Le gestionnaire à la DPMAT, un homme comme les autres

Je viens de lire attentivement votre dossier intitulé « Une gestion des ressources…inhumaine » et je tenais à vous féliciter pour ce morceau de bravoure digne des plus grands sophistes et bel exemple de désinformation la plus complète.

J’ai servi moi-même à la DPMAT, et ce de façon très récente. Tout ça pour vous dire que je faisais partie des « gestionnaires invoquent la politique de gestion de leur général-directeur et qui se retranchent derrière des règlements (…) pour tempérer les individus qui seraient tentés de s’élever contre des pratiques à la limite du réglementaire. » (Je cite les propos du dossier).

Le travail de gestionnaire en administration centrale est passionnant et vous n’avez pas idée du temps passé par les gestionnaires de la DPMAT sur le traitement d’un dossier lorsqu’il s’agit de proposer à la signature du général une proposition de mutation pour un personnel, quelle que soit sa catégorie d’appartenance. Il s’agit de bien autre chose que de la simple exploitation d’une FIDEMUT et d’un avis de chef de corps.

Comment pouvez-vous prétendre que nos chefs signent les yeux fermés des ordres de mutation individuels sans connaitre les tenants et les aboutissants de chaque cas particulier ?

L’Armée de terre a bien évolué depuis que vous l’avez quittée…..la gestion est un des domaines qui évolue le plus. Depuis l’an dernier, via intranet, le personnel susceptible d’être muté peut connaitre le nombre de FIDEMUT adressé dans chaque régiment concernant son domaine de spécialité en particulier Cela ne signifie pas que les postes se libèreront car de nombreux paramètres sont alors inconnus et des incertitudes subsistent (réussite aux examens, candidat à des recrutements officiers, gendarmerie, candidatures pour servir dans des unités spécialisées, velléités de départ, desiderata de l’individu et avis de son chef direct, évolution des documents uniques d’organisation).

Bref, s’il était possible de créer une bourse à l’emploi à l’instar de ce qui existe pour l e personnel civil de la défense, ce serait fait depuis longtemps et le travail des gestionnaires n’en serait que plus simple en se concentrant sur les autres actes de gestion (car l’aspect mutation n’est qu’un acte de gestion parmi tant d’autres, même si avec l’avancement, il est placé sous un éclairage particulier).

Soyez également convaincu que les gestionnaires sont aussi des pères de famille, que leur conjoint travaille également et qu’ils sont nombreux à être célibataires géographiques. La majorité vient des corps de troupe et y retourne à l’issue et ne sont pas coupés de la réalité du terrain. Ils ne travaillent pas dans leur tour d’ivoire sans se soucier des conséquences de chacune des propositions faites à leur autorité.

Vous évoquez « une petite enquête menée auprès des capitaines dans n’importe quelle unité de l ‘armée de terre » ; quelle enquête, demandée par quel organisme ? Citez vos sources ?

Il n’est malheureusement pas possible de donner systématiquement satisfaction à tous le personnel muté au titre d’un même plan annuel de mutation. Dès que cela est possible, c’est fait.

Dans le cadre d’une gestion par spécialité, en fonction du métier exercé par chacun, les postes disponibles dans les unités ne sont pas forcément légion. Quand 1 sous-officier occupe un poste unique ou peu représenté au sein d’une formation, il l’occupe pour 7 ans en moyenne.

Quand toute mutation d’emblée n’est pas possible, le gestionnaire propose à l’intéressé via son DRH d’autres affectations. Parfois (et oui, vous n’en parlez pas), il peut s’agir de formations auxquelles l’intéressé n’avait jamais pensé et qui le satisfont amplement. On parle alors de dialogue positif.

Hélas, le dialogue n’aboutit pas et il faut bien qu’une décision soit prise car les formations où qu’elles soient localisées (vous citez Douai, Mailly, Mourmelon, La Courtine, Besançon, Suippes, le Larzac, Valdahon, Lille) ont le droit d’avoir du personnel qualifié pour travailler. Quelle est votre politique : on met les meilleurs dans le Sud et à l’Ouest et les moins bons dans l’Est ? Comment opérez vous cette sélection ?

Vous qualifiez ces garnisons de « jolis ports de pêche ». Les natifs du Nord et du Doubs apprécieront ! No comment !

Vous n’êtes pas sans savoir que 50% de nos postes se situent en région parisienne et en RTNE ! Avancez vos propositions, je vous écoute avec la plus grande attention.

Concernant les chiffres de satisfaction, je suis content de voir que votre indicateur date de 2005 parce qu’à ma connaissance, la DPMAT ne communique plus sur ce point précis. Non pas que ces chiffres soient moins bons, loin delà; mais ce n’est pas l’oeil rivé sur l’indice de satisfaction que le gestionnaire régit son travail au quotidien. Sa mission est simple et très compliquée à la fois : mettre en place le bon personnel au bon endroit, au bon moment.

Demandez donc l’autorisation de visiter la DPMAT et venez vous rendre compte de ce qu’il s’y passe concrètement.

La gestion des ressources humaines n’est pas une science exacte, sinon, elle n’aurait jamais été qualifiée d’humaine. Néanmoins, vous ne pouvez salir le travail d’hommes et de femmes qui croient en leur mission et qui y consacrent énormément de temps et d’énergie.

Bref, je tenais à vous écrire ces lignes pour rétablir quelques vérités.

Merci d’avoir consacré quelques instants à leur lecture.

Un tout jeune « ancien » gestionnaire

Lire :

Armée de terre : Une gestion des ressources … inhumaine

Position de l’Adefdromil :

Le point de vue de ce jeune gestionnaire a le mérite d’être très clair et personne ne met en cause son intégrité. Dans son papier, Renaud Marie de Brassac s’est fait l’écho de récriminations d’officiers n’appartenant pas à l’élite et qui se sont manifestés auprès de lui pour dénoncer une gestion qu’ils estiment inhumaine. Il y a dans l’exposé de Renaud Marie de Brassac une grande part de vérité comme il y a une grande part de vérité dans la réaction du « tout jeune ancien gestionnaire ».

Pour autant et sans vouloir polémiquer, l’Adefdromil détient (et c’est là sa grande force) un certain nombre de dossiers d’officiers et de sous-officiers, toutes armées confondues, qui tendent à prouver qu’il y a bien parfois des dérapages dans la gestion du personnel. Ces dérapages, fort heureusement ne sont pas la règle et l’Adefdromil lorsqu’elle en a connaissance les signale immédiatement au Ministre de la Défense sans en faire état sur son site afin de ne pas nuire à la liberté de décision du Ministre ou de son directeur de cabinet. C’est ainsi que chaque année, des cas douloureux sont réexaminés à la lumière d’éléments fournis par l’Adefdromil.

L’Association de défense des droits des militaires est composée d’hommes et de femmes responsables qui ne sont pas là pour critiquer systématiquement toutes les décisions prises par l’administration. Tout le monde sait que les Formations doivent être encadrées par du personnel de qualité, que celles-ci soient au Nord, au Sud, à l’Est ou à l’Ouest de l’hexagone. Et tout militaire qui revendique cet état doit savoir qu’aux termes de l’article L 4121-5 du code de la défense « les militaires peuvent être appelés à servir en tout temps et en tout lieu ». Il résulte de ces dispositions législatives que le ministre de la défense peut à tout moment donner dans l’intérêt du service une nouvelle affectation à un militaire, sans que celui-ci puisse invoquer des droits acquis à sa précédente affectation ou invoquer des droits acquis à être muté selon ses désidératas notamment formulés dans les fiches individuelles de prévision de mutation (FIDEMUT)

L’Adefdromil tient tout particulièrement à cette disponibilité des militaires. Reste au gestionnaire de faire en sorte que la règle de l’intérêt du service l’emporte sur toute autre considération lorsqu’il prononce une mutation. Cela devrait susciter moins de rancoeurs.

Michel BAVOIL, Président de l’Adefdromil

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