Le CEMAT et la « judiciarisation » des opérations extérieures.

Lors de la 40 ème session du CFMT, le général Elrick Irastorza s’est adressé aux membres du Conseil de l’armée de terre (CFMT) pour faire un point de situation, le 25 novembre dernier. Il n’a pas manqué d’aborder le problème soulevé par les plaintes déposées par les familles des militaires tués dans l’embuscade d’Uzbin en 2008.

L’Adefdromil a jugé utile de publier cet extrait. Elle constate que les idées émises par le CEMAT rejoignent celles de notre association.

« Enfin, le droit est devenu une donnée plus structurante que jamais.

La règle s’est toujours imposée à nos soldats, qui ne se sentent pas au dessus de lois, qui les protègent tout autant qu’elles les obligent.

Où qu’il soit déployé, le soldat français s’engage avec, collés à la semelle de ses chaussures, les lois, règlements comportementaux et de mise en oeuvre et le code du soldat. « A guerre irrégulière, comportement régulier » :

· Il applique le droit et les conventions internationales ;

· Il s’approprie les règles d’engagement – les ROE – spécifiques à chaque théâtre.

· Le mouvement de « judiciarisation » des opérations appelle les observations suivantes :

· On ne peut empêcher les gens de porter plainte ;

· Les militaires n’ont jamais bénéficié de l’immunité, depuis que la guerre existe, les hommes n’ont eu de cesse de s’efforcer à créer un droit de la guerre « jus ad bellum » et un droit dans la guerre « jus in bello », ce n’est pas une nouveauté ;

· En revanche ce métier n’est pas comme les autres, il est soumis à des contingences fortes, c’est-à-dire à des évènements imprévisibles, ce que l’on appelle le « brouillard de la guerre ».

· La loi relative au statut général des militaires nous protège dans l’exercice de nos missions, pour autant – article 16 – que nous accomplissions « les diligences normales », ce qui veut dire que nous fassions notre métier conformément à la norme.

· 2 conséquences en découlent :

· 1ère conséquence : tant que le soldat accomplit ses missions en conscience, en se souvenant à chaque instant de ce qu’il a patiemment et durement appris et acquis à l’entraînement, en un mot tant qu’il accomplit les diligences normales, il n’y aura aucune raison d’appréhender l’irruption d’un juge dans la conduite tactique des opérations au point de s’en trouver

globalement inhibé au combat.

· 2ème conséquence : les militaires qui viendraient, individuellement ou collectivement, à faire l’objet de telles procédures bénéficieront de tout le soutien qui leur est légalement et moralement dû. »

LIRE EGALEMENT:

Embuscade d’Uzbin : plus de transparence et de responsabilisation ne peut nuire.

Cette publication a un commentaire

  1. Domisoldo Diez

    Très vraisemblablement rédigés simultanément et à haut niveau par plusieurs bureaux de l’état-major de l’armée de terre (EMAT), la déclaration du chef d’état-major de l’armée de terre (CEMAT) devant le conseil de la fonction militaire terre (CFMT) et le compte rendu dudit conseil, tenu du 19 au 25 novembre 2009 dernier.

    Parfaite complémentarité du discours du chef et des desiderata soufflés à l’oreille des « représentants » des militaires de base. Ciseaux pour décodage.

    A tout seigneur, le CEMAT :
    « (…) tant que le soldat accomplit ses missions en conscience, (…) en un mot tant qu’il accomplit les diligences normales, il n’y aura aucune raison d’appréhender l’irruption d’un juge dans la conduite tactique des opérations au point de s’en trouver globalement inhibé au combat.
    (…) les militaires qui viendraient, individuellement ou collectivement, à faire l’objet de telles procédures bénéficieront de tout le soutien qui leur est légalement et moralement dû. »

    Contrepoint et non contrechant, le dernier paragraphe du compte rendu du CFMT :
    « (…) La garantie de ne plus subir les effets ravageurs d’actions judiciaires et de médiatisations excessives, conditionne (la) complète adhésion (de l’armée de terre) aux missions confiées ».

    Les colonels brevetés rédacteurs de l’EMAT ont l’imaginaire délicat, cette année.

    Revenons sur terre, notamment avec l’exemple récent de l’affaire Mahé en Côte d’Ivoire : parmi les mis en examen figurent certes plusieurs officiers généraux et supérieurs, mais c’est un sous-officier tout seul qui est allé directement en détention préventive, où il a passé un très long moment.

    Chapeau, les artistes.

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