Les contrôleurs aériens militaires en colère

Les Contrôleurs aériens sont en colère. Ils viennent de le faire savoir par l’intermédiaire d’une lettre adressée au Ministère de la Défense, aux différents Médias ainsi qu’à l’Adefdromil. Cette lettre, reproduite ci-dessous, annonce le regroupement de sous-officiers de l’armée de l’air, de toutes les bases aériennes, en association.

Ce n’est pas la première fois que les contrôleurs aériens manifestent leur légitime mécontentement auprès de nous : manque récurrent d’effectifs, surcharges de travail à la limite du tolérable, important décalage de rémunération avec les contrôleurs aériens civils. Si la comparaison des revenus police / gendarmerie est entrée dans les moeurs et acceptée comme moyen pour faire avancer la condition des gendarmes, celle des contrôleurs aériens avec celle de leurs homologues civils n’est pas à l’ordre du jour ! A ce malaise rampant, fallait-il en rajouter ? certainement pas et pourtant.

Une nouvelle fois le personnel, « le petit personnel » est muté dans des conditions telles que des sanctions devraient s’imposer à l’encontre de ces décideurs avisés depuis plus de deux ans de la fermeture du CDC de DOULLENS. Il est devenu intolérable de muter dans des conditions aussi catastrophiques des hommes chargés de famille. Pourquoi des choix géographiques n’ont-ils pas été proposés ? Pourquoi les mutations ne sont pas étudiées au cas par cas en fonction des aléas familiaux et notamment en fonction des études poursuivies par les enfants ? Il sera, il est vrai, toujours facile au chef de répondre : « l’article 12 de votre statut stipule que les militaires peuvent être appelés à servir en tout temps et en tout lieu ».

Avec de telles méthodes éculées, il est certain que nous ne sommes pas près d’endiguer le malaise au sein des armées et son cortège de demandes de démissions, résiliations de contrat et mises à la retraite. Si malheureusement, les armées ne font pas partie des cinq dossiers les plus brûlants pour le nouveau gouvernement, gageons que Madame la Ministre de la Défense aura à coeur de se pencher sur celui des contrôleurs aériens et mettra un terme à la gestion désastreuse des directions du personnel. C’est à ce prix que la confiance reviendra progressivement dans les armées.

L’Association des Contrôleurs en Colère (l’ACC) vient de se créer. Cette association regroupe des sous-officiers de l’Armée de l’Air de toutes les bases aériennes, qui, après avoir épuisé les solutions légales possibles, n’ont plus à leur disposition que des moyens moins « autorisés ». Il n’est jamais plaisant d’exprimer son mécontentement en restant anonyme, mais les circonstances et l’urgence l’exigent.
La grogne dans les armées reprend une ampleur considérable. Les contrôleurs aériens militaires en ont ras le bol. Le Général JOURDAN, commandant le CASSIC (Commandement Air des Systèmes de Surveillance, d’information et de Communication) a frappé un grand coup avant son départ.
Des mutations systématiques de personnels ont lieu sur les principales bases aériennes et dans les Centres de Détection et de Contrôle (CDC), sans préavis, sans choix possible. Il faut que cela cesse, vite ! Depuis ces décisions, des contrordres arrivent, c’est le grand SHOW, qui part, qui reste ? Nous sommes déjà mi-juin ! Le message est tombé, réponse immédiate. Que vont devenir nos familles ? Le but est-il d’avoir une armée de divorcés ? La fermeture du CDC de Doullens en est « soit-disant » la principale cause. Prévue depuis plusieurs années et planifiée depuis deux ans, cette excuse n’est pas recevable, ni même les « on en tiendra compte la prochaine fois », car la prochaine fois, les gens en place ne seront plus là, comme d’habitude. Dans le contrôle aérien, chaque erreur fait l’objet d’une sanction immédiate, pourquoi payer, en plus, pour une gestion catastrophique du personnel.
Un insigne contrôleur et le paiement d’une prime due depuis des années ne peuvent en aucun cas faire passer la pilule. Trop c’est trop ! Le mécontentement est général : être muté oui, comme du bétail non ! Le devoir de réserve, souvent agité comme une menace pour faire taire les forts caractères, n’est plus de mise, la colère étant la plus forte. Les sous-officiers n’ont pour seul recours qu’une demande d’entrevue avec les Généraux concernés, aucun supérieur n’ayant le courage de faire la démarche à leur place, démarche ne représentant pourtant qu’un acte de commandement, mais il y a une carrière à faire !
Ce style de commandement doit changer. Pour revendiquer un statut de chef, il ne faut plus se servir, il faut servir, et défendre les intérêts de ses subordonnés, avant les siens, car une armée de métier doit l’être aussi par ses chefs. Malgré le travail colossal mené par nos amis de l’Adefdromil, le temps presse pour les gens visés par ces mesures, tenant plus de la guillotine que du respect de l’être humain. Nous avons fait le choix de servir, et notre métier est notre passion, mais notre foi et le respect de nos chefs s’étiolent chaque jour, inexorablement, car une armée de métier sans âme et sans passion n’est pas une armée de métier. S’il était possible d’énoncer les problèmes sans les étouffer, si les gens n’étaient plus traités comme des pions mais comme des êtres humains, si nos chefs n’en avaient pas que le nom, si …, tout irait sûrement mieux mais quand ?
Cette lettre, la première, n’est qu’une bouteille à la mer, jetée par des gens désespérés…Puisse celui qui la trouve en faire bon usage ! Merci.

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