Edito du Président de la Saint Cyrienne : « La guerre au Mali ! »


Paris, le 30 janvier 2013
Gao ! Tombouctou ! Kidal ! villes libérées ! Les Français apprécient pleinement l’action de leur armée dans un large rassemblement qui mérite d’être souligné. Les termes ont aussi un sens.

Le mot « guerre » est employé par les autorités politiques c’est un changement ! Nous étions tellement habitués à un autre vocabulaire comme intervention, action de protection de ressortissants, sécurisation et plus généralement opérations ou opérations extérieures. La guerre n’avait pas lieu, c’était une crise locale, conjoncturelle ou un soubresaut dans l’arc de crise.

Loin de moi l’envie de faire un cours de sémantique mais reconnaissons qu’appeler les choses par leur nom c’est courageux et finalement plus simple. Plus simple pour tous les responsables politiques qui se regroupent derrière le président au nom de l’intérêt général, plus simple pour l’opinion publique qui comprend les mots graves et moins ambigus que d’autres, plus simple pour les médias qui découvrent avec stupeur que l’action peut aller plus vite que l’information, plus simple pour les soldats qui peuvent raisonner et agir comme des soldats.

La guerre n’est jamais belle et joyeuse mais ceux qui ont la responsabilité de la décider savent que l’intérêt général de leur pays mérite de ne pas renoncer et d’agir.

L’action est en cours et elle se déroule jusqu’à présent à un rythme très élevé. Coup d’arrêt quelques heures après la décision du président, mise en place en quelques jours d’un dispositif de couverture, déploiement de groupements tactiques interarmes, progression et manœuvre largement éclairée par la troisième dimension et les forces spéciales, reprise et contrôle des principales villes y compris par une mise en place aéroportée, tout ceci en moins de 18 jours ! 3.500 hommes à terre plus la composante aérienne, le tout en utilisant plusieurs bases installées dans des pays amis ! Les Anglais pourraient dire « Well done Messieurs les Français » et ils auraient raison.

A ce stade, réjouissons-nous du superbe engagement des forces terrestres et de la composante aérienne. Le savoir- faire et le savoir-être sont au rendez vous ; le chef des armées peut constater que les « soldats » font tout pour que le système fonctionne car, pour ma part, je ne doute pas de leurs difficultés et aussi de leur créativité pour pallier les manques ou les faiblesses de matériel souvent anciens. La mise en place d’équipements modernes est naturellement largement et justement remarquée.

J’écris régulièrement que, dans les moments critiques, la projection de forces terrestres matérialise la volonté politique, la guerre au Mali en est l’exemple. Nul doute que les groupes terroristes ont été très surpris par l’engagement immédiat, puissant et décidé, de la France, nul doute que de nombreux pays retiendront que la France tient sa place comme membre du Conseil de Sécurité et qu’elle a encore les moyens de peser en faveur de la paix en faisant la guerre.

Demain sera une autre histoire, au Politique d’y voir clair et de décider dans l’incertitude, au Soldat de bien exprimer les options et d’agir dans l’adversité. Aux Français d’avoir de la patience car très souvent le temps de la guerre n’est pas celui des médias. Aux soldats engagés tout notre soutien moral.
Général de corps d’armée (2S) Dominique DELORT
Président de la Saint-Cyrienne

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