DGSE : l’espion qui parlait trop devant le tribunal (Par Simon Piel)

Malgré son air bonhomme, Maurice Dufresse, 56 ans, affiche une mine fatiguée. Conséquence des années passées à la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) ou lassitude des multiples procédures qui ont suivi la parution de son livre, 25 ans dans les services secrets, paru en 2010 chez Flammarion ? C’est une plainte du ministère de la défense qui amène, ce vendredi 8 juin, Pierre Siramy – son nom d’agent – à se présenter devant la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris.

En avril 2010, sous l’impulsion du ministre Hervé Morin, l’hôtel de Brienne avait porté plainte pour « révélation d’identité de militaires ou de personnels civils appartenant à la DGSE dont les missions exigent, pour des raisons de sécurité, le respect de l’anonymat ». Délit pour lequel il encourt une amende de 15 000 euros.

Parmi d’autres détails sur l’affaire du Rainbow Warrior, des moines de Tibéhirine, ou plus prosaïquement sur les rouages de la « Piscine », M. Dufresse, aujourd’hui retraité pour invalidité, avait livré les noms de deux cadres de la DGSE. Un chargé de mission auprès du directeur et un chef de service. « Deux poids lourds de la maison dont le nom était connu de tous », a-t-il argué.

Relativisant la portée de son ouvrage qui, lors de sa sortie, avait fait grand bruit, M. Dufresse a expliqué à la barre qu’il avait voulu relater son activité professionnelle et « montrer à quel point elle peut-être passionnante », indiquant qu’il n’aurait pas divulgué l’identité d’agents opérationnels sur le terrain. Une argumentation développée ensuite par les trois avocats de la défense qui représentaient, outre M. Dufresse, le journaliste et coauteur de l’ouvrage, Laurent Léger, et les éditions Flammarion. Quitte, lors des plaidoiries, à ridiculiser le prestigieux plaignant.

« UNE PLAINTE SCÉLÉRATE »

« Quand ce livre est sorti, la foudre s’est abattue sur M. Dufresse de manière très brutale », a lancé son avocat Renaud Le Gunehec. « Plainte du ministère, perquisition, hélicoptère pour photographier sa maison et garde à vue à Levallois dans les locaux de la DCRI, malgré un état de santé précaire, a-t-il rappelé. Ce livre de témoignage ne méritait pas une telle violence procédurale. »

Les conseils de la défense ont ensuite soulevé deux problèmes. Les textes sur lesquels s’appuient la plainte précisent qu’il est ….

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