Mort suspecte d’un légionnaire du 2ème REP à DJIBOUTI.

Lors d’un séjour d’entraînement à Djibouti, le légionnaire du 2ème REP, engagé sous le nom de Talas, mais de son vrai nom TVARUSKO est mort d’un coup de chaleur le 5 mai 2008 vers 15 heures lors d’un exercice baptisé « Bour Ougoul 2008 », du nom d’une montagne du coin.

Mort banale et regrettable, à l’entraînement, d’une petite nature qui tirait au flanc, penseront certains ?

C’est sans doute en tout cas ce qu’ont pensé ses chefs, le lieutenant B et ses gradés, car suspectant de la mauvaise volonté et de la simulation, ils n’ont pas hésité à lui donner des coups de pied et de crosse, pour le faire avancer. Son lieutenant lui avait même vidé sa gourde pour le punir.

Le résultat de ces graves erreurs d’appréciation et de ces actes indignes qui caractérisent bien le style de commandement de la légion, c’est un MORT.

Mort inutile et surtout inacceptable, car l’intéressé avait donné des signes clairs d’épuisement depuis plusieurs heures : plainte pour des douleurs dans un genou, demande à cesser l’exercice, effondrement près d’un véhicule, tremblements des membres inférieurs. Mais personne ne lui a porté secours. Il est mort d’épuisement comme un chameau affaibli après la traversée du Ténéré ou du grand erg occidental

On ne peut pas croire que des consignes relatives aux coups de chaleur n’aient pas été données aux cadres dès leur arrivée à Djibouti. Et puis, quelle est l’utilité d’une marche en plein après-midi, lorsqu’on sait que dans les régions subtropicales, désertiques et accidentées comme Djibouti les progressions tactiques à pied se pratiqueraient systématiquement de nuit ?

Il y a derrière ce drame, tous les démons de la Légion : le mythe du surhomme : les coups de chaleur, ce n’est pas pour nous et encore moins lorsqu’on est para ; et puis, le légionnaire qui rechigne à avancer est forcément un tire au flanc qui doit être maté. Il faut cogner, ce n’est même pas la peine de tenter de l’écouter puisqu’il parle mal, voire pas du tout le français.

Ceux qui ont été jugés responsables sont passés devant un conseil d’enquête début Octobre 2008. Nous ne connaissons pas les décisions prises.

Connaissant la propension légionnaire à arranger ses mauvais coups en famille, l’Adefdromil a pris soin d’appeler le procureur près le tribunal aux armées de Paris, juridiction compétente, qui a indiqué qu’une enquête est en cours. Si on se réfère à d’autres affaires plus médiatisées, il est vrai, et dans lesquels il y a eu mort d’homme, on ne peut qu’être extrêmement surpris que les personnes soupçonnées soient en liberté.

Dès à présent, il est à noter que les décisions résultant du conseil d’enquête sont probablement nulles de plein droit puisque la légion a fait supprimer voici quelques années le droit d’être assisté par un avocat devant les conseils d’enquête. Ce droit constitue pourtant une garantie fondamentale, même pour les étrangers et ne pouvait être supprimé que par le législateur, seul compétent pour fixer les garanties fondamentales accordées aux fonctionnaires civils et militaires de l’Etat (article 34 de la constitution).

Enfin, nous nous demandons où et comment ont eu lieu les obsèques du légionnaire TVARUSKO. Son décès a-t-il été mentionné dans l’ineffable « Képi Blanc » ? Sa famille a-t-elle été prévenue ? A-t-elle reçu la prime d’assurance-décès probablement souscrite sous quel nom (la fausse ou la véritable identité)? A-t-elle droit au fonds de prévoyance militaire ?

Cette affaire lamentable et honteuse arrive après bien d’autres.

Elle ne fait que confirmer l’indispensable reprise en mains de la Légion sur les plans éthique et réglementaire tant au niveau politique qu’au niveau du Chef d’état major de l’armée de terre.

Cet article a 4 commentaires

  1. Mesland

    Précisions du Padré de Djibouti:
    – Il est sûr que ce dramatique accident est survenu dans le prolongement immédiat des fêtes de Camerone où, s’ajoutant à la chaleur très pénible du moment, la fatigue de tous était effective, dûe à la très forte sollicitation liée à la préparation de cette fête d’Arme.
    – En ce qui concerne les obsèques de ce légionnaire catholique : eut lieu une veillée de prière au Quartier Monclar sans qu’à mon regret le corps de Talas puisse être présent, en raison de « formalités de police djiboutienne ». Le lendemain, courte célébration liturgique, digne et recueillie, avec rites du « dernier adieu » au funérarium de l’Hôpital (GMC) Bouffard. Soit, en « petit comité ».
    – Affaire très regrettable, officier jeune, hélas pas seul concerné.
    Avec la discrétion qui convient, mes encouragements chaleureux, et sincères, aux Légionnaires pour ce qu’ils sont ! Le Padré +

  2. sapentia es potentia

    A la lecture de cet article et en application de la charte de bonne conduite de votre association, je me permets de faire une déclaration.
    « Le résultat de ces graves erreurs d’appréciation et de ces actes indignes qui caractérisent bien le style de commandement de la légion, c’est un MORT ».
    Mr. BAVOIL, avant de pouvoir parler du style de commandement au sein de la légion, il faut avoir servi à la légion, ce qui n’est pas votre cas.
    Le style et la forme de cette institution n’est pas le reflet d’un certain nombre de brebis galeuses qui se sont servi de leurs foutus galons pour imposer leur idées et extérioriser leurs incapacités et complexes.
    Considérer que tous ceux qui servent la légion sont comme cela vient à faire une grave faute de jugement et un amalgame qui n’a pas lieu d’être.
    Concernant l’acte ignoble commis par des personnes irresponsables et immatures, je suis entièrement d’accord qu’ils doivent être sévèrement punis par la justice.
    « Enfin, nous nous demandons où et comment ont eu lieu les obsèques du légionnaire TVARASKO. Son décès a-t-il été mentionné dans l’ineffable « Képi Blanc » ? Sa famille a-t-elle été prévenue ? A-t-elle reçu la prime d’assurance-décès probablement souscrite sous quel nom (la fausse ou la véritable identité)? A-t-elle droit au fonds de prévoyance militaire ? »
    Concernant les obsèques du légionnaire TVARUSKO (car c’est celui là son vrai nom) ont été effectués selon la réglementation en vigueur au sein de l’armée française et à la légion en particulier.
    Une cérémonie militaire a eu lieu le matin avant son départ vers la France. Sa famille avait été informée par l’attaché de défense et toutes les démarches en ce qui concerne la succession ont été réalisées dans la plus grande légalité.
    Ce que je trouve une fois de plus regrettable, c’est le fait que de gens comme vous, nuisent gravement à l’éthique militaire et à ce qui a de plus important dans l’âme des femmes et hommes qui servent la patrie, qui est l’honneur.
    Oui l’honneur de servir ce pays, lequel accueille chaque jour des ressortissants étrangers qui viennent, comme tant d’autres servir une institution, qu’il s’agisse pour des raisons financières ou pour l’aventure, mais avant tout, servir.
    Un vieux proverbe dit :
    Avant de regarder la paille dans l’œil de ton voisin, regarde la poutre qui est bien ancrée dans le fond de ton œil.
    Passez une bonne soirée et respectez-vous avant de commencer à manquer de respect envers ceux que vous ne connaissez pas.
    Sapentia es potentia

  3. Michel BAVOIL

    Pour l’information de sapentia es potentia, Mr Michel BAVOIL a, comme sergent-chef, effectué son stage CM2 avec les sous-officiers de la Légion au 3°REI à Diego Suarez (Madagascar) en 1972. A cette époque, les punis étaient vêtus d’une tenue bleue (short, chemisette style GAO, naîs aux pieds, calot gris sur la tête). Ils étaient surveillés par un caporal-chef accompagné d’un berger allemand. Tous les exercices auxquels ils étaient soumis se faisaient en petite foulée. Lorsque le puni, croisait un gradé, il devait s’arrêter, enlever son calot et baisser la tête face au gradé en guise de salut. Il était interdit au gradé de rendre le salut sous peine de se faire rappeler à l’ordre. Les exercices auxquels ils étaient soumis étaient variés. Quelques exemples:le tronc d’arbre de 2m de long pour environ 80cm de circonférence à rouler dans la cour, le trou à creuser qui valait à lui seul un spectacle! un légionnaire creusait et remplissait la brouette, l’autre en petite foulée déversait la terre 50 mètres plus loin. Lorsque le cch en avait marre, il inversait les rôles et la terre était ramenée dans le trou. Tout cela s’accomplissait bien sûr en plein soleil etc.. Mr BAVOIL a également servi directement sous les ordres des officiers de la Légion de 1995 à 1997 à l’Etat-major de la 6ème DLB composée à l’époque du 2°REI, 6°REG,1er REC… Il se souvient de la belle bagarre qu’il y a eu au camp de VALDAHON entre le 21°RIMa et les légionnaires du 2°REI alors qu’il était officier de permanence de la 6°DLB, (une baramine lancée par un tahitien a atterri sur la tête d’un légionnaire évacué d’urgence sur l’hôpital, présence d’un très grand nombre de légionnaires blessés à l’infirmerie, intervention des pompiers avec jet d’eau, absence des officiers de la Légion pour calmer la troupe car ils étaient tous partis au restaurant pour fêter la fin du camp… Vous voyez bien que Mr BAVOIL connaît un peu la Légion… mais encore ayant fait une grande partie de sa carrière dans les unités d’élite de la régulière à savoir 1°RPIMa, 2ème RPIma, 3°RPIma et 8ème RPIMa il a bien sûr cotoyé le 2°REP sur les théâtres d’opérations extérieures ou au cours des nombreuses manoeuvres de la 11°DP ou du GAP . Enfin, Mr BAVOIL a servi directement sous les ordres de trois officiers généraux prestigieux de la Légion étrangère: Général d’armée Michel POULET, Général de corps d’armée de KERMABON, général de brigade NOUGAYREDE. Mr BAVOIL a pour ces trois officiers de la Légion, un très grand respect et une éternelle reconnaissance. Mr BAVOIL ou, si vous le voulez bien, un officier étant propriétaire de son grade, le capitaine BAVOIL est donc qualifié pour parler de la Légion ne vous en déplaise Monsieur sapentia es potentia.
    Les officiers et sous-officiers qui dirigent l’Adefdromil ont tous fait une carrière exemplaire et irréprochable. Ce n’est pas à eux qu’il faut parler d’éthique ou du sens de l’honneur! Michel BAVOIL était au tableau d’avancement d’adjudant-chef à 29 ans et de Major à 31 ans. Jacques BESSY est entré Major à Saint-Cyr…et n’a pas choisi, hélas, la Légion!
    Le fond du problème n’est pas de mettre en cause tous les cadres de la Légion étrangère bien sûr. Mais le but de l’Adefdromil est de faire en sorte que cessent toutes ces brimades que le haut commandement s’évertue à combattre depuis la fin de la guerre d’Algérie et qui sont entrain de renaître au sein des régiments d’élite. A l’Adefdromil, Nous recevons de nombreux militaires en détresse appartenant à ces unités. Ils tiennent tous le même langage: brimades, alcool, drogue. A un moment où le recrutement se fait de plus en plus difficile, il est inadmissible que des soldats soient découragés et demandent à rompre leur contrat ou désertent à cause de petits chefs incompétents qui commandent par l’injure, la brimade et les brutalités. Nous ne sommes plus au temps de la grande muette, les soldats maintenant parlent à ceux qui savent les écouter.

  4. sapentia es potentia

    Mr BAVOIL,
    En réponse à votre commentaire, je souhaiterais préciser une chose, le fait que certaines personnes sans scrupules et sans sens des responsabilités aient commis des fautes extrêmement graves, ne mets pas tout le monde dans même panier.

    Votre idée de servir de plateforme de dénonciation des faits répréhensibles et ignobles est tout à fait louable, mais il serait parfois judicieux de vérifier les sources, car des fois certains des militaires qui font appel à vous, s’en servent à des fins de vengeance personnelle sans que les faits dénoncés sont la réalité.

    Longue vie à votre association et que la prudence et la sagesse l’importent.

    Cordialement.

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