Victime d’un viol, le militaire gay exclu de Saint-Cyr témoigne (Guillaume Bellavoine)

Exclu de Saint-Cyr, ce militaire berruyer dénonce une injustice. Il déplore également une homophobie ambiante dans la Grande Muette.

Le lieutenant Schydlowski a un souvenir glacial de son arrivée dans le Berry. C’était en décembre dernier. Après avoir été exclu de Saint-Cyr, l’armée l’avait orienté vers les écoles militaires de Bourges. Et avait passé une visite médicale. « Par une insinuation, un médecin m’a demandé à la fin de la séance si j’avais des attirances pour des enfants », raconte-t-il, comme s’il ne s’agissait que d’un détail de plus dans sa vie d’homosexuel.Viol. Ce Berruyer de vingt-quatre ans a saisi le tribunal administratif de Rennes pour contester la décision de l’école des officiers de l’armée de terre de le mettre à la porte en juillet 2011. Violé dans une discothèque de Munich dans la nuit du 2 au 3 juin 2011, alors qu’il avait été drogué à son insu, l’élève n’avait pas pu se présenter aux examens quinze jours plus tard.

« Si je dois quitter l’institution, c’est la tête haute »Après le viol, Pierre Schydlowski s’était vu refuser le traitement d’urgence anti-VIH par le médecin de l’université allemande, où il suivait un cursus franco-allemand. Il avait alors sombré dans l’alcool et fini aux urgences psychiatriques de Munich, avant d’être rapatrié fissa à Saint-Cyr.

Exclusion. Le 21 juillet 2011, toujours en congé maladie à Rennes, chez sa mère, il est appelé le matin pour participer, en début d’après-midi, à un conseil d’instruction à Saint-Cyr Coëtquidan. Seul, sans défenseur, il ne peut glisser un mot.

Pour l’armée, les seuls motifs d’exclusion de Pierre « sont des résultats académiques insuffisants, des absences répétées en cours, et pas seulement aux examens et un comportement atypique datant de 2010 qui ne permettait pas de maintenir un lien de confiance entre l’élève et le professeur ».

Pas d’homophobie donc, selon l’armée, qui résilie son contrat de militaire de carrière, mais qui lui concède un contrat à durée déterminée en l’envoyant à Bourges.

Injustice. Pierre nie les arguments adverses. Sur les absences, tout d’abord. « J’ai essayé d’aller à des cours quand ça allait à peu près, mais j’étais en congé maladie, je n’avais pas à y aller », raconte-t-il. Sur les notes ensuite. « Jusqu’à ce moment, j’étais dans le premier tiers de ma promotion. En juillet 2010, le chef de l’université m’avait même envoyé une lettre pour me féliciter de mes résultats et m’écrire que j’honorais ainsi mon pays. Et très rapidement on m’a reproché des résultats académiques insuffisants, c’est hallucinant. »

Avant le viol, Pierre raconte n’avoir raté qu’un examen. « Mais le règlement universitaire prévoit qu’on peut passer trois fois un examen avant que cela soit considéré comme un échec », affirme-t-il.

 Agression. Sa hiérarchie n’avait jamais digéré l’altercation homophobe dont il avait été victime le 24 novembre 2010. Il se trouvait, alcoolisé, à la sortie d’une boîte gay avec son ami. Ils se sont embrassés. « Des armoires à glace ont commencé par nous insulter et ça a fini en bagarre. » De victime, il devient agresseur aux yeux de sa hiérarchie et prend vingt jours d’arrêt. « La nuit après mon agression, un marin a été arrêté alors qu’il avait blessé un policier. On ne lui a infligé que dix jours d’arrêt avec sursis. C’est injuste », dit-il.

À partir de cette agression, son chef, un capitaine allemand, multiplie les convocations intempestives et les railleries. « Il y avait des soirées où il était bien éméché et où il se permettait des réflexions déplacées à mon égard », dit-il. Ce capitaine lui demande ainsi : « Vous avez baisé combien de mecs ce week-end?? »

Cassé. Depuis décembre, Pierre vit à Bourges. Hormis la première visite médicale, il ne se plaint pas du comportement des gens ici. En attendant la rentrée de septembre, où il va suivre une année de cours à l’école du matériel, il est affecté dans….

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