La Marine n’a jamais été mal à droite (Par Renaud Marie de Brassac)

Avertissement : Les synthèses biographiques sont inspirées des articles de Wikipedia.

 

L’article du Figaro magazine révélant que le conseiller de Marine Le Pen pour la Défense est l’amiral JeanYves Waquet renvoie à la belle époque de l’Etat français du Maréchal où de nombreux amiraux se sont distingués dans leur engagement pour la « révolution nationale ».

Quelques recherches sur la toile permettent d’illustrer le titre de cet article.

A tout seigneur, tout honneur : le plus connu des amiraux est bien sûr l’amiral Darlan.

Il a bâti sa carrière dans l’entourage de Georges Leygues, ministre de la Marine. Il a donc contribué à constituer une des marines les plus puissantes de notre histoire. En 1940, il soutient la demande d’armistice. Et après l’attaque anglaise à Mers el Kébir, il aurait voulu que la France déclarât la guerre au Royaume Uni. Pétain lui aurait alors répondu : « Une défaite suffit » ! Darlan devient ministre des Marines marchande et militaire du premier gouvernement Pétain, puis du gouvernement de Vichy. Le 10 février 1941, il succède à Pierre-Étienne Flandin comme chef du Gouvernement. L’échec de sa politique conduit Pétain à le remplacer par Laval le 18 avril 1942. Il reste commandant en chef. En novembre 1942, présent fortuitement à Alger au chevet de son fils gravement malade, il assiste impuissant au débarquement allié. Il demandera même l’intervention de la Luftwaffe pour s’y opposer…Finalement, sous la pression du général américain Clark, il consent à ordonner le cessez-le-feu. Devenu Haut commissaire pour la France en Afrique au nom du « maréchal empêché », il donne en vain l’ordre à la flotte de Toulon de rejoindre l’Afrique occidentale française. Celle-ci commandée par l’amiral Jean de Laborde se saborde le 27 novembre 1942 conformément aux ordres donnés par Darlan en 1940…

Finalement, il est assassiné le 24 décembre 1942 par un étudiant, Bonnier de la Chapelle, qui sera rapidement jugé et exécuté.

Il faut aussi citer celui qui a donné l’ordre à la flotte de se saborder à Toulon, le 27 novembre 1942,  l’amiral Jean de  Laborde, dit le comte Jean.

Jean de Laborde (comte Jean Joseph Jules Noël de Laborde), né le 29 novembre 1878 à Chantilly, mort le 30 juillet 1977 à Castillon-la-Bataille, est un  pionnier de l’Aéronautique navale.

Après la défaite de juin 1940, de Laborde soutient le nouveau régime de Vichy. Il est nommé chef des forces de haute mer (FHM) par le maréchal Pétain, qui comptait sur son antipathie à l’égard de l’amiral François Darlan pour pouvoir plus facilement gérer la flotte. En effet, l’amiral de Laborde, « 5 étoiles » lui aussi, et plus ancien que l’amiral Darlan aurait dû être nommé chef d’état major de la Marine. Hélas pour lui, il n’avait ni les relations, ni les appuis politiques de Darlan. Très hostile aux Britanniques depuis l’attaque de Mers el Kébir ainsi qu’au Général de Gaulle, de Laborde élabore le projet de reprendre le Tchad, passé sous contrôle de la France Libre. Quand les Alliés ont envahi les colonies françaises d’Afrique du Nord lors de l’opération Torch, il a suggéré que la flotte française attaque les Alliés en représailles, proposition fortement rejetée par le ministre de la Marine, l’amiral Gabriel Auphan.

Le 27 novembre 1942, conformément aux ordres de Darlan datant de juin 1940, et malgré un contrordre reçu le 11 novembre, de Laborde ordonne le sabordage de la flotte française à Toulon, composée de 38 unités modernes, soit un quart de la flotte française de l’époque, pour empêcher les navires de tomber aux mains des Allemands.

Lors de l’épuration à la Libération en France, de Laborde fut condamné à mort par la Haute Cour de justice pour trahison et pour avoir empêché le ralliement de la flotte de Toulon aux Alliés. Sa peine fut commuée en emprisonnement à perpétuité. Il est gracié le 9 juin 1947.

L’amiral André Marquis (24 octobre 1883 – 15 octobre 1957) était préfet maritime de Toulon lors de l’invasion de la Zone Sud  par les Allemands. Il est connu pour son rôle lors du sabordage de la flotte à Toulon le 27 novembre 1942.

Après la libération, il fut condamné à cinq ans de prison et à la dégradation nationale à vie.

L’amiral Jean Pierre Esteva, 60 ans en 1940, adhère à la politique du Maréchal Pétain.

Jean-Pierre Esteva, né le 14 septembre 1880 à Reims, intègre l’École navale en 1898 et sort enseigne de vaisseau en 1900.

Affecté à l’escadre de Méditerranée pendant la première guerre mondiale il participe notamment à la bataille des Dardanelles à l’occasion de laquelle il se distingue.

En 1940, après la débâcle des armées françaises et l’armistice de juin 1940 dans la clairière de Rethondes, Esteva, comme de nombreux autres amiraux, choisit de servir le régime de Vichy.

Homme de confiance du maréchal Pétain, il embarque pour l’Afrique française du Nord. Le 26 juillet, il devient résident général de France en Tunisie. En novembre 1942, lorsque les Anglo-américains déclenchent l’opération Torch, l’amiral est toujours en poste. Débute alors une série d’atermoiements qui se conclut par une collaboration avec les Italo-Allemands. Le 9 novembre 1942, il commence par condamner l’arrivée sur le terrain d’El Aouina des appareils de la Luftwaffe envoyés sur place par le maréchal Albert Kesselring. Mais très vite, par fidélité à Pétain et sous la pression des consignes de Pierre Laval, Esteva est amené à changer de position. Il met à la disposition des pilotes allemands plusieurs bases françaises sur le territoire tunisien ainsi que des stocks de carburant. Dans la foulée, il neutralise l’amiral Derrien qui avait encouragé ses troupes à rejoindre les Alliés afin de se battre contre l’Axe.

En mai 1943, au moment où les troupes alliées entrent à Tunis, Esteva est rapatrié en France par les Allemands en même temps que le consul général du Troisième Reich en Tunisie.

En Afrique du Nord, cependant, un Conseil de guerre, présidé par le général Henri Giraud, le 15 mai, condamne Esteva à la peine de mort par contumace.

Le 22 septembre 1944, il est finalement arrêté par la police française à Paris puis incarcéré à la prison de Clairvaux. Un nouveau procès est organisé. Accusé d’avoir livré du blé à l’armée italienne en Libye, accordé des facilités aux troupes de l’Axe pour s’établir sur la côte et les aérodromes tunisiens après le débarquement allié de 1942, recruté des travailleurs et combattants dans une Phalange africaine au service de l’Allemagne, manifesté à plusieurs reprises sa sympathie pour la cause allemande, il esquisse la défense dite du « double jeu », souvent reprise par la suite. Ainsi, il affirme qu’en dépit de sa fidélité à Pétain, ce n’est pas une discipline aveugle qui l’a guidé, qu’il n’a composé avec l’ennemi que pour sauver l’essentiel : son départ aurait fait passer la Tunisie sous le contrôle italien, la livraison de blé aux Italiens en Libye a été compensée par des envois identiques aux populations françaises, il a saboté le recrutement de la Phalange africaine, il ne disposait pas assez de troupes, avec 12 000 hommes, pour s’opposer aux forces de l’Axe, les Alliés étant encore trop loin. L’amiral Muselier a témoigné en sa faveur lors de ce procès. Il aurait aidé la Résistance locale et fourni de faux documents d’identité à des membres de la communauté juive, des militants communistes, des évadés d’Allemagne et des réfugiés alsaciens. Il n’en est pas moins reconnu coupable de trahison le 15 mars 1945. Militairement dégradé par la Haute Cour de Justice, il est condamné aux travaux forcés à perpétuité.

Malade, Esteva est gracié le 11 août 1950. Il décède quelques mois plus tard.

Le général de Gaulle, dans ses Mémoires de Guerre, a commenté ce procès en ces termes : « L’amiral Esteva fut condamné à la réclusion. Au terme d’une carrière qui, jusqu’à ces événements, avait été exemplaire, ce vieux marin, égaré par une fausse discipline, s’était trouvé complice, puis victime, d’une néfaste entreprise. »

L’amiral Charles Platon, moins connu, a mal fini :

Charles Jean Guillaume Platon, né le 19 septembre 1886 à Pujols (Gironde) et exécuté le 28 août 1944 à Valojoulx, est un amiral français, membre du gouvernement de Vichy de 1942 à 1943.

En 1939, il commande le secteur de Dunkerque et dirige, en juin 1940, l’évacuation du port avec le commandement britannique. Il est nommé secrétaire d’État aux Colonies dans le gouvernement du maréchal Pétain en 1940. Il est un des rares protestants évoluant dans l’entourage du chef de l’État français. Témoignant de vifs sentiments anti-gaullistes et anti-britanniques, il est partisan d’une politique de collaboration avec l’Allemagne nazie et propose la reconquête des colonies d’Afrique équatoriale qui ont rallié de Gaulle.

En avril 1942, il devient secrétaire d’État auprès de Pierre Laval qui vient de reprendre le pouvoir, et est chargé de la coordination des forces armées. Lors du débarquement anglo-américain en Afrique du Nord le 8 novembre 1942, il est partisan d’une alliance avec l’Allemagne et s’oppose à l’amiral Auphan qui est favorable à un arrêt des combats entre Français et Américains.

Charles Platon est éliminé du gouvernement en mars 1943 par Pierre Laval, et se rapproche des ultras de la collaboration, tels Marcel Déat, Jean Luchaire ou Fernand de Brinon. Au nom de ces derniers, il est porteur en juillet 1944 d’une « déclaration commune » auprès du Maréchal Pétain, visant à remettre en cause Pierre Laval, qu’ils jugent trop tiède face à l’offensive anglo-américaine en Normandie. Cette tentative échoue et Charles Platon est assigné à résidence dans son domicile en Dordogne.

Le 18 août 1944, il est capturé par les maquisards FTP Dordogne du 6e bataillon des Forces françaises de l’intérieur, conduit au hameau de Paternoster, traduit en cour martiale et condamné à mort. Il est fusillé dans les jours suivants dans des conditions imprécises.

L’amiral Maurice Le Luc.

Le vice-amiral d’escadre Maurice Athanase Le Luc (1885-1964) est un amiral français de la Seconde Guerre mondiale.

Né le 14 juillet 1885 à Lorient, il était adjoint au commandant en chef des Forces maritimes françaises (l’amiral Darlan) lorsqu’il fut promu vice-amiral en novembre 1939 et commandant des forces maritimes.

Le 22 juin 1940, il fut l’un des signataires de l’armistice dans la clairière de Rethondes, où il représentait la Marine aux côtés du général Charles Huntziger et du général d’aviation Jean Bergeret. Il sert ensuite le gouvernement de Vichy en restant le commandant des forces maritimes jusqu’en septembre 1941 puis de nouveau de novembre 1942 à début avril 1943.

Après guerre, il est condamné à deux ans de prison pour collaboration le 25 février 1950. Amnistié en 1951, il est réintégré dans la deuxième section des officiers généraux de la marine en septembre 1961 et décède le 7 avril 1964 à Paris.

On ne peut passer sous silence l’amiral Decoux, gouverneur général de l’Indochine

Jean Decoux, né à Bordeaux le 5 mai 1884 et mort à Paris le 21 octobre 1963, est vice-amiral d’escadre au début de la Seconde Guerre mondiale.  Il est Commandant en chef des forces navales en Extrême-Orient et Gouverneur général de l’Indochine française du 25 juin 1940 au 9 mars 1945.

Nommé gouverneur général de l’Indochine française, en remplacement du général Georges Catroux, par décret du Président du conseil des ministres, en date du 25 juin 1940. Il ne prend ses fonctions que le 20 juillet lorsque le régime de Vichy est en place. Decoux devient alors, selon les mots de l’historien Jean-Baptiste Duroselle, « sous le regard des Japonais et face à 24 millions d’Indochinois, le chef d’une petite France lointaine ».

Sous son autorité se développe le culte du Maréchal et la lutte contre toute forme, même discrète, de relations avec la France libre. La circulaire n° 57 CAB du 31 octobre 1940 organise la chasse aux « dissidents », avant d’être durcie par celle du17 avril 1943 (no 49/S CAB). 110 internements administratifs sont décidés sans jugement ni l’énoncé d’aucune accusation, 197 fonctionnaires français sont radiés, et même 167 Indochinois à la date du 1er octobre 1942. De même, d’après Decoux, repris le 5 juillet 1941 par l’agence de presse ARIP, 132 sanctions disciplinaires ont été prononcées par les seuls services généraux et ceux relevant du gouverneur général. Par ailleurs, les tribunaux militaires prononcent des condamnations sur instruction secrète de Decoux lui-même, et il intervient à plusieurs reprises pour durcir les conditions d’interrogation ou d’internement d’un prisonnier, empêcher son hospitalisation, etc. Le statut des Juifs, décidé par Vichy le 3 octobre 1940 est également appliqué en Indochine par une circulaire du 6 novembre suivant, prenant effet le 20 décembre. On ne trouve que seize juifs dans toute l’Indochine dont les fonctionnaires sont renvoyés de l’administration. C’est surtout vis-à-vis des fonctionnaires francs-maçons – relativement nombreux dans l’enseignement – et vis-à-vis des gaullistes que son attitude sera la plus discriminatoire: renvoi immédiat de leurs postes et parfois prison.

Malgré sa prise de contact en 1943, avec le Comité français de la Libération nationale d’Alger et plus tard sa reconnaissance de l’autorité du Gouvernement provisoire de la République française (GPRF), le général de Gaulle se défie de l’amiral Decoux, disqualifié par son pétainisme. Lors du coup de force japonais, le 9 mars 1945, il refuse que l’ensemble de l’administration de l’Indochine passe sous l’autorité unique de l’armée Japonaise. Il est interné à Loc Ninh en Cochinchine, avec une vingtaine de personnes de son entourage, jusqu’à la capitulation nipponne de septembre 1945.

Le général de Gaulle reproche à Decoux d’avoir collaboré avec les Japonais. Decoux tente en vain de négocier avec Jean Cédile, envoyé du GPRF, pour continuer d’assurer l’intérim en Indochine mais, le 1er octobre, il est ramené en France, pour y être traduit devant la Haute Cour de justice. Il est gardé à vue pendant plusieurs mois au Val-de-Grâce. Les diverses accusations portées contre lui ayant toutes été reconnues comme sans objet, il bénéficie finalement d’un non-lieu en 1949.

Son alter ego aux Antilles est l’amiral Robert.

George Robert est issu d’une famille de manufacturiers de dentelle. Il entre à l’École navale, en 1893, à l’âge de dix huit ans, après des études à l’Institution Saint-Joseph de Caen, puis au collège naval de Cherbourg. Après une carrière brillante d’officier de marine : campagnes de Madagascar, Dardanelles, etc, il accède au grade de contre-amiral en 1926. Il est admis en 2e section en 1937 avec le rang et appellation d’amiral (5 étoiles). Il est rappelé à l’activité, sur sa demande, en août 1939. Le 15 septembre, à Fort-de-France, il prend les fonctions de commandant en chef de l’Atlantique Ouest et de haut commissaire de France aux Antilles, à Saint-Pierre-et-Miquelon et en Guyane. Il y dispose des croiseurs Émile Bertin et Jeanne d’Arc, du porte-avions Béarn, des croiseurs auxiliaires Barfleur et Quercy, du pétrolier Var, de l’aviso Ville-d’Ys, et d’une importante garnison à la Martinique. En outre, il assure la protection d’un stock de 286 tonnes d’or de la Banque de France évacué de métropole. Après l’armistice il refuse les résolutions des Conseils généraux de la Martinique (14 juin 1940) et de la Guadeloupe qui, considérant qu’une pression extérieure est exercée sur le Parlement, demandent la transmission du pouvoir à ceux-ci en application de l’article 1 de la loi du 15 février 1872, et qui votent le ralliement à la France libre et la continuation du combat aux côtés des alliées. Pendant la période des hostilités, il organise la défense des communications maritimes en liaison avec son homologue britannique des Bermudes.

Les États-Unis ayant reconnu le gouvernement de Vichy, l’amiral Robert négocie avec eux. Moyennant la garantie de sa neutralité, il obtient les ravitaillements nécessaires. Après l’entrée en guerre des États-Unis, il confirme à l’Amiral Horne, chef d’opérations navales américaines, qu’il restera fidèle aux engagements passés. En avril 1943, les États-Unis suspendirent le ravitaillement des Antilles. Dans la crise qui en résulte, Vichy qui n’a plus de relation diplomatiques avec Washington, ordonne de saborder les navires et l’or. « Il (l’amiral Robert) put faire croire à Vichy que tous les appareils avaient été détruits. » De même, il use de subterfuges pour sauver les navires, faisant mine d’exécuter cette décision et maintenant sa neutralité tout en préparant sa relève selon les principes proposés par le Comité de libération nationale d’Alger qui désigne le diplomate Henri Hoppenot qui débarque sur l’île le 14 juillet, mandaté par le CFLN. Le lendemain, l’amiral Robert lui transmet ses pouvoirs, puis quitte l’île pour les États-Unis. À son arrivée à Fort-de-France, Hoppenot reconnait que son prédécesseur « avait maintenu pendant quatre ans la souveraineté française entière et inviolée sur les Antilles et qu’à l’heure de suprêmes décisions, résistant aux ordres répétés que Berlin lui faisait transmettre par Vichy, l’amiral Robert avait remis une réserve d’or et une flotte intactes à l’autorité française. »

Cependant, en septembre 1944, l’amiral Robert accusé de collaboration, est incarcéré à Fresnes. Mis en liberté provisoire le 24 mars 1946, il comparait devant la Haute Cour de justice le 14 mars 1947 et est condamné à 10 ans de travaux forcés. Toutefois, la peine est remise à la demande de la Haute Cour de Justice en raison de sa neutralité lors de l’occupation de Saint-Pierre par les FNFL (Forces navales françaises libres) ; de témoignages élogieux des autorités américaines. Il sort libre du Tribunal. Six mois plus tard, sa peine est remise. Il bénéficie d’une amnistie totale et de la réintégration dans ses grades et décorations le 15 avril 1954.

De Gaulle, dans ses Mémoires de guerre note :

« Depuis 1940, l’Amiral Robert, haut-commissaire, maintenait ces colonies [Antilles et Guyane françaises] sous l’obédience du Maréchal.

Disposant des croiseurs Émile Bertin et Jeanne d’Arc, du porte-avions Béarn, des croiseurs auxiliaires : Barfleur, Quercy, Esterel… ainsi que d’une importante garnison, il appliquait un régime de rigueur et, moyennant la garantie de sa neutralité, obtenait des Américains le ravitaillement nécessaire. Mais, à mesure des évènements, la population et de nombreux éléments militaires marquaient leur désir de se joindre à ceux qui combattaient l’ennemi.

Au début de 1943, tout annonçait qu’un grand mouvement entraînerait, bientôt dans le camp de la libération les territoires français d’Amérique et les forces qui s’y trouvaient.

En juin, la Martinique accomplit les actes décisifs. Depuis des mois, l’Amiral Robert recevait de ses administrés d’innombrables pétitions l’adjurant de laisser ce territoire ardemment français faire son devoir envers la France. J’avais moi-même trouvé l’occasion de faire passer à Fort-de-France, en avril 1943, le médecin général Le Dantec pour offrir à l’Amiral Robert une issue satisfaisante. Mais mes démarches restaient sans réponses. Par contre, menaces et sanctions redoublaient sur place contre les résistants. »

On ne peut passer sous silence le nom de l’amiral Auphan.

Le contre-amiral Gabriel Auphan est un officier de marine français qui fut secrétaire d’État à la Marine du gouvernement de Vichy d’avril à novembre 1942. Il est né le 4 novembre 1894 à Alès et décédé le 6 avril 1982 à Versailles.

A Vichy, l’amiral Auphan fait partie des tenants d’une politique d’attentisme. Nommé chef d’état-major des forces maritimes en août 1941, Auphan maintint le contact avec la représentation diplomatique américaine à Vichy en lui transmettant des informations. Secrétaire d’État à la Marine à partir d’avril 1942, il s’opposa aux exigences allemandes en matière de tonnage marchand, se montrant, avec le général Weygand, l’un des plus farouches opposants à la politique de collaboration au sein du gouvernement. Il est partisan d’une suspension des combats entre Français et Américains lors du débarquement anglo-américain du 8 novembre 1942 en Afrique du Nord.

 Il s’oppose à ceux qui voulaient continuer le combat aux côtés de l’Allemagne, tel l’amiral Platon.

Le 11 novembre 1942, l’amiral Gabriel Auphan avait confirmé  aux deux amiraux de Toulon l’ordre de saborder les bâtiments en cas d’impossibilité de s’opposer à une main mise allemande.
Cette dernière solution est appliquée, dans la nuit du 26 au 27 novembre 1942, par les amiraux André Marquis, préfet maritime et Jean de Laborde, commandant les forces de haute mer.
Après avoir incité sans succès Pétain à quitter la métropole, l’amiral Auphan donne sa démission le 18 novembre 1942.

Ensuite, il fut chargé en août 1944 par le maréchal Pétain d’une démarche auprès du général de Gaulle, afin qu’une passation de pouvoir fût officiellement menée. Cette illusoire mission fut vaine, le général de Gaulle ayant refusé de le recevoir.

Le 14 aout 1946, la Haute Cour de justice le jugea et le condamna par contumace aux travaux forcés, à la dégradation nationale à vie et à la confiscation de ses biens. Les 19 et 20 juillet 1955, un second procès, le condamne uniquement à 5 ans de prison avec sursis et à 5 ans de dégradation nationale. En 1956, le Conseil d’État lui rendit son grade et ses droits à pension.

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Il ne nous appartient pas de juger. L’époque était troublée et difficile. Nul ne peut dire quel camp, il aurait choisi selon son âge, sa situation de famille, son grade, ses convictions, sa conscience.

Néanmoins, jamais dans l’histoire de France autant d’amiraux ne sont intervenus dans la politique de leur pays et n’ont eu autant de comptes à rendre à la justice de leur pays…

Il n’est donc pas inexact d’affirmer que les navires tanguent souvent à droite dans la Marine française !

11/11/2013

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