Pour la moralisation des opérations de Défense sous le contrôle du juge. (Par Renaud Marie de Brassac)

« La raison d’Etat est une raison mystérieuse inventée par la politique pour autoriser ce qui se fait sans raison. »

Charles de Saint-Evremond-Maximes.

 

On se souvient de l’attentat-suicide du 8 mai 2002 qui a provoqué la mort de 14 personnes à Karachi, dont 11 employés civils français de la direction des constructions navales (DCN) dans le cadre du programme de coopération franco-pakistanais d’assemblage de sous-marins de la classe Agosta.

Le bus de la marine militaire pakistanaise qui les transportait a été pulvérisé devant l’hôtel Sheraton de Karachi par un kamikaze au volant d’un faux taxi.

Jusqu’en juin 2009, l’attentat était attribué à Al-Qaida.

Depuis lors semble être privilégiée l’hypothèse de représailles à l’encontre de la France, susceptibles d’avoir été organisées par les services secrets de l’Etat du Pakistan.

La raison même de ces représailles est encore soumise à débat.

L’enquête intitulée « L’argent, le sang et la démocratie » diffusée sur ARTE le mardi 15 octobre 2013 tend à démontrer des responsabilités politiques au plus au niveau des institutions françaises, afin de couvrir des malversations financières survenues lors de la campagne des présidentielles de 1995.

Un candidat à cette élection se serait fait rétrocéder des sommes importantes par le Pakistan au titre du contrat Agosta, afin de subvenir aux frais de sa campagne électorale, le contribuable français supportant in fine la dépense de ce contrat fatalement déficitaire.

On découvre notamment une interview de l’ancien ministre de la défense Alain Richard évoquant froidement la « raison d’Etat » pour ne pas poursuivre les responsables à partir du changement de majorité en 1997.

Lien ARTE utilisable une semaine :

http://www.arte.tv/guide/fr/046590-000/l-argent-le-sang-et-la-democratie?autoplay=1

L’Adefdromil souhaite beaucoup de courage aux familles des victimes, en recherche de la vérité depuis maintenant plus de onze années (( site du collectif de familles de victimes décédées dans l’attentat du 8 Mai 2002 à Karachi ))

Au delà d’une nécessaire moralisation de la vie publique et du respect dû aux familles des victimes ainsi qu’à tous les contribuables français, la communauté militaire n’oublie pas qu’elle peut demain être victime de la même et obscure « raison d’état », en dehors de tout contrôle parlementaire et judiciaire.

Ces dernières années, nos morts français à Karachi, Bouake et Uzbeen démontrent qu’un contrôle par le pouvoir judiciaire est plus que jamais nécessaire.

La « déjudiciarisation » des « opérations militaires » que l’actuel gouvernement a prévu de faire voter dans la loi de programmation militaire 2014, est indigne d’une majorité qui se réclame des droits de l’homme (( Commentaires de l’Adefdromil sur les articles 17, 18 et 24 du projet de loi de programmation militaire N° 822 ))

Nous ne souhaitons à aucune des familles des parlementaires susceptibles de voter le projet de loi, dont un proche militaire serait victime en opérations extérieures, de se voir interdire un jour  toute action en justice en raison du classement sans suite du Procureur de la République.

Il leur restera alors comme bouée de secours la Question prioritaire de constitutionnalité (QPC) et/ou un recours devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH).

La « déjudiciarisation » est surtout indigne de la France.

17/10/2013

Cette publication a un commentaire

  1. G. TELL

    Associer Karashi aux opérations de combat, fallait oser… On voit bien le but recherché mais l’enchainement des faits et l’argumentaire ne démontre absolument rien.
    Il faudra aussi expliquer comment rendre la justice dans le cas des combats, mais aussi comment traiter le caractère international de ces dossiers. Si certaines affaires ne débouchent pas, c’est aussi à cause de cela…
    Vous cherchez à tout utiliser pour arriver à vos fins mais ce n’est pas correctement étayé, et au final cela nuit au but recherché.

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