victimes, l’obligation pour le prévenu de se soigner et l’inscription au fichier des délinquants sexuels.

Finalement, l’officier est condamné à six mois de prison avec sursis  avec deux ans de mise à l’épreuve, 1000 euros de dommages et intérêts aux victimes reconnues. Le jugement n’impose aucune inscription au bulletin n°2 du casier judiciaire, aucune inscription au FIJAIS (fichier des délinquants sexuels), aucune obligation de se faire soigner! L’intéressé poursuit sa carrière dans un groupement… Il y serait même chargé du renseignement…spécialiste des affaires d’alcôve, peut-être ? Il nous semble inconcevable que cet officier ne soit pas rapidement renvoyé devant un conseil d’enquête. Quels services, en effet, peut rendre un harceleur sexuel dans l’institution ?

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Mais, pour ces quelques affaires rendues publiques, combien d’autres sont- elles étouffées ? Combien de victimes se taisent-elles par peur de pressions et de menaces sur leur carrière ? La précarité des statuts de GAV et de gendarmes contractuels induit forcément une grande vulnérabilité.

Ferme t’on souvent les yeux sur de tels comportements  particulièrement indignes ? Que fait la Gendarmerie, toujours prête à se gargariser d’éthique et d’exemplarité, pour mettre en garde ses militaires masculins ? Que fait-elle pour permettre aux jeunes femmes de réagir, sans crainte de représailles, à des sollicitations extra-professionnelles non désirées et insistantes ? Le sujet est évidemment délicat. Il mérite qu’on y porte une attention toute particulière, c’est une question de dignité.

Une nouvelle fois….

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Cet article a 2 commentaires

  1. Hugolin13gm

    Le harcèlement c’est le sport olympique en Gendarmerie.

  2. Hirondelle

    Il m’a été donné de connaître une affaire, ayant justifié l’ouverture d’une information judiciaire, dont l’auteur présumé a fait l’objet d’une suspension administrative.
    Selon ce qui se murmurait dans la magistrature comme dans la préfectorale concernées au plan géographique, la hiérarchie apparaissait en faire trop sur un dossier qu’ils estimaient ressortir du domaine privé. La réaction de la gendarmerie paraissait hors de l’évolution du temps et des mœurs.
    Je n’ai pas la conviction que l’administration centrale ait elle même impulsé les conditions de la conduite de l’affaire dénoncée.

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