Désertion en temps de paix pour obtenir la résiliation de son contrat

Le Républicain Lorrain – Mercredi 26 mai :

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METZ (tribunal correctionnel).- David, 20 ans, caporal engagé, cheveux courts, jeans et baskets, est poursuivi pour « désertion en temps de paix ».

– La présidente: étant militaire engagé et totalisant un an de service actif, vous vous êtes absenté sans motif et durant plus de six jours de votre unité d’affectation. Les faits sont simples: vous n’avez pas regagné votre caserne après l’expiration d’un quartier libre. Pourquoi?

– Pour pouvoir quitter l’armée et résilier mon contrat, explique le prévenu.

– Quand on s’engage, on ne fait pas des choses comme ça. Il y a d’autres façons de mettre un terme à un contrat…

– J’ai essayé mais y a rien eu à faire. J’ai demandé à voir le colonel, on m’a répondu qu’on ne le dérangeait pas pour ça…

– L’armée a besoin de pouvoir compter sur ses engagés. Vous aviez signé un contrat de cinq ans, il fallait vous y tenir, point barre!, sermonne la juge, à la manière d’un adjudant de semaine expédiant un bidasse récalcitrant à la corvée de peluche.

– David: Le travail à la caserne avait changé, l’ambiance aussi. On passait nos journées à rien faire, affalés dans les chambrées. Beaucoup de mes collègues étaient bourrés (sic) du matin au soir. C’était pas très motivant…

– Vous n’aviez qu’à demander une autre affectation, voilà tout! En attendant, votre contrat a été résilié pour faute grave et manquement à la discipline. Et vous voici devant le tribunal, c’est pas malin!

La procureure réclame trois mois d’emprisonnement avec sursis. La défense avance ses arguments:

– « Je ne vais pas faire ici le procès de l’armée mais force est de constater qu’un certain nombre de jeunes, attirés par des spots publicitaires très accrocheurs, sont déçus une fois encasernés. Le mien n’en pouvait plus, il y a eu tromperie sur la marchandise. Alors, il a trouvé un autre emploi en CDI mais on ne lui a pas permis de quitter l’uniforme pour autant. C’est pourquoi il a déserté. C’est une erreur, je n’en disconviens pas, mais il me semble que l’armée pourrait gérer ses recrues différemment. »

Deux mois avec sursis. Rompez!

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