Témoignage…

Nous avons jugé intéressant de faire connaître le contenu d’une lettre qu’un légionnaire vient d’adresser à l’Adefdromil :

« Le discours de Madame le ministre de la Défense prononcé le 30 mai 2003 (lire le discours en [cliquant ici]) sur le front des troupes à l’occasion de la prise d’armes de Camerone qui se déroulait à la maison mère de la Légion Etrangère à Aubagne mérite que l’on s’interroge une fois pour toutes sur la nécessité de maintenir un statut spécifique pour les étrangers servant dans notre armée. (Képi blanc n° 645 Juin 2003).

Si personne à mon sens ne conteste l’intégration d’une proportion raisonnable de volontaires étrangers dans nos rangs, on peut naturellement se demander aujourd’hui où subsiste l’égalité républicaine lorsque le ministre de la Défense déclare : « être très attentif à la préservation d’un statut permettant de servir à titre étranger. »

Car voilà, le statut en question présente la particularité de s’appuyer sur des dispositions discriminatoires portant atteinte aux libertés individuelles et aux droits fondamentaux reconnus à toute personne vivant dans notre pays.

C’est sous le prétexte fallacieux de préserver la spécificité du légionnaire que de puissants lobbies conservateurs s’opposent systématiquement à toutes réformes internes dans le fonctionnement de cette institution. Sous couvert d’un discours démagogique bien rodé (intégration, seconde chance…) cette poignée de nostalgiques parvient jusque dans les cabinets ministériels à légitimer les méthodes en vigueur dans ce corps d’armée hybride d’environ 7000 hommes comportant pas moins de 160 nationalités différentes.

Ces hommes, réduits à l’état de citoyens de seconde catégorie, sont de surcroît invités à verser leur sang pour devenir français plus rapidement selon la belle formule employée : « Français, non par le sang reçu, mais par le sang versé ». C’est aussi méconnaître le fait que beaucoup de légionnaires ne souhaitent pas forcément obtenir la nationalité française mais plutôt des droits identiques à ceux dont bénéficient leurs camarades servant à titre français.

Les repères que Madame le ministre de la Défense entend communiquer à la jeunesse de ce pays qu’elle estime en quête d’idéal et d’exigences ne se trouvent pas dans des faits d’armes magnifiés pour la circonstance mais plutôt dans la simplicité de la bataille de Valmy symbole formidable de notre cohésion nationale. »

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