L’économie d’un conflit ?

L’ECONOMIE D’UN CONFLIT ?

Le temps est compté.

Quelles que soient les suites que nous donnerons à cette assignation en référé, le pouvoir eut dû éviter cette note vengeresse. Sauf à vouloir donner une publicité malsaine, il nous apparaît incontournable, dès aujourd’hui, qu’un redressement important s’impose à l’Institution, en particulier dans le strict respect des lois. Comment appeler autrement, en effet, cette "chasse aux sorcières" contre des citoyens qui demandent puis exigent légitimement que les Principes et les Lois soient appliquées ? Cela tient du délire irresponsable.

De notre côté, nous sommes déterminés.

Certains généraux, minoritaires (?) aujourd’hui, partagent notre analyse et nous l’ont discrètement manifesté ; arriveront-ils à se faire entendre ? Arriveront-ils à faire l’économie de cette crise de sénescence ?

Nos successeurs nous jugeront ; l’histoire retiendra uniquement le résultat. Combien de temps faudra-t-il, ces péripéties terminées, pour adapter l’administration de la Défense à l’Armée professionnelle du troisième millénaire ? Combien de temps faudra-t-il pour faire le ménage et remettre chacun à sa place ? Les intérêts d’une minorité ne doivent pas occulter l’intérêt national.

Nous demandons que le commandement soit réellement
attentif au deuxième alinéa de ce fameux article 10, et que "le chef veille aux intérêts de ses subordonnés… " comme le commande la loi. Nous demandons à être associés aux travaux du nouveau projet de statut général des militaires.

Des changements sont attendus avec impatience, dans les
domaines des carrières, des récompenses, des soldes, des primes, des retraites, et dans le rôle citoyen du soldat au sein de la cité. Une cour spéciale de contrôle, indépendante, et dont les membres seront choisis parmi des magistrats (en retraite ?), s’impose ; avec la nécessité d’un rapport annuel, elle devra être dotée de moyens de poursuites et d’investigations, avec droit de regard sur le "secret défense", dans des conditions strictes à définir.

La concertation est indispensable. Le recrutement futur d’éléments de qualité, et l’efficacité de l’Institution de demain sont à ce prix (lire sur le site le remarquable article du Colonel (er) R.C. sur la Communication Pentagonale).

Nous réclamons aussi justice pour ceux qui, courageusement, ont dénoncé des dysfonctionnements et furent sanctionnés. Ils doivent être réhabilités, tel ce médecin qui dénonça des fausses pensions détournées, coûtant des millions d’euros au Trésor ; il fut limogé, rétrogradé et bloqué dans son avancement, on croit rêver !… ou ces cadres officiers et sous-officiers, punis d’avoir été jalousés pour leur palmarès par des "combattants de lustrine, ces héros de bureau", et non récompensés, comme le demandaient, en pure perte, leurs chefs directs pour la presque totalité… officiers généraux, dont une forte proportion cités eux-mêmes en opération !

Comment peut-on faire appel à la Justice Administrative pour tenter d’étouffer une association qui dérange ? et en même temps, refuser d’exécuter une décision du Conseil d’Etat qui condamne un ministère à la suite d’une requête d’un citoyen qui dénonçait des discriminations ? Où est la cohérence, la justice, et que fait-on de notre dignité nationale ?

Qui pilote réellement l’avion ? Ainsi, comment se fait-il que nombre de chefs se fassent piéger par d’inamovibles cadres de l’administration centrale, au fait des petits secrets des uns et des autres ? Ces inamovibles seront-ils un jour contrôlés dans leur administration ? Le vrai pouvoir discrétionnaire est-il réellement entre les mains de ceux qui en sont investis par la loi ? Le refus de dialogue ne vient-il pas de ces inamovibles? Nous l’appréhendons. Nous demandons que chacun reste à sa vrai place.

Le pouvoir discrétionnaire, pouvoir légitime du Ministre ou de ceux qu’il délègue réglementairement, est le pouvoir régalien du chef de choisir entre ceux qui sont dans les mêmes conditions ; ce choix doit se faire "avec discrétion", de façon mesurée, juste et équilibrée, et non "à discrétion", démesurée, injuste et partiale.

Devrons-nous constater, avec un magistrat célèbre d’une grande ville de Méditerranée, que ceux qui défendent la loi et dénoncent les délits ne sont jamais soutenus par leur hiérarchie ? Et se voient affublés de la réputation de "social-traître", parce qu’ils refusent de se taire, au seul motif que leur action citoyenne n’est pas jugé "convenable" ? Ce qui est "convenable" pour
un bourgeois frileux doit-il servir de référence à des citoyens soldats ? Ou plutôt ce qui est digne pour un citoyen soldat exemplaire ne doit-il pas s’imposer à tout citoyen loyal ? Bonaparte réveille-toi, ils sont devenus fous !

Le Premier Ministre lui-même, dans son dernier ouvrage commis au printemps 2002, "Pour une nouvelle gouvernance", ne regroupait-il pas dix axes de réforme ? 1) Moderniser la République 2) Protéger la démocratie … 6) Promouvoir la démocratie sociale 7) Assurer la transparence de l’action publique 10) Inventer la gouvernance européenne !… Que les officiers généraux lisent cet ouvrage et aident le chef du gouvernement à réaliser son projet ! Nous serons alors à leurs côtés et les applaudirons.

Cette ambition a quand même une autre allure que la rumeur de cette phrase incroyable, prêtée à un personnage très important de la République après le résultat des législatives : « … Maintenant, on ne va pas se laisser emmerder ! »

Nous sommes fiers de la courageuse et ferme attitude de notre Chef de l’Etat, de son très brillant Ministre des Affaires Etrangères, défendant avec FORCE le DROIT international, violé par le "COUP de FORCE" de la minoritaire coalition contre l’IRAK. Mais nous trouvons incohérent que ce principe de primauté du DROIT sur la FORCE soit scandaleusement oublié pour notre association et pour ceux qui sont victimes (dont l’ETAT pour le Trésor !…) de dysfonctionnements indignes d’un pays de droit. Devrons-nous balayer les trottoirs de la rue St Dominique, de la Rue de Solférino, et du boulevard St Germain ?

Remercions les journalistes peu nombreux et courageux, qui
ont bravé l’omerta. Il est vrai qu’il est tellement courant de voir un ministre, un directeur de cabinet et un officier général, assignés pour voie de fait !

Devrons-nous, comme nos voisins d’outre-Manche, imposer la
transparence dans l’appartenance à des "clubs philosophiques", pour les élus, les fonctionnaires, les magistrats, les cadres de nos armées ? Nous l’envisageons très sérieusement.

Nous serons très fermement attentifs dans les prochaines
semaines.

Lieutenant-Colonel (er) Christian l’HUILLIER

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