La famille de Vincent Delory, tué en janvier 2011, accuse les militaires français d’être responsables de sa mort. Officiellement, l’armée est muette. En privé, beaucoup moins…
Les questions qui s’étaient posées voici un an après la mort des deux otages français, Vincent Delory et Antoine de Léocour, tués à l’intérieur du territoire malien après avoir été enlevés au Niger par l’Aqmi, rebondissent. Des éléments de l’interrogatoire d’un membre du groupe se revendiquant d’al-Qaida ont été publiés vendredi dernier par Libération, qui relate une version indirecte mais détaillée, à défaut d’être vérifiable, des conditions de la mort des deux otages français.
Selon la version de Mohamed al-Amine ould Mohamedou ould M’Balle, alias Mouawiya, 22 ans, recueillie par la justice française, Antoine de Léocour aurait été tué par ses ravisseurs, mais Vincent Delory aurait péri brûlé dans le 4×4 chargé d’essence, à la suite des tirs qui l’ont touché. Avocat de la famille Delory, Frank Berton estime que ces déclarations confortent « l’idée qu'(ils) sav(aient) que c’étaient les tirs de l’armée française qui avaient mis le feu au 4×4 ». Il demandera la semaine prochaine l’ouverture d’une enquête pour « homicide involontaire », afin que les militaires français ayant participé à ces combats soient entendus par les magistrats instructeurs.
Selon l’article 221-6 du Code pénal, l’homicide involontaire est « le fait de causer, dans les conditions et selon les distinctions prévues à l’article 121-3, par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation de sécurité ou de prudence imposée par la loi ou le règlement la mort d’autrui ».
Absence de gilets pare-balles ?
France Inter a par ailleurs diffusé, le 6 janvier, une interview d’Annabelle Delory, soeur de Vincent Delory, reprochant aux parachutistes d’être intervenus sans porter de gilet pare-balles : « Les militaires étaient à une cinquantaine de mètres à peine du véhicule dans lequel se trouvait mon frère. Ils ont eu un blessé parmi eux et l’ensemble du groupe s’est replié. Personne ne va vers le véhicule pour récupérer mon frère. Alors que, pour nous, il était encore vivant à ce moment-là. »
Selon la famille, qui se réfère à un entretien avec un colonel du COS (Commandement des opérations spéciales) organisé par le ministère de la Défense le 11 juillet dernier, le militaire victime d’un tir direct au thorax n’aurait pas été blessé s’il avait porté son gilet pare-balles. L’opération aurait pu se poursuivre jusqu’à son terme. Selon le témoignage de Mme Delory, il faudra trente minutes pour que d’autres parachutistes parviennent sur la zone, qui découvriront le corps du jeune homme à un mètre du 4×4, qui avait explosé entre-temps.
Citée par l’AFP, la soeur de Vincent Delory accentue ses accusations : « Quand des hommes au sol ne sont pas protégés, ils ne vont pas aller se faire fusiller s’ils ne sont pas équipés pour. C’est aussi ce qui nous fait dire que le but n’était pas de protéger la vie des otages. »
« Échec tactique, pas stratégique »
Son avocat demande que l’enregistrement filmé de l’opération, réalisé par un avion de surveillance, soit transmis à la justice dans son intégralité. Le film a fait l’objet d’une coupe d’une minute, celle au cours de laquelle le 4×4 prend feu. Le ministère de la Défense a indiqué que cette coupe avait été faite afin de « ne pas révéler (…) certains détails opérationnels ». Selon nos informations, ce film a en fait été tourné par une équipe de la DGSE, embarquée sur un avion du service, l’un des deux appareils français qui survolaient la scène des combats.
Du côté du ministère de la Défense, on ne commente pas ces…
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