Affaire Mahé : « J’assume avoir donné un ordre illégal », dit le colonel Burgaud (Par Nathalie Guibert) (Actualisé le 1/12/2012)

Pleinement cette fois, le colonel Eric Burgaud assume l’ordre illégal qu’il a donné à ses soldats, ce 13 mai 2005, en Côte d’Ivoire, en vue d’éliminer Firmin Mahé, un coupeur de routes dont la bande criminelle terrorisait les populations locales. Devant la cour d’assises de Paris, qui le juge pour complicité de meurtre avec ses trois anciens sous-officiers de la force Licorne, alors au service de l’ONU, le colonel livre son âme au débat ouvert de la justice. Dans la « zone de confiance »censée séparer les belligérants ivoiriens, entre le Nord rebelle et le Sud fidèle au président Gbagbo, les militaires français ont commis un crime de guerre.

Il avait fallu cinq auditions devant le juge d’instruction et une confrontation douloureuse avec l’adjudant-chef Guy Raugel, celui qui a achevé Mahé à l’aided’un sac poubelle dans un blindé en route vers Man, pour que cet homme âgé aujourd’hui de 50 ans commence à admettre sa faute. « Je n’ai pas toujours fait preuve de dignité dans cette affaire », confie à la barre l’ancien patron du 13ebataillon de chasseurs alpins, grand et maigre dans son costume civil.

« Cette affaire a démarré à une vitesse hallucinante. En trois jours, j’ai été suspendu de mon commandement. L’officier que j’étais a été tué en trois jours. Il restait l’homme, j’avais alors deux garçons de 6 ans et demi et 5 ans qui n’étaient pas bien. Je n’ai pas tout dit parce que j’avais peur d’aller en prison et de perdrece qui restait. Peur que ma famille parte avec tout ça. » Mais cela c’était hier, ajoute-t-il.

Aujourd’hui, devant Guy Raugel, Johannès Schnier et Lianrifou Ben Youssouf, ses coaccusés de l’ancien groupement tactique interarmes basés pour quatre mois à Man et Bangolo, il est autre : « Quelqu’un qui assume ses responsabilités de chef, celles d’avoir donné un ordre illégal, d’avoir, quelque part, été lâche. » Au-dessus de lui, dans cette force Licorne, se tenait alors le général Henri Poncet, qui a obtenu un non-lieu définitif dans l’affaire et n’a pas admis, lui, avoir donné un ordre de tuer. Le général sera entendu le 4 décembre comme témoin. « Je n’ai pas sutraduire l’ordre que j’ai reçu du général Poncet en un ordre clair », dit son ancien colonel.

Quand le meurtre de Mahé survient, les hommes de la force Licorne sont à…

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