Chers ou pas chers ?

Ce n’est pas un droit de réponse, mais seulement un article qui répond à un article paru en deux parties sur le site de l’Adefdromil, le dernier date du 7 juillet.

Dans cet article paru, à la veille du 14 juillet, le vice président de l’Adefdromil laisse entendre qu’il y a de l’abus du coté des officiers généraux notamment en ce qui concerne les avantages financiers de tous ordres. En l’absence d’éléments chiffrés et de comparaisons internationales tout au moins européennes nous ne pouvons dire si abus il y a, si les généraux français sont chers ou pas chers ; nous n’avons pas lu les textes cités dans les deux articles du vice-président .Sans avoir eu le temps de lire (ce que nous regrettons) tous les textes cités de façon incomplète ou complete ces articles méritent qu’on s’y attarde un tant soit peu.

Le vice-président de l’Adefdromil ne précise pas s’il y a une norme d’encadrement en Europe ou dans l’Otan.

Des généraux chers ou pas chers, nous ne le savons pas et n’avons pas les moyens de le savoir, par contre les arguments développés ne sont pas tous faux, du moins à notre avis, c’est donc un bon point pour le vice-président de cette association même si la charge anti-hiérarchie perce dans ces articles. Mais quel est le pays qui n’a pas une hiérarchie, n’oublions pas que le décret du 10 juillet 1948  porte « classement hiérarchique des grades et emplois des personnels civils et militaires de l’Etat ». Cette précision (classement hiérarchique sans autre précision) est beaucoup plus importante qu’on peut le supposer.

Pour que cet article n’apparaisse à certains comme trop décousu, il convient de répondre à peu près aux points évoqués dans l’article en question.
Combien d’étoiles dans le ciel ? Des effectifs pléthoriques ?

On peut supposer que les données extraites d’un livre de Jean Guisnel sont exactes et tirées des documents budgétaires.

Toutes les données citées concernant la Terre, l’Air, la Marine sont d’autant plus difficiles à contrôler que la source des unes et des autres n’est pas citée de façon précise.
L’auteur peut ainsi affirmer qu’il y a multiplication des étoiles ou laisser entendre que certaines nominations ou affectations sont ad nutum du chef des armées ?

Comme le souligne le vice-président de l’Adefdromil, il ne  devrait pas y avoir d’exception.

Le RSA des généraux.

L’article du vice-Président de l’Adefdromil aurait eu sans doute plus de force, s’il avait clairement posé la question des primes mais il faut dire que le répertoire des primes n’est pas encore ouvert au public si tant est qu’il y en a un.

Quant à la Nouvelle Bonification Indiciaire, il ne semble pas qu’elle ait été créée à la demande des armées, c’est sans doute un mauvais procédé pour régler un vrai problème : celui des primes dans la fonction publique et que tout le monde écarte, par prudence ou par intérêt ?

Il est dommage que le vice-président de l’Adefdromil ne démontre pas par des chiffres ou par des preuves ce qu’il affirme en écrivant que « la fin des généraux est beaucoup plus douce que celle de beaucoup de hauts fonctionnaires », l’euthanasie administrative serait-elle autorisée et par quel texte et pour quelle catégorie ?
Il est vrai que le système est opaque, faut-il ajouter que l’échelle E est une pratique sans doute réglementée ; l’affaire Cambournac n’a certes pas éclairci le débat.

Le Pôle emploi des généraux est sans doute réel mais peut-on généraliser à partir de quelques noms ? L’assouplissement des règles déontologiques est sans doute regrettable, mais disons à l’auteur que dans les années 70 il fallait un grand courage ou tout simplement de la naïveté pour s’opposer au système dérogatoire existant.

Le débat sur la MIRVOG doit-il se traduire par un hommage gratuit à Guy Tessier ?

L’indemnité SBBM ne saurait échapper à la critique des primes.

Le vice-président de l’Adefdromil n’indique pas le nombre de contrats de différence, c’est dommage.

Reprendre le titre d’un ouvrage de de Closets (« toujours plus ») ne démontre pas que les généraux s’en foutent plein la poche, comme on dit, parfois.

Le pécule est une vieille pratique française, la vigilance du CSFM n’est donc que louable.

Un tel article, mêmc coupé en deux, méritait une conclusion sans ambiguïté. Le sentiment de malaise n’est-il pas la conséquence d’une certaine transparence permettant de dénoncer la façon dont l’Etat soigne ses élites ?

Précisément, à propos d’Elites, le vice-président de l’Adefdromil ne semble pas avoir entraperçu la gravité de la situation : on a le sentiment qu’il ne donne pas au label Ecole de l’Air, Navale ou Saint-Cyr, a fortiori à  ceux qui ne  sont pas sortis des « grandes écoles » mais tout simplement issus du rang,  le même poids qu’à l’ENA. L’Enarchie doit-elle gouverner, doit elle gouverner avec des limites d’âge intolérables et discriminatoires dans une société fondée sur l’égalité ? La proposition de suppression de la 2ème section des officiers généraux serait appréciée à une unique condition d’Egalité, c’est-à-dire que l’on connaisse toutes les primes en vigueur dans la Fonction publique (Etat et territoriale), que l’on connaisse sans difficultés toutes les limites d’âge appliquées dans une fonction publique qui ne soit pas fondée sur la prétendue spécificité dont le conditionnalat n’est qu’ un exemple  typique.
Ce n’est qu’à ce prix que la phrase citée du feu président Pompidou trouvera un sens : oui car il faut contraindre les forteresses, toutes les forteresses, sans la moindre réserve, à ouvrir leurs portes, leurs arcanes.
Ce voeu pourrait sans doute se réaliser si la Révision Générale des Politiques publiques (RGPP) réussit à mettre fin au régime scandaleux des services votés ; tout se passe comme si les parlementaires français avaient fait le voeu de ne rien Voir, de ne rien Entendre, de ne rien Dire, en un mot d’illustrer une célèbre caricature. (1)

Longue vie au vice président de l’Adefdromil dans sa mission de pourfendre les pratiques actuelles, certes inévitées et inévitables pour un certain temps. En tant que vice-président d’une association de défense des droits des militaires, il sait mieux que quiconque que le statut militaire ne permet pas à tous les lieutenants issus de Saint-Cyr ou autres grandes écoles militaires, de devenir général. Nous attendons que le vice-président de cette association qui est au front tous les jours pour défendre les droits des militaires nous donne sa vision des déroulements de carrière, des dispositions qui permettraient d’avoir un encadrement en permanence adapté en nombre et qualité dans les unités tout en évitant la pléthore d’officiers notamment généraux qu’il déplore, et, bien entendu, en n’omettant pas de faire participer les militaires à l’encadrement de la Nation dans des conditions de même nature  que les « civils ».

Eugène-Jean Duval – contrôleur général des armées (c.r), auteur de divers ouvrages et articles, notamment :
« L’armée de terre et son corps d’officiers 1944-1994 » Editions Addim 1996
« La couverture du risque en milieu militaire » Editions Addim 1998
« Regards sur la conscription militaire (1790-1997) – Documentaion française 1998
« Etapes de la citoyenneté des militaires » – Société des écrivains 2000
Etc.

(1)

 »  Certaines limites d’âge de hauts fonctionnaires sont de 68 ans, d’après ce que nous savons
A titre tout à fait informatif les hors échelle représentaient de l’ordre de 69.000 personnes sur plus d’un million de catégorie A, tous ministères confondus (Fonction publique d’Etat).

Ces données sont extraites de Faits et Chiffres 2007-2008 page 533. »

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Commentaires de Jacques Bessy, vice-président de l’Adefdromil

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