Tir dans les couilles à la Légion étrangère

More majorum  (devise du 2e REP) homo homini lupus ! »

            « Selon la coutume de nos anciens, l’homme est un loup pour l’homme ! »

 

Que les lecteurs nous pardonnent notre titre racoleur. Il a simplement pour but de donner envie de lire cette nouvelle histoire choquante et révoltante qu’est venu raconter à l’Adefdromil, le légionnaire Z en service au  2e REP (régiment étranger de parachutistes) au moment des faits. Rappelons pour ceux qui ne sont pas des « aficionados » de la Légion que ce régiment, basé à Calvi en Corse, qui se dit l’élite de l’armée française et dont la devise est : « More majorum », a sauté sur Kolwezi en 1978 et a défilé sur les Champs Elysées le 14 juillet 2009.

Cette histoire semble malheureusement exemplaire des pratiques de la Légion en cas de violences commises par un supérieur sur un subordonné.

Z est originaire de Slovaquie. C’est un solide gaillard. Il a 24 ans. En mars 2004, il s’engage pour une durée de 5 ans à la Légion et il est affecté au 2e REP en 2006, après avoir servi au 3e REI en Guyane.

Lors d’un exercice de combat en Corse, au camp Frasselli, le 12 janvier 2008, il est chargé de jouer le rôle de l’ennemi selon les ordres du directeur d’exercice, le sergent M. En termes militaires, cela s’appelle « faire le plastron ».

Selon lui, il a reçu pour instruction de tirer – à blanc évidemment- avec son fusil FAMAS contre la patrouille des légionnaires à l’exercice, qui arrive à un carrefour. En fait, soit que les ordres aient été mal donnés, soit qu’ils aient été mal compris, ce que voulait le sergent, c’était une simulation de tir à la voix : « pan, pan ! »

La faute irrite profondément le sergent M, sous-officier qui dirige l’exercice.

Celui-ci se précipite sur Z, furieux, en lui demandant pourquoi il n’avait pas respecté ses ordres. Puis, il pointe son fusil d’assaut FAMAS à l’entre-jambes de Z et lui décharge une rafale à blanc à bout portant, au niveau des parties génitales… avec un  sourire que ne comprend toujours pas Z.

Le bilan de cette manœuvre, tout empreinte de délicatesse légionnaire, est simple.

Après avoir subi deux opérations et éprouvant des douleurs extrêmes, Z doit se faire retirer un testicule lors d’une troisième opération pratiquée en secteur civil en avril 2009. En termes médicaux, l’opération est appelée : une « orchidectomie ».

Pour le reste, si on ose dire, ce n’est pas brillant. Certes, il peut encore procréer, mais les douleurs au niveau de la ceinture abdominale sont telles, qu’elles lui interdisent d’avoir des rapports sexuels.

A 24 ans, non seulement la carrière militaire de Z est fichue, mais sa vie d’homme est sérieusement altérée.

L’auteur de cette agression stupide et criminelle aux conséquences dramatiques a continué d’encadrer le stage de caporal comme si de rien n’était. Il a été généreusement puni de 40 jours d’arrêts – effectués en chambre en dehors des heures de service lorsqu’on est sous-officier -. Il ose prétendre, au mépris de l’expertise balistique judiciaire et de la logique de l’utilisation d’une arme à feu, qu’il s’agirait d’un simple accident, que son doigt aurait glissé sur la queue de détente. Lorsqu’on sait que pointer sans raison valable son arme même chargée à blanc constitue une grave faute professionnelle, on ne comprend pas la mansuétude de la Légion qui se dit « troupe d’élite » et qui tolère ainsi des amateurs ou des criminels dans ses rangs.

M. poursuit, en tout cas, allègrement sa carrière au 2e REP, régiment où a servi aussi et hélas, le légionnaire d’origine slovaque Jozef Tvarusko, décédé en mai 2008 sous le soleil de Djibouti après avoir reçu des coups de ses chefs et après qu’on lui a refusé de l’eau…

Le rapport soi-disant « circonstancié » du capitaine Albrecht, commandant la 3e compagnie établi le 1er février 2008 et approuvé par le colonel Houdet, commandant le régiment, ne permet pas de connaître l’auteur de la blessure : « l’élève caporal … a reçu à bout portant une rafale de Famas de 2 cartouches de munitions d’exercice avec appareil de tir à blanc. Il a ressenti une vive douleur au niveau des testicules. ».

Pourquoi taire l’identité de l’auteur des faits, si ce n’est pour faire obstacle à la manifestation de la vérité ?  L’article 434-4 du Code pénal punit de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende le fait de …2°… « d’altérer un document public de nature à faciliter la découverte d’un crime ou d’un délit, la recherche des preuves ou la condamnation des coupables ». On devrait donner des cours de droit à la Légion…

Plusieurs officiers et gradés du 2e REP ont dissuadé fortement Z de porter plainte. Selon la victime, même le représentant de l’AGPM à Calvi, association générale de prévoyance militaire qui a l’exclusivité des contrats d’assurance pour les engagés de la Légion lui a indiqué que s’il déposait plainte, il ne recevrait aucune aide de sa part pour demander l’indemnisation à laquelle il a droit. Il est vraiment sympathique de se sentir épaulé par son assureur lorsqu’on est victime de faits survenus en service et en principe garantis.

Z est passé outre. La gendarmerie a procédé à une enquête et un dossier pénal a été constitué. Menacé de représailles dans son régiment, Z a été contraint de demander à être affecté à Castelnaudary courant 2008 après plusieurs mois d’indisponibilité, en perdant ainsi l’indemnité pour services aériens. Puis, il a été placé en congé de longue maladie, ce qui a eu pour effet de prolonger son contrat au-delà de son engagement initial de cinq ans. Lorsqu’il a demandé à recevoir la copie de son dossier administratif et médical comme la loi  lui en donne le droit, un officier de Légion a eu le culot d’exiger qu’il fournisse les motifs de sa requête et le nom de son avocat, informations qu’il n’a pas à produire, bien évidemment.

Au-delà de ce drame humain pour lequel il est indispensable que justice soit faite, ce qui est indigne et scandaleux, c’est la tentative de cadres de la Légion de minimiser les faits et ses conséquences, de dissuader Z d’utiliser les voies de droit, de protéger l’auteur d’une blessure très grave au mépris des droits élémentaires de la victime. Pas besoin de sortir le code du légionnaire pour comprendre le parjure de tous ceux qui ont couvert cette infamie, il suffit de se référer aux lois de la République. Malheureusement, ce n’est pas la première fois qu’à la Légion, on tente de protéger les bourreaux et de rejeter les victimes ! En attendant que l’affaire vienne en justice, souhaitons simplement que M, l’auteur présumé des faits et encore innocent à ce jour, n’en profite pour quitter la France et fuir ses responsabilités, comme l’ont fait deux des protagonistes de l’affaire Tvarusko, ou qu’il ne soit envoyé opportunément ou par erreur en Afghanistan !

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