Faire la guerre pour partir tôt en retraite

C’est sous ce titre qu’est paru dans le numéro 206 de la revue « challenges » un article concernant la retraite des militaires. Cet article dont l’ADEFDROMIL vous donne ci-dessous de larges extraits est venu à l’appui d’un article plus complet paru dans cette même revue sous le titre : « Comment dire adieu à son travail. Fantasme. Devenir riche plus ou moins vite pour vivre sans contraintes professionnelles : vous en avez rêvé, ils l’ont fait, ou pourraient le faire. Leurs méthodes. »

Bien évidemment, un colonel parachutiste présenté sous le nom de  « Jean de N… » a cru bon faire étalage de sa réussite dans les colonnes de cette revue en invoquant un départ à la retraite à l’age de 48 ans après 28ans d’une carrière qui l’a conduit de ses casernes de France à des opérations en Afrique ou en Ex Yougoslavie. Dans l’euphorie de l’interview, rien n’est laissé au hasard ! La journaliste précise « en ajoutant le bonus militaire d’une année par tranche de cinq effectuées (toute période commencée, seulement d’un an pour lui, est due), la prime d’une demi-journée par heure de vol (il en a fait l’équivalent de deux années) et une remise finale de quatre années pour « ses interventions extérieures », il va pouvoir partir à l’ âge de 48 ans…

Pour bien montrer la réussite de ce foudre de guerre, il fallait de toute évidence souligner que l’officier supérieur partait avec le maximum de la retraite soit 80% de sa dernière solde ! Là encore, la journaliste a oublié de dire que c’était 80% de la solde de base ! Mais qu’importe, il faut démontrer que celui qui accepte de faire la guerre voit son bas de laine à la retraite récompensé ! Dans ce cas d’espèce, le montant de la retraite annoncé par la journaliste est de 3293 euros ou 21 600francs.

Mais le sordide déballage ne s’arrête pas là ! Monsieur le colonel aurait été logé gracieusement pendant sa carrière et il a déjà payé sa maison en Bretagne ! . Je pense très sincèrement que vous serez très nombreux à demander comment il a pu faire pour être logé gracieusement par la République ! Mais sait-on jamais ! Toutefois, ce chanceux qui s’est enrichi en faisant carrière devrait se méfier des impôts s’il a omis de déclarer ce substantiel avantage en nature, à moins qu’il ne soit colonel de gendarmerie, logé par nécessité absolue de service !

Quoiqu’il en soit, notre retraité a déclaré à la journaliste : « je vais enfin pouvoir en profiter et m’adonner à la peinture, ma passion… ». Une chose est sûre : c’est que pendant qu’il fera de la peinture, il ne divulguera pas des sornettes !

Chacun sait que l’on ne fait pas fortune dans les armées! Il suffit de voir les conditions dans lesquelles nos camarades quittent celles-ci après 10 ans de services ! Si ce colonel s’était beaucoup plus intéressé à ses subalternes qu’à sa fortune acquise sur le dos de l’armée, il se serait très vite rendu compte que la majorité de ses sous-officiers et de ses officiers subalternes n’ont pas eu sa chance, n’ont pas 40 annuités et perçoivent une misère à la retraite.

C’est la deuxième fois que des parachutistes se vantent de quitter les armées dans des conditions de retraite exceptionnelles. Je crois très sincèrement que ces quelques privilégiés du système devraient cesser de jouer avec le feu au moment où les coefficients accordés à certaines  bonifications pourraient être revus à la baisse !

C’est parce qu’un colonel de l’armée de l’air avait fêté son centième million à DJIBOUTI dans les années 1980, que les soldes ont été revues à la baisse et les mouvements de fonds contrôlés sur ce territoire. Cela devrait servir de leçon.

Renaud Marie de BRASSAC

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