La grande majorité des sous-officiers de Gendarmerie ne désire pas perdre son statut de militaire, elle désire simplement que le statut militaire de 1972, en cours de remplacement par un pseudo « nouveau statut », abandonne l’interdiction de nous associer pour défendre nos intérêts professionnels…
Pour plusieurs raisons:
1/ le pseudo « nouveau » statut tel qu’il vient d’être voté le 15 décembre 2004 par l’Assemblée Nationale est, comme l’ancien, toujours contraire à notre Constitution ainsi qu’aux textes européens qui reconnaissent le droit pour tous de défendre ses intérêts professionnels et demandent à la France de l’appliquer à ses personnels militaires…
Au passage merci à l’hypocrisie de l’ensemble de nos parlementaires nationaux de tous les partis politiques qui font semblant de ne pas être au courant et n’ont pas demandé le passage de la nouvelle loi modifiant le statut devant le Conseil Constitutionnel… (Il aurait suffit de 60 d’entre eux pour l’exiger… ET FAIRE MODIFIER CETTE LOI… Et de plus ils ont tous été personnellement informés de ce problème par l’ADEFROMIL.)… Ceci nous conforte dans notre méfiance envers le monde politique français…
2/ les instances de pseudo « concertation » ne sont qu’un paravent à la botte de la hiérarchie, n’ayant aucun pouvoir décisionnel ni même co-décisionnel et se bornent à entériner les textes qui lui sont soumis. En deux mots, elles ne servent à rien (et tout le monde le sait).
3/ nos conditions de travail (horaires, manque de personnels, matériels, informatique, véhicules, salaire, etc.) ne s’améliorent (qu’au compte-gouttes) que suite à des manifestations diverses de mécontentement (cf. 1989; 2001), et notre institution va droit à la dérive si ces habitudes s’installent et qu’une nouvelle crise se déclenche… Sans parler du risque de contagion vers les autres armées…
4/ de nouvelles mesures commencent à engendrer le mécontentement de la base (communautés de brigades, primes au « mérite », N.B.I. pour certains, course aux résultats, réformite aiguë, etc. et se rajoutent aux anciens problèmes toujours non résolus… Le « PAGRE », ce saupoudrage d’officiers, ne résoudra pas grand chose… On manque de bras, surtout pas de donneurs d’ordres…
5/ Les problèmes de fond (absence TOTALE de dialogue social, charge de travail trop importante, manque d’équipements, conditions de vie et de logement trop souvent critiquables, vie de famille en pointillés, divorces causés par les conditions de vie, démissions, suicides, salaires inadaptés, pressions de la hiérarchie, toujours pas de voie de recours contre les ordres illégaux, etc.) perdurent et ne sont pris en compte ni par notre hiérarchie ni par nos politiques…
Le danger est grand pour notre institution, si on n’autorise pas ses personnels à défendre calmement leurs intérêts au sein d’associations professionnelles (sans droit de grève mais avec un vrai pouvoir représentatif), de basculer effectivement vers un statut civil…
Le droit de grève nous est interdit (et nous n’aimons pas le mettre en oeuvre), mais souvenez-vous de 2001 avec les manifestations de gendarmes dans les rues de nos préfectures et sur les Champs-élysées… Quand on tire trop sur la corde et qu’on ne donne pas aux gens le droit légitime de s’exprimer et de défendre leurs intérêts, ils se l’octroient de force !… Et risquent d’y prendre goût…
Plusieurs pays européens ont déjà mis en place des structures de défense des intérêts professionnels des personnels militaires, structures qui fonctionnent sans aucun problème !
La France, soit-disant pays de Droits de l’Homme, attendra-t elle d’être mise au pied du mur par l’Europe ?… Ou par d’autres manifestations de gendarmes ?…
Ou bien reprendra-t elle enfin sa place en reconnaissant enfin le droit de défendre leurs intérêts professionnels aux personnels militaires ?
Encore MERCI à nos parlementaires nationaux qui font en ce moment le pari qu’il n’y aura pas dans les années proches de crise majeure pour la Gendarmerie et l’ensemble de nos armées !…
Lire également :
Lettre à messieurs les députés
Vers un statut civil de la Gendarmerie française