Ça sent le sapin chez Hervé Morin.

La plupart des commentateurs politiques annoncent le départ d’Hervé Morin du gouvernement lors du prochain remaniement ministériel.

Et, c’est vrai que le discours prononcé par l’intéressé à l’occasion des 8èmes Universités d’été de la Défense à Marseille, le 14 septembre dernier en présence des Présidents de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat, et de celle de la défense et des forces armées de l’Assemblée nationale, ressemble à un testament.

Hervé Morin explique sa grande œuvre. On sait que l’auto justification est un des moteurs de l’âme humaine, y compris chez les politiques. Hervé fait mieux, il pratique l’autosatisfaction. A preuve, cette magnifique tirade sur la condition militaire résultant des restructurations :

« Comme je m’y étais engagé personnellement, le plan d’accompagnement des restructurations permet de suivre avec la plus grande attention la situation de chacun : personne n’a été ni ne sera laissé sur le bord de la route.»

Effectivement, l’Adefdromil n’a pas eu à connaître de cas de civils ou de militaires abandonnés au bord de la route dans ce cadre. Mais, elle en reçoit régulièrement qui sont oubliés par le système lorsqu’ils quittent l’institution, parfois contraints et forcés.

Pour la suite, il estime qu’il faut achever six grands chantiers en cours.

Parmi eux, il y a un sujet que l’Adefdromil a abordé à maintes reprises : « c’est celui de l’évolution du haut encadrement militaire et de la formation. »

Hervé Morin a mis trois ans pour lire et assimiler les propositions de l’Adefdromil de réduction du nombre d’officiers généraux et celles de diminution du nombre de places offertes aux concours d’entrée des grandes écoles militaires. Il semble avoir enfin compris, juste au moment où il va s’en aller. Dommage, il aurait pu gagner du temps :

« J’approuverai le mois prochain le plan de modernisation du haut encadrement militaire, que j’ai demandé au CEMA lors de son entrée en fonctions et qui comporte notamment une réduction programmée du nombre d’officier généraux et un recul des limites d’âge de 57 à 59 ans (avec possibilité de prolongation au-delà).»

Renaud Marie de Brassac

Note de l’Adefdromil. A noter que le texte voté sur les retraites à l’Assemblée nationale fixe les limites d’âge des officiers généraux « opérationnels » à 63 ans et non pas à 59 ans. Hervé Morin ne devait pas être au courant de ce qui se préparait ! Encore un oubli de ses services ?

« La contrainte budgétaire nous impose d’adapter les différents flux de recrutement de nos officiers à nos justes besoins. A cet égard, la sélectivité accrue de l’accès au grade d’officier général, comme l’indispensable mobilité interne, rendent inévitables la réduction du volume des promotions de nos écoles d’officiers. »

Mieux vaut tard que jamais. Toutefois, nous restons sceptiques sur la suite qu’y réservera son successeur, qui devra ménager le corps des officiers avant la présidentielle de 2012. Et puis surtout, dans l’hypothèse où cette réforme serait engagée, quelles seraient les réductions réellement appliquées ?

Par ailleurs, qu’a-t-il fait par exemple sur les dossiers de la concertation et des anciens légionnaires laissés pour compte et devenus SDF ? Pas grand-chose. Deux militaires membres des CSFM et CFMA viennent d’être contraints de démissionner parce qu’ils avaient osé contacter le président de la commission de la défense à l’Assemblée nationale, l’ineffable Guy Teyssier. Quant aux légionnaires sans papier, qu’ils dialoguent avec Hortefeux et Besson puisqu’ils ne sont plus militaires !

Si vous ne voulez pas « être l’aneth posé sur le saumon » comme le rapporte Le Point du 17 juin 2010, il faudrait vous manifester par des actes et non par des paroles, Monsieur le Ministre !

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14/09/10 Universites d’été de la défense: intervention d’Hervé Morin

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