Droit de réponse. A l’attention de M. Jean Dominique Merchet, journaliste accrédité « défense » à Libération.

Monsieur,

Sur votre blog Secret Défense, vous mettez en cause l’Adefdromil dans un article publié le 25 juillet à 16H49.

Vous vous étonnez du communiqué publié le 24 juillet en début d’après-midi, rappelant « que l’association a dénoncé, à deux reprises (juillet 2007 et février 2009) auprès du ministre de la Défense, le comportement « manifestement violent » du  sous-officier, présenté comme responsable de l’incendie de 1300 hectares de garrigue autour de Marseille et qui aurait « exercé des violences contre des subordonnés au cours de séances de formation ».

Et vous ajoutez : « Mais dans le cas présent, on se demande bien où est la défense des droits des militaires lorsqu’il s’agit de dénoncer nominalement un sous-officier à son ministre, puis de le charger publiquement lorsqu’il est pénalement mis en cause dans une toute autre affaire ? Faut-il y voir un acharnement visant spécifiquement la Légion étrangère ? »

Nous vous demandons de publier sur votre blog le droit de réponse suivant :

S’agissant de la défense des droits des militaires.

L’Adefdromil  a vocation à défendre les droits individuels et en particulier ceux des victimes de préférence à ceux des auteurs de violences illégitimes. Dans le cas présent, les signalements du comportement violent du gradé en cause n’ont manifestement été suivis d’aucune mesure effective. Comment prétendre qu’un chef de section est excellent, lorsqu’il commande à coups de rangers dans le ventre et de coups de poings dans la gueule (1) ? Qui peut accepter qu’un soldat soit réformé à la suite de ses brutalités et quitte ainsi la fonction qui lui permettait de séjourner en France et de nourrir sa famille? Faire justice aux victimes de violence, c’est défendre les droits des militaires. Stigmatiser des comportements inadmissibles dans l’armée française, c’est œuvrer pour l’intérêt général des armées. Il n’y avait donc aucune raison pour que l’Adefdromil prenne la défense de ce gradé.

D’une manière plus générale, nous rappelons simplement et à titre illustratif :

1°que nous sommes à l’origine de l’attribution de la légion d’honneur aux sous-officiers et militaires du rang tués en opérations ;

2° que nous avons contraint, par nos diverses interventions, le ministère de la défense à respecter les droits des militaires pacsés qui devraient recevoir prochainement les mêmes indemnités que les militaires mariés, conformément à ce qui se passe hors du ministère de la défense depuis plusieurs années ;

3° que nous sommes intervenus avec succès pour empêcher l’imposition de la solde OPEX et qu’enfin, nous avons obtenu pour les militaires le paiement des frais de déplacement outre mer au même taux que les fonctionnaires civils.

 Il est connu que les Français et les militaires ont la mémoire courte. Dans le domaine de la défense des droits, nous n’avons donc aucune leçon à ne recevoir de personne.

S’agissant du prétendu « acharnement » manifesté à l’encontre de la légion étrangère.

L’Adefdromil n’a jamais cherché à s’intéresser plus particulièrement à ce corps. Ce sont les problèmes de la légion et les légionnaires qui sont venus à elle.

Elle a ainsi découvert avec effarement un corps en marge des lois de la République (2) dans lequel les violences, les traitements dégradants commis envers les subordonnés sont monnaie courante et ne sont pas ou peu sanctionnés, dans lequel on pousse les engagés jugés insuffisants ou dont on veut se débarrasser à déserter pour leur faire quitter l’institution, dans lequel on fait peu de cas de l’intégrité physique des hommes hormis celle des grands blessés de guerre, bichonnés à l’institution de Puyloubier qui sert de faire-valoir social à la légion. L’Adefdromil est ainsi amenée à s’occuper seule et sans subventions de la situation de nombreux légionnaires ou anciens légionnaires largués par leur corps sans aucun soutien.

Nous persistons à penser que les courriers adressés en son temps au ministre auraient dû être suivis de mesures effectives et que maintenir dans ses fonctions d’encadrement et d’instructeur un gradé qui a violé délibérément la loi pénale ne peut que conduire à d’autres violations, ce qui semble bien s’être produit.

Nous comprenons que notre communiqué en ait surpris certains. Sachez, qu’il se fonde comme toujours, sur l’intérêt général de l’armée et de la France. Mais, on a, évidemment, le droit de ne pas être d’accord.

Enfin, s’agissant du rôle prétendument « très contesté » de l’Adefdromil.

Ce rôle est certainement peu apprécié dans les sphères gouvernementales et dans celles des grands états-majors où se trouvent vos sources principales d’information. Votre prise de position qui déroge au ton général de votre blog semble donc refléter l’opinion d’officiers en poste au ministère, voire du cabinet. Il aurait fallu pour être objectif demander à entrer en contact avec des militaires ayant eu recours aux services de l’association. Il y en a des centaines et même plus d’un millier. Ainsi, la mise en cause de notre rôle a été formulée sans que vous ayez jugé utile de nous contacter préalablement. Elle pose donc le problème fondamental de la déontologie des journalistes accrédités de défense qui, souvent étant trop proches de leurs sources gouvernementales et militaires, perdent le recul indispensable à l’exercice objectif de leur métier. Je le regrette sincèrement dans votre cas.

                                                                                                       Michel BAVOIL

 

(1) Selon l’un de ses camarades: «il est effectivement connu pour un management il est vrai parfois un peu trop « musclé », (mais) c’est un soldat avec qui je partirais au combat sans soucis.»

(2) Lire notamment:

Entraînement très spécial à la Légion étrangère (Par Jacques Bessy)         

Castelnaudary. Photos choc d’un entrainement très «spécial» à la Légion.

Les affirmations approximatives du général Pichot de Champfleury…et ses omissions.

Le service à titre étranger : une nécessaire et indispensable évolution statutaire.

Légion étrangère: des comportements « inacceptables » estime l’armée de terre

L’état-major de l’armée de terre condamne certaines méthodes d’entraînement de la Légion étrangère 

Un légionnaire accuse : « Il y en avait qui mangeaient dans les poubelles »

Pratiques abusives à la Légion étrangère

L’Adefdromil obtient une autorisation de séjour pour un ex-légionnaire et sa famille

Lettre adressée le 8 mai 2008

 

 

 

À lire également