LE NET IRRITE LA GRANDE MUETTE

Courrier Cadres n°1486, semaine du 3 au 9 avril 2003. www.apec.fr

L’internaute. Avec son site, Michel Bavoil veut faire bouger le droit dans les casernes.

« Au nom du principe qui veut que ce soit au chef de veiller aux intérêts de ses subordonnés, on maintient les gens dans l’ignorance de leurs droits », dénonce Michel Bavoil. Ce capitaine de 54 ans, fraîchement retraité, est à l’origine de l’Adefdromil (association de défense des droits des militaires) dont le site web, très documenté, est devenu un point de ralliement pour de nombreux soldats, en froid avec leur hiérarchie ou simplement curieux de s’informer (www.defdromil.org).

« Les militaires doivent pouvoir bénéficier des mêmes droits que les autres citoyens, plaide ce juriste passionné qui a exercé aux sein des tribunaux des Armées et a été chancelier, l’équivalent de gestionnaire des ressources humaines. Le droit de réserve doit s’appliquer aux opérations. Mais il n’est pas normal qu’aujourd’hui les femmes et les hommes qui travaillent au sein des armées ne puissent toujours pas s’exprimer sur leurs conditions de vie ».

Pour l’association qui revendique 600 adhérents, Internet joue un rôle clé. « Nous faisons entrer le droit dans les casernes et les états-majors qui disposent tous aujourd’hui d’un accès Internet. Notre site enregistre plus de 13000 visites mensuelles » souligne Michel Bavoil, assisté par deux webmasters bénévoles, lieutenant-colonel et gendarme de leur état.

Cette audience  a suscité l’ire du ministre de la Défense qui, invoquant le caractère syndical de l’association, incompatible avec leur statut, a interdit aux militaires en exercice, par le biais d’une note agrafée à leur bulletin de solde, d’adhérer à l’association, sous peine de sanctions disciplinaires. Le tribunal de grande instance de Paris, devant lequel l’Adefdromil a porté l’affaire, s’est déclaré incompétent le 12 mars dernier. Mais Michel Bavoil est décidé à saisir la Cour européenne des droits de l’Homme. « De nombreux pays appliquent déjà la recommandation du Conseil de l’Europe qui stipule que les membres des forces armées, en tant que citoyens en uniforme, devraient pleinement jouir du droit, lorsque l’armée n’est pas engagée dans une action, d’adhérer à des associations spécifiques visant à protéger leurs intérêts professionnels, plaide-t-il. D’ailleurs, si les militaires en activité ne peuvent plus adhérer en leur nom propre, ils le feront par le biais de leurs conjoints ».

Dans les armées aussi, Internet bouscule les traditions.

N.Q.

Chronologie des documents diffusés sur le site :

> 14.12.2002
Alliot-Marie s’attaque aux «syndicalistes» de
l’armée
(Libération),
> 15.12.2002
Communiqué de l’ADEFDROMIL
,
> 15.12.2002
Note du Préfet MARLAND
du 28.11.2002,
> 16.12.2002
L’armée hors-la-loi ?
(Est Républicain),
> 24.12.2002
Recours hiérarchique par Maître Gérard DUCREY
,
> 02.01.2003
Interview de Michel BAVOIL
(L’Idéaliste),
> 06.01.2003
Mais QUI donc a peur de l’ADEFDROMIL ?
(L’Idéaliste),
> 08.01.2003
Mais POURQUOI avoir peur de l’ADEFDROMIL ?
(Lettre ouverte),
> 16.01.2003
Les généraux cassent du syndicaliste
(Le Canard Enchaîné),
> 27.02.2003
Communiqué de l’ADEFDROMIL
,
> 05.03.2003
Liberté d’Association
(Oise Hebdo),
> 06.03.2003
Communiqué de l’ADEFDROMIL
,
> 10.03.2003
Le site d’une association de militaires embarrasse la Défense
(01net.),
> 12.03.2003
Le capitaine Bavoil contre Alliot-Marie
(Courrier Picard),
> 13.03.2003
Les militaires invités à mieux se pourvoir
(Courrier Picard).

À lire également