Discours de Madame le Ministre de la défense

C’est pour moi une joie intense et une émotion très forte de présider, pour la première fois, cette commémoration du combat de Camerone. Son souvenir suscite le respect et l’admiration.
Je sais ce que représente pour toute la famille légionnaire, la cérémonie à laquelle je viens d’assister.

Ce cérémonial magnifie, dans sa ferveur, le souvenir des volontaires étrangers morts au service de la France. Depuis sa création en 1831, la Légion étrangère a écrit certaines des plus grandes pages de notre Histoire. Le caractère sacré de la mission, le respect du chef, la force des liens qui l’unissent à ses légionnaires, c’est cela l’esprit de Camerone.
C’est celui de la Légion d’hier.
C’est celui de la Légion d’aujourd’hui, dans l’honneur et la fidélité.
Son recrutement d’une exceptionnelle qualité, allié à l’expérience séculaire des troupes professionnelles aguerries, en fait un outil de combat redoutable.
Accueillant plus de 160 nationalités, la Légion représente un modèle exceptionnel d’intégration pour notre pays. Sa rigueur, sa discipline, son culte des traditions sont des exemples pour toute armée professionnelle. Ces valeurs qui vous font vivre sont autant de repères pour la jeunesse en quête d’idéal et d’exigences.

Composante spécifique et essentielle de l’armée de terre, la Légion étrangère, au renom international, constitue un atout majeur pour une armée de projection.
Chacun sait le lourd tribut qu’elle a payé sur tous les champs de bataille, au service de la France. Elle continue à servir aujourd’hui, notamment en Côte d’Ivoire. Elle y fait la preuve, une fois encore, de son grand professionnalisme, d’une réactivité exceptionnelle, en maîtrisant la force dans des situations souvent difficiles.
Douze légionnaires ont été blessés.
Je tiens à rendre hommage au courage et à l’abnégation de vos frères d’arme. Ils ont su donner sans compter, à l’image de leurs anciens.

La Légion étrangère tire sa force de ses spécificités.
En premier lieu son style de commandement. Il est fondé sur l’exigence, certes, mais aussi sur la richesse des contacts humains et sur l’esprit de corps. Cette confiance réciproque entre le chef et ses subordonnés donne à la Légion étrangère sa cohésion légendaire. Sa discipline interdit l’esprit de bande, qui est la négation de la cohésion militaire.
De cette cohésion naît votre solidarité.
Elle est essentielle, vitale au combat, mais chacun sait qu’elle se poursuit en garnison et partout où des anciens légionnaires peuvent se retrouver. Votre cohésion et votre solidarité, renforcées dans les épreuves et au combat, s’expriment avec vigueur, bien au-delà de la période active dans les rangs de la Légion.
Le nombre d’anciens venus aujourd’hui, souvent de très loin, témoigne de cet esprit qui lie avec fierté, tous ceux qui ont un jour porté le képi blanc.
L’attention que vous portez aux invalides de la Légion étrangère et à vos anciens est un témoignage de votre remarquable solidarité, de votre esprit d’entraide, de votre dévouement.
Je tiens à vous en féliciter.

La cohésion, la solidarité qui s’expriment à travers les générations se manifestent tout naturellement aussi par-delà les origines géographiques et culturelles.
La Légion étrangère est un exemple vivant de cette tradition d’accueil de notre pays. La chance offerte aux étrangers venus servir la France est une réalité qui contribue au rayonnement de la Légion étrangère.
Elle correspond aux valeurs d’accueil fraternel que défend notre pays.
Vous, légionnaires, lorsque vous franchissez pour la première fois la porte de votre Maison Mère, ici, à Aubagne, pour signer un engagement, je devine l’esprit d’aventure qui vous anime. D’où que vous veniez, qui que vous soyez, la Légion vous accueille et vous donne une famille. Elle devient votre Patrie.
Elle permet à beaucoup d’entre vous de commencer une nouvelle vie. En retour, vous nous faites profiter de la richesse et de la diversité de vos origines multiples.
C’est pourquoi je suis très attentive à la préservation de votre statut qui vous permet de servir à titre étranger. Car vous êtes, selon la belle formule «  Français, non par le sang reçu, mais par le sang versé ».

Légionnaires, vous avez choisi de servir dans l’honneur et la fidélité.
Je compte sur votre courage et votre loyauté pour continuer à servir la France, comme l’ont si bien fait vos anciens à Camerone il y a 140 ans, le 30 avril 1863.

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