(Extrait Le Canard Enchaîné n° 4517 du 23 mai 2007)
Il faut réparer une injustice. Claude Lipsky, que certains qualifient « d’escroc du siècle », n’est pas seulement soupçonné d’avoir détourné quelque 30 millions d’euros en proposant de faux placements à quelque 400 militaires. Ce récidiviste de talent, puisqu’on lui doit le scandale, sous Pompidou, du Patrimoine foncier, a aussi volé la vedette à ses complices militaires de cette belle arnaque lors de l’ouverture de son procès à Versailles, lundi 21.
C’est pourtant grâce à l’aimable concours de deux officiers supérieurs, un général et un lieutenant-colonel, que Lipsky a pu dépouiller les militaires. Malgré un règlement qui interdit le démarchage dans les enceintes militaires, ces deux galonnés au-dessus de tout soupçon avaient obtenu des autorités militaires en Afrique le droit d’entrer dans les bases et de fourguer leurs placements aux intérêts mirifiques. Les pigeons, souvent des sous-officiers, ne pouvaient soupçonner une seconde que des gradés puissent les tromper. Un chef, ça a le sens de l’honneur ! Pour que le scandale n’éclabousse pas la Grande Muette, le Ministère de la Défense s’est beaucoup dépensé. « Le Canard » qui avait révélé l’affaire (le 10/5/2000), avait ainsi raconté à l’époque comment la DPSD, la sécurité militaire, avait fait pression sur les plumés pour qu’ils la ferment. Les obligeant à signer un engagement de ne rien divulguer et exigeant, pour plus de sûreté, que l’escroquerie soit carrément classifiée « confidentiel-défense ».
Défense de l’honorable corporation, ça c’est sûr !.